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Le football peut-il pacifier Cité Soleil ?

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Le 11 septembre 2024, une fusillade a éclaté lors de la finale d’une compétition de football opposant deux équipes de Cité Soleil : celle de Boston et celle de Simon Pelé. L’incident aurait été déclenché par un penalty accordé à l’équipe de Boston, au détriment de Simon Pelé, selon des rapports de presse.

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Depuis son lancement en 2007, l’Olympique École de Football (OEF) enchaîne les victoires à Cité Soleil.

Au moins deux des joueurs formés par le centre du bidonville, troublé par la violence des gangs — Leverton Pierre et Roselord Borgela — évoluent aujourd’hui dans des clubs à l’étranger.

La fréquentation a triplé en près de deux décennies.

L’OEF accompagne aujourd’hui 300 jeunes, et les demandes d’admission continuent d’augmenter à la suite de la finale réussie d’un tournoi organisé à Cité Soleil par l’institution, du 13 au 27 juillet 2024.

Le projet se veut ambitieux.

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Tournoi E-Power U16, Cité Soleil, juillet 2024. ©Olympique École Football- Fondaps

« Nous combattons la délinquance juvénile, nous apprenons aux enfants à vivre en harmonie et à éviter de faire des choses qui nuiraient à la société », explique à AyiboPost Stanley Jean François, directeur technique de l’école de football.

L’Olympique École de Football est une initiative de la Fondation Notre-Dame du Perpétuel Secours (FONDAPS), fondée par Patrice Millet il y a dix-huit ans.

Nous combattons la délinquance juvénile, nous apprenons aux enfants à vivre en harmonie et à éviter de faire des choses qui nuiraient à la société

Basée à Port-au-Prince, la FONDAPS soutient les enfants vivant dans la précarité à travers le mentoring et l’éducation par le sport fourni par l’OEF.

Deux joueurs issus du centre, Leverton Pierre et Roselord Borgela, ont obtenu des contrats à l’étranger.

Pierre joue actuellement à Châteauroux, en National 1, en France.

Avant cette expérience, il avait joué pour l’Union sportive du littoral de Dunkerque et l’Union sportive d’Avranches. Il a disputé deux éditions de la Gold Cup avec la sélection haïtienne, en 2021 et en 2023.

Borgela, 32 ans, a porté les couleurs du Havre AC en championnat féminin français pendant la saison 2023-2024. En juillet 2024, la native de Léogâne a rejoint le Fenerbahçe SK en Turquie.

Elle faisait partie des 23 Grenadières qui ont défendu Haïti lors de la Coupe du Monde féminine 2023.

L’insécurité entrave régulièrement les trois séances d’entraînement hebdomadaires de l’école de football.

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Tournoi E-Power U16, Cité Soleil, juillet 2024. ©Olympique École Football- Fondaps

« Parfois, nous devons cacher les enfants pendant les affrontements avant de les rendre à leurs parents par la suite », révèle à AyiboPost l’entraîneur Lucner Jean.

256 000 habitants vivent à Cité Soleil sur une superficie de 21,8 km². Les 34 quartiers du bidonville sont subdivisés en plusieurs blocs dirigés chacun par un chef de gang.

Selon les estimations des Nations Unies, 30 à 50 % des membres des groupes armés sont des enfants, souvent forcés de rejoindre ces associations criminelles.

Parfois, nous devons cacher les enfants pendant les affrontements avant de les rendre à leurs parents par la suite

Le 11 septembre 2024, une fusillade a éclaté lors de la finale d’une compétition de football opposant deux équipes de Cité Soleil : celle de Boston et celle de Simon Pelé. L’incident aurait été déclenché par un penalty accordé à l’équipe de Boston, au détriment de Simon Pelé, selon des rapports de presse.

Pour plusieurs jeunes vivant dans cette commune, le football représente une échappatoire.

« Avant, je ne savais même pas comment faire une passe », se souvient Wensley Pierre, joueur à l’Olympique École de Football.

Le foot était un « rêve lointain » pour le jeune de quinze ans.

Tournoi E-Power U16, Cité Soleil,  Juillet 2024. ©Olympique École Football- Fondaps

Tournoi E-Power U16, Cité Soleil, juillet 2024. ©Olympique École Football- Fondaps

Mais depuis qu’il fréquente l’OEF, il déclare avoir appris à se dépasser. « Si je n’étais pas là, je ne sais pas ce que je ferais de ma vie, poursuit Pierre à AyiboPost. Le football, c’est ce qui me donne de l’espoir, ce qui me fait avancer ».

256 000 habitants vivent à Cité Soleil sur une superficie de 21,8 km². Les 34 quartiers du bidonville sont subdivisés en plusieurs blocs dirigés chacun par un chef de gang.

Dans plusieurs pays, le football contribue au développement d’une culture de paix et à la lutte contre la délinquance juvénile.

Au Salvador, plus précisément à Zacatecoluca, l’une des villes les plus touchées par la violence, une école de football a réussi à réduire la délinquance de près de 90 %, selon un des responsables cités par la Banque mondiale.

En Colombie, l’initiative Fútbol con Corazón a permis à plus de 2 000 enfants issus de communautés pauvres ou exposées à la violence d’accéder à de nouvelles opportunités et de développer les capacités nécessaires pour affronter l’adversité et vivre en paix.

Il reste encore beaucoup de travail à faire pour obtenir des résultats similaires en Haïti, selon un des responsables de l’OEF. Déjà, l’organisation a dû mettre fin à ses programmes de soutien scolaire aux jeunes, faute de soutien financier, déclare Stanley Jean François.

Il est impératif que les jeunes vivant dans les quartiers contrôlés par des groupes armés bénéficient d’un soutien psychologique, soutient Jeff Mattherson Cadichon, docteur en psychologie.

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Tournoi E-Power U16, Cité Soleil, juillet 2024.  | ©Olympique École Football- Fondaps

« Pour le bien-être des jeunes et leur santé mentale, il est crucial de créer un environnement protecteur où ils peuvent s’épanouir et avoir accès aux services de base, afin de favoriser leur développement », précise le psychologue.

Les balles continuent de crépiter dans la commune de Cité Soleil en dépit de l’annonce d’une paix entre divers groupes rivaux à la fin du mois de juillet dernier.

Lire aussi : Pourquoi le renouvellement du mandat du comité de normalisation de la FHF est une prime à l’échec ?

Dans une zone où l’inefficacité gouvernementale est prégnante, l’Olympique École de Football veut montrer qu’il est possible d’ouvrir de meilleures perspectives pour les jeunes.

« Il est important de financer les initiatives de la société civile qui utilisent le sport comme outil d’intégration sociale », recommande Me Nathan Laguerre, avocat spécialisé en droit du sport.

Par Kervens Merisema

Image de couverture : Tournoi E-Power U16, Cité Soleil, juillet 2024.  | ©Olympique École Football- Fondaps

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Kervens Merisema est étudiant mémorant en Communication sociale à l'Université d'État d'Haïti (UEH). Passionné d'histoire et de sport, il est journaliste à AyiboSport depuis juin 2021.

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