L’étude sur l’arsenic dans le riz haïtien « rétractée

Les conclusions sur la dangerosité à long terme de la consommation du riz américain en Haïti restent valides, mais des modifications seront apportées dans les interprétations de l’étude, selon un des chercheurs de l’Université du Michigan

La recherche scientifique de l’Université du Michigan, sur la dangerosité du riz américain consommé en Haïti a été « rétractée » par ses auteurs, selon une note du « Journal of Agriculture, Food Systems, and Community Development ».

D’après les résultats de l’étude publiée en février 2024, le riz consommé en Haïti, en provenance des États-Unis et d’autres pays, contient deux fois plus d’arsenic et de cadmium, deux substances dangereuses pour la santé, en comparaison au riz local.

Dans un communiqué de presse rendu public le 24 février 2024, l’entité représentant l’industrie, USA Rice, avait attaqué le fondement scientifique du travail de l’Université du Michigan dans un contexte où Haïti importe chaque année pour plus de 200 millions de dollars de riz des États-Unis.

La plupart des préoccupations « provenaient de scientifiques travaillant avec l’industrie du riz aux États-Unis, donc elles sont biaisées », déclare à AyiboPost Dr Jackie Goodrich, une des autrices de l’étude.

Selon la chercheuse, le travail scientifique sera modifié et republié dans les prochains mois.

« Les données et les faits réels ne changeront pas, poursuit Dr Goodrich. Le riz importé contient toujours deux fois plus d’arsenic que le riz cultivé en Haïti, et cela pourrait avoir des impacts à long terme sur la santé », dit-elle.

La rétractation demeure un processus courant dans le milieu scientifique. Elle survient lorsqu’un problème grave a été découvert après publication, ce qui décrédibilise le travail aux yeux de la communauté scientifique.

Plus de 10 000 articles de recherche ont été rétractés en 2023, « un nouveau record » avait souligné la revue Nature.

Les données et les faits réels ne changeront pas. Le riz importé contient toujours deux fois plus d’arsenic que le riz cultivé en Haïti, et cela pourrait avoir des impacts à long terme sur la santé.

Beaucoup de scientifiques réputés, d’Albert Enstein à Thomas Südhof, lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine en 2013, ont dû rétracter des articles dans leurs carrières.

Les articles rétractés peuvent être cités, et certains journaux édictent des directives précises à ce sujet.

Dans la note de rétractation, les chercheurs du Michigan reconnaissent des préoccupations concernant l’interprétation des résultats dans l’article.

« Notre étude a mesuré l’arsenic total dans des échantillons de riz domestique et importé collectés dans les mêmes marchés en Haïti, lit-on dans la note. La plupart des directives de santé sont basées sur les concentrations d’arsenic inorganique. Étant donné que la proportion d’arsenic total qui est inorganique peut varier largement dans le riz, se référer à ces directives était potentiellement déroutant et trompeur pour les lecteurs. »

Les chercheurs assurent que la confusion n’était pas intentionnelle.

À côté d’une « interprétation des résultats claire et concise », ils promettent de « réduire la discussion sur le contexte sociopolitique dans lequel ces résultats s’inscrivent et [de] concentrer notre discussion sur les résultats obtenus directement de notre étude. »

Par Widlore Mérancourt

Image de couverture éditée par AyiboPost.

Visionnez cette vidéo où AyiboPost avait expliqué, en 2019, les impacts négatifs du riz importé en Haïti sur la production nationale et l’économie du pays :