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Haïti risque de perdre du territoire avec la construction d’un mur sur la frontière par la RD

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Le gouvernement dirigé par Ariel Henry communique peu sur le dossier et aucune donnée topographique n’a été rendue publique

Haïti et la République dominicaine étaient en litige il y a quatre ans pour une affaire de placements de bornes au niveau des points frontaliers de Belladère et d’Elias Pinas à la frontière.

Une réunion avait été convenue au courant de l’année 2018 entre de hauts fonctionnaires des deux pays pour solder la discorde.

L’affaire relevait de l’intégrité territoriale. Et pour la rencontre, les autorités dominicaines se sont fait accompagner d’experts, d’une batterie de matériels technologiques et des cartes.

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La délégation haïtienne, composée du ministère de l’Intérieur et les membres de la commission mixte, n’avait rien apporté pour soutenir ses positions, se rappelle la directrice de la mairie de Belladère, Shella Chauvette, qui, elle-même avait assisté à la rencontre.

Le litige reprend sous une autre forme en 2022… Et cette fois, elle concerne la construction d’un mur électrifié de 164 km sur les 380 km de la frontière.

Les experts pointent du doigt le racisme décomplexé de la mesure de l’administration de Luis Abidnader, qui rappelle l’insistance de l’ancien président américain Donald Trump pour ériger un mur entre les États-Unis et le Mexique.

Les autorités dominicaines se sont fait accompagner d’experts, d’une batterie de matériels technologiques et des cartes.

Mais une inquiétude bien plus grave persiste : Haïti risque de perdre une partie de son territoire lors de l’implémentation du projet, selon les propos de politiques et d’experts.

D’après l’ancien premier ministre a.i. Claude Joseph, il y a une forte probabilité que les Dominicains empiètent sur le territoire haïtien.

Le dernier protocole signé le premier décembre 2020, se référant au traité du 21 janvier 1929 pour la délimitation du territoire entre les deux pays, définit le placement des bornes communes 240, 241 et 251. Or, selon l’ex-chancelier Claude Joseph, plusieurs de ces bornes ont disparu.

Le gouvernement dirigé par Ariel Henry communique peu sur le dossier et aucune donnée topographique n’a été rendue publique.

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La mairie de Belladère se plaint de ne pas toujours être mise au courant des décisions prises par l’État central. En interview avec AyiboPost, sa directrice n’était pas en mesure de confirmer si un accord entre Port-au-Prince et les autorités dominicaines autour de la construction du mur était en cours de discussion.

Les démarches pour obtenir l’avis de la primature dans ce dossier n’ont pas abouti.

Le gouvernement dominicain avait commencé les travaux de construction le 20 février dernier. Dans ce pays, le projet a été critiqué vertement par certaines organisations de défense des migrants, estimant qu’il provoquera « la xénophobie et le racisme ».

En Haïti, il n’est pas vu d’un bon œil par certaines organisations politiques et de défense des droits des migrants telles que le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés.

Le dernier protocole signé le premier décembre 2020, se référant au traité du 21 janvier 1929 pour la délimitation du territoire entre les deux pays, définit le placement des bornes communes 240, 241 et 251.

Joseph Mike Lysias, responsable de communication de GARR, interviewé par AyiboPost, fait part de ses préoccupations sur le dossier.

Les raisons évoquées par le gouvernement dominicain pour construire le mur ne sont pas « convaincantes », selon Lysias. Il y a d’autres stratégies que les autorités dominicaines pourraient utiliser pour contrecarrer les problèmes de contrebande et la criminalité sur la frontière, car les problèmes, dit-il, ne concernent pas et ne menacent pas qu’un seul pays.

Selon le sociologue Daniel Supplice, il n’y a jamais eu d’accord entre les deux pays pour la construction d’un mur sur la frontière.

« Je n’ai été au courant d’aucune formation de commission des deux pays pour s’entendre sur la confirmation du tracé de la frontière depuis que la République dominicaine entame la construction du mur », fait savoir l’ancien émissaire Daniel Supplice qui croit qu’un accord reste nécessaire pour un rafraîchissement de lisière dans le cadre de cette construction.

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Les travaux coûteront 31 millions de dollars et doivent durer neuf mois. Elles sont aujourd’hui à l’arrêt, selon les rapports de médias dominicains. En vrai, le gouvernement dominicain n’aurait pas payé les propriétaires fonciers pour l’expropriation des terrains identifiés pour le projet.

Emmanuel Moïse Yves a participé à ce reportage. 

Fenel Pélissier est avocat au Barreau de Petit-Goâve, professeur de langues vivantes et passionné de littérature.

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