C’est un mauvais début qui laisse soupçonner la magouille et surtout le manque d’envergure
La seule chance de cette solution bancale que constitue le Conseil présidentiel résidera dans le peu de confiance qu’il parviendra à inspirer. Laquelle confiance ne pourra venir que de deux choses : la transparence et le caractère démocratique de ses actions et décisions ; l’action que mèneront sous sa direction un Premier ministre et un gouvernement s’appliquant à améliorer un tant soit peu les conditions économiques et sociales de la majorité, mettre de l’ordre dans l’administration publique, rétablir les institutions de l’État dans leurs droits et fonctions, combattre la criminalité, et créer les conditions pour des élections crédibles.
La seule chance de cette solution bancale que constitue le Conseil présidentiel résidera dans le peu de confiance qu’il parviendra à inspirer.
La convocation de la presse à la séance du choix d’un président du Conseil semblait aller dans ce sens. La promesse a vite tourné à la farce. La procédure du choix d’un Premier ministre en particulier n’obéissant pas aux règles fixées par les institutions représentées dans le Conseil. Cela a pris une allure de coalition. Ce qu’il faut absolument que ce Conseil ne soit pas, car une coalition devient un groupe politique avec un objectif et une marche à suivre, et surtout des intérêts qui lui sont propres. La seule fonction de la minorité consisterait à cautionner par sa présence les décisions prises en coulisses par la coalition au pouvoir.
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Toutes les décisions importantes du Conseil devront être mises en discussion, et ce devant la nation toutes les fois que possible. La direction de la transition n’est pas un cadeau fait à une quelconque bande des quatre avec un agenda secret. C’est un exercice démocratique au quotidien qui devra être la vie de ce Conseil. Sinon il finira par sauter. Voilà qu’au moment même de sa prise de fonction, il y a déficit de transparence et, chez les citoyens, le sentiment que c’est la continuité dans la gestion du pays en fonction des intérêts des dirigeants.
C’est un mauvais début qui laisse soupçonner la magouille et surtout le manque d’envergure. Le choix comme en catimini d’un Premier ministre pas connu lui-même comme une figure d’envergure (sans offense aucune à sa personnalité ni son éventuelle compétence, aucune intention de dire du mal des gens par principe) n’inspire ni grandeur ni confiance. Cela aussi nous replonge dans cette logique de continuité qui a fait de l’exercice du pouvoir un jeu entre copains aux dépens de notre dignité et de nos intérêts de peuple.
Cela fait partie des responsabilités de ce Conseil de nous sortir de cette atmosphère de «ti koulout», «menm nou menm nan», «jan l pase l pase», «depi l bon pou mwen m ap fè l» qui a caractérisé toutes les présidences et tous les gouvernements de la dernière décennie.
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Les choses auraient dû être faites autrement. Par souci de transparence et pour proposer de nouveaux symboles.
Par Lyonel Trouillot
Image de couverture : les neuf (9) membres du Conseil présidentiel de transition lors de la cérémonie de leur installation le 25 avril 2024, à la Villa d’Accueil, à Musseau. | © CPTHAITI sur X
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