Sous les auspices de la firme Consultations et Résultats, du 5 au 8 janvier 2018, l’historien spécialiste d’Histoire d’Haïti, Jean-Pierre Le Glaunec, auteur « L’Armée Indigène, la défaite de Napoléon », était en Haïti, pour une conférence sur la remobilisation des Forces Armées d’Haïti (FADH) dans une perspective historique. L’historien s’est entretenu avec Ayibopost.
Un intérêt accidentel pour Haïti
Né dans la grande banlieue parisienne, comme la plupart des jeunes français, Jean-Pierre Le Glaunec ne connaissait pas Haïti. Il explique que comme l’ex président français Jacques Chirac, il confondait « Haïti » et « Tahiti ». C’est par le biais de ses recherches universitaires sur le marronnage en Nouvelles Orléans qu’il fait réellement connaissance avec Haïti. Pour mieux comprendre le sujet, en décembre 2009, il participe à un colloque à Port-au-Prince sur le « marronnage en Haïti ». Fascination.
Français, Le Glaunec raconte que l’histoire d’Haïti est aussi sienne. Il reste convaincu qu’ « Il faut que l’Histoire d’Haïti fasse partie de l’Histoire de France ». Pour lui, la complexité des relations franco-haïtiennes ne condamne pas la reconnaissance française de l’Histoire d’Haïti. Si la France a réussi tant bien que mal à incorporer le chapitre houleux de l’Algérie dans son Histoire, il y a encore espoir qu’elle accepte la tranche haïtienne.
l’interview qui bouscule tout
Le professeur se fait connaître en Haïti suite à une intervention sur la Bataille de Vertières sur TV5 Monde où il était invité à parler de son livre « L’armée indigène, la défaite de Napoléon ». Son intervention attire l’attention des Haïtiens un peu partout à travers le monde. Qu’un historien français respecté reconnaisse et explique la décision de la France d’oublier un fait d’armes aussi important soulage l’âme des patriotes haïtiens. Le Glaunec, vers la fin de son intervention de six minutes, va plus loin : il soutient que si le « 18 novembre 1803 » n’existe pas dans le calendrier français c’est à cause de la gravité de cette défaite pour la France et l’Occident. « C’est un renversement de la relation esclavagiste », martèle Le Glaunec sur le plateau de l’émission 64’.
L’historien gagne le cœur des internautes haïtiens qui partagent la vidéo des milliers de fois sur Facebook, twitter et Whatsapp. Le Glaunec est viral. Son intervention pique la curiosité des lecteurs haïtiens. L’intérêt du public prend tellement d’ampleur que les Editions de l’Université d’Etat d’Haïti réédite le livre avec succès. En 2015, « L’armée indigène, la défaite de Napoléon » est l’un des livres les plus vendus à Livres en Folie.
En plus de ses recherches sur l’histoire d’Haiti, Jean-Pierre Le Glaunec est Docteur en études américaines, il enseigne actuellement à l’université de Sherbrooke au Canada. Il est aussi à la tête du projet universitaire ayant créé la base de donnée la plus complète sur le marronnage à Saint-Domingue.
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