SOCIÉTÉ

Les alliances peu catholiques des écoles pour survivre à Martissant et au Bicentenaire

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L’insécurité dans les quartiers de Martissant et de Bicentenaire perturbe le fonctionnement des écoles fondamentales et des établissements d’études supérieurs. Alors que la police reste impuissante, éducateurs et parents élaborent des stratégies et font des compromissions

Portail Léogâne, Bicentenaire, Village-de-Dieu et Martissant sont des zones de non-droits.

Pour fonctionner normalement, les établissements scolaires sont obligés d’être très généreux [avec les bandits].

Les parents qui sont dans l’impossibilité de fuir la terreur s’y accommodent. « Lorsque la tension atteint son paroxysme lors de fréquents accrochages pour le contrôle des zones entre gangs rivaux, les parents débarquent à l’école pour récupérer leurs enfants », explique un responsable du collège mixte Jean Marie situé à Martissant 2 A.

Wesley à 17 ans. Il est en classe de seconde au Collège Octane Deslouches à Martissant 23. À force d’entendre le bruit des balles, le jeune homme déclare n’avoir plus aucune crainte quand il y a des affrontements entre les individus armés. « J’habite ici depuis toujours, les rafales d’armes automatiques entendues [de jour comme de nuit] ne m’inquiètent pas », lâche-t-il, l’air peu paniqué.

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C’est l’irresponsabilité de l’État et la complaisance de certains riverains qui expliquent le contrôle de ces quartiers au vu et au su de tous par des individus armés, déplore Jean Marie. « Pour fonctionner normalement, les établissements scolaires sont obligés d’être très généreux [avec les bandits]. »

De son côté, le directeur de l’Institution Mixte éducative de l’avenir témoigne avoir reçu à plusieurs reprises la visite d’individus attestant être des agents de sécurité de la zone. « On ne peut pas les refuser », admet-il.

À cause de l’insécurité, les institutions se ferment à toute possibilité de donner des cours dans la soirée.

Abandonner la zone pour survivre

Si certaines entités s’efforcent de s’accommoder au danger constant qui guette les écoles au boulevard Harry Truman (Bicentenaire), d’autres haussent le drapeau blanc de la défaite.

En exemple, le Centre de technique de planification et d’économie appliquée (CTPEA). Cette institution publique localisée dans la zone, a déserté face à la détérioration des conditions de fonctionnement.

« Le frissonnement qui habite les dirigeants, professeurs et étudiants lors des tirs nourris et des attaques répétées sur les étudiants oblige l’administration à déloger le centre », révèle une source au sein de la CTPEA.

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Depuis environ deux mois, l’institution continue ses opérations hors du Bicentenaire. Elle disperse ses multiples sections dans trois locaux différents : l’Université Quisqueya, l’Institut haïtien des hautes études internationales et la direction des études post-graduées de l’Université d’État d’Haïti (UEH).

Des discussions sont en cours au niveau du Ministère de l’Éducation nationale pour doter le centre de nouveaux locaux.

Un stress permanent

La décision pour déloger le CTPEA est survenu après la fermeture de cette entité pendant près d’un mois. « Il était difficile d’avancer avec les cours, les professeurs sont souvent contraints de rebrousser chemin », poursuit notre source qui n’est pas autorisée à parler au nom de l’institution.

Melissa Arcelin, une étudiante finissante en économie planifiée observait souvent, depuis le centre, le déploiement des individus armés. « Lors des échanges de tirs entre ces individus, nous sommes obligés de nous coucher à même le sol. »

Une zone fragilisée

Pendant son adresse à la nation tôt le matin du 25 septembre, le président Jovenel Moïse n’a pas communiqué de plan précis pour réduire l’insécurité dans le pays.

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Les quartiers de Martissant et de Bicentenaire qui se trouvent dans la périphérie sud de la capitale de Port-au-Prince continuent d’être terrorisés par les bandits qui y exercent une violence inouïe. Quand il ne s’agit pas des attaques répétées sur des civils sans défense, ce sont des camions de marchandises qui tentent de traverser ces zones qui sont détournés.

Quelques heures après l’adresse du président, la presse rapportait l’interception à Fontamara (Carrefour) d’un minibus scolaire transportant des enfants par les gangs.

Les multiples tentatives de la Police nationale d’Haïti pour ramener la paix dans ces quartiers restent sans succès.

Journaliste à AyiboPost. Communicateur social. Je suis un passionnné de l'histoire, plus particulièrement celle d'Haïti. Ma plume reste à votre disposition puisque je pratique le journalisme pour le rendre utile à la communauté.

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