Quand on a connu soi-même la colonisation, la violence, l’interdiction d’habiter sa terre, son pays, selon sa volonté, comment peut-on s’abstenir de dire : «cessons le massacre !» ?
Le Pape a appelé à un cessez-le-feu immédiat. Le secrétaire général des Nations Unies, qui n’a pourtant rien d’un génie ni d’un héros, a dit ce que tout le monde sait : la violence aveugle du Hamas est une réaction à des années d’occupation et d’exactions, la violence aveugle de cette réaction ne peut justifier en retour une violence aveugle. Une violence aveugle de la part d’un État, plus meurtrière encore que celle du Hamas, qui frappe un peuple, hôpitaux, églises, écoles, immeubles résidentiels, femmes, enfants, vieillards, journalistes, secouristes… Une violence qui tue tout le monde et n’importe qui.
Voilà que les Nations Unies, en assemblée générale, s’entendent sur un texte bien timide ne demandant même pas l’arrêt définitif du massacre, mais quelque chose de minimal, une trêve humanitaire.
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Et voilà que ceux qui ont usurpé le pouvoir au pays de Jean-Jacques Dessalines et de Charlemagne Péralte ont préféré faire abstention. C’est vrai qu’ici ils définissent les quartiers soumis à la violence des gangs comme des territoires perdus. C’est vrai qu’ici leur usage préféré des forces armées et des forces de police est la répression des mouvements revendicatifs. C’est surtout vrai qu’ici ils n’ont aucune légitimité (tiens ! L’Occident a fait abstraction de ses «valeurs» pour soutenir en Haïti un pouvoir illégitime, avatar d’un pouvoir ayant détruit toutes les institutions politiques), et qu’aucun haïtien ne se sait représenté par une bande de petits malins qui ne pensent qu’à rester au pouvoir le temps d’organiser une sortie qui garantirait les biens personnels qu’ils ont accumulé et leur sécurité physique.
Malgré la mauvaise gestion en interne par les gouvernements successifs qui ont géré les affaires haïtiennes depuis l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, il est arrivé à Haïti de prendre dans le passé des positions dignes sur le plan international. Même cela, le gang de Musseau veut nous l’enlever.
Et voilà que ceux qui ont usurpé le pouvoir au pays de Jean-Jacques Dessalines et de Charlemagne Péralte ont préféré faire abstention.
S’abstenir pour Haïti quand une armée bombarde des enfants ! Rien, pour horribles qu’on puisse considérer les actions du Hamas, ne peut justifier qu’une armée, l’une des plus puissantes du monde, bombarde des enfants. Quand on a connu soi-même la colonisation, la violence, l’interdiction d’habiter sa terre, son pays, selon sa volonté, comment peut-on s’abstenir de dire : «cessons le massacre !» ?
Nous, Haïtiens, le savons déjà. Ce n’est pas le silence d’Haïti qu’on a entendu aux Nations Unies. Les peuples du monde ne le savent peut-être pas. Haïti, son peuple, n’ont rien à voir avec cette énième couardise de vassal.
Par Lyonel Trouillot
© Image de couverture : Bryan R. Smith/AFP
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