AYIBOFANMEN UNESOCIÉTÉ

L’ambiance au bord de mer

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Homme : Konbyen w fonksyone ?

Femme : 50 gdes/ 30 minit wi

Les négociations vont toujours bon train au bord de mer. Tout le monde y est admis. Il n’y a ni critères d’âge, ni de couleur. Les femmes ne choisissent pas leurs partenaires. A quoi cela servirait-il de toute façon? C’est juste un échange économique au cours duquel le plaisir n’est même pas au rendez-vous. C’est juste le boulot…

Elles déambulent en bikini, aguichent un peu les potentiels clients ou leur demandent carrément s’ils veulent baiser … Et marché conclu ! Elles n’en ont pas honte, c’est leur gagne- pain. Elles sont jeunes, la vie ne leur sourit pas et elles doivent prendre soin d’elles-mêmes. Certaines se montreront peut-être franchement hostiles à la société. Elles ont sciemment choisies cette vie. D’autres, avant de commencer, lanceront des regards penauds car elles se soucient un tant soit peu encore du qu’en dira-t-on, mais après tout qu’importe? Elles enfourchent tous les engins présents trainant au bord de mer, sans égards pour ceux-là qui préfèrent admirer le spectacle. Leurs visages ne reflètent aucune expression de plaisir. La danse du coït est monotone, indécente. Le plus important c’est de forcer le taureau à décharger au plus vite, dans un temps record pour empocher la pitance et passer à un autre client. Elles n’ont pas de temps à perdre sinon les autres collègues se feront un maximum de recettes.

Le sexe malsain, vulgaire et l’alcool sont les signes vitaux du bord de mer. Une petite embarcation passe de temps à autre offrant du lambi. Assurés des vertus aphrodisiaques de cette chair, les machos en achètent, boivent leur whisky en attendant leur tour. Ils viennent pour s’amuser et s’offrir le sexe bon marché. Non pas qu’ils ne rêvent de vivre l’amour, mais ça demande du temps, de l’énergie et de l’argent pour des sorties classes. Ils ne sont pas prêts. Encore moins, si dans le temps ils ont souffert de déconvenues amoureuses. Alors ils préfèrent traiter avec celles qui s’affichent, qui ne sont pas chères et surtout qui n’attendent rien en retour. Avant de prendre la place de suivant, ils échangent quelques mots avec leurs prédécesseurs, ils font quelques commentaires codés et salaces et sans préliminaires pénètrent dans ce lieu qui aurait du être sacré, sans émotions et avec pour seul objectif le moment final. Ils ne s’aiment pas. Les seules paroles prononcées sont celles du marchandage. Le crédo étant: tu me baises, tu me paies.

Leur journée de travail n’est pas réglementaire, elles y mettent fin à leur gré. Elles n’ont plus de compte à rendre depuis longtemps. Elles sont maitresses de leur destin et ont choisi de se vendre. C’est un métier sans issue. A la nuit tombée, elles doivent toutefois abandonner le bord de mer. Elles comptent alors les heures qui les séparent de l’aube pour une autre journée remplie et bestialement satisfaisante !

Renée Vancie Manigat

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