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Haïti fièrement représenté au festival du film francophone d’Angoulême

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Cette année, le cinéma haïtien a été à l’honneur à la onzième édition du Film Francophone d’Angoulême en France. Des acteurs, réalisateurs et membres d’organisations haïtiennes étaient là pour représenter Haïti avec beaucoup plus que des films. 

Sur la paroi de l’hôtel de ville d’Angoulême, le bicolore haïtien a eu sa place entre le drapeau français et celui de l’Union Européenne. Le cinéma haïtien a été à l’honneur lors de la onzième édition du Film Francophone d’Angoulême qui s’est  déroulé du 21 au 26 août 2018. « A part Raoul Peck, on ne connaît pas vraiment les autres cinéastes, on voulait faire connaître les metteurs en scène incontournables du pays », explique Dominique Besnehard, l’un des créateurs du festival. Pour lui, il s’agissait d’aller au delà des images un peu tristes et violentes qui ne reflètent pas la joie et la créativité d’Haïti.

Une délégation diversifiée

Le réalisateur Richard Sénécal était présent avec Stravensky Debrosse, personnage principal de son film Le violoniste . Le jeudi à la salle Bunuel de l’espace Franquin, a eu lieu la projection du film suivie d’une prestation de la pianiste concertiste Célimène Daudet accompagnée de Stravensky Debrosse. Leur prestation a ému le public qui n’a pas hésité à leur faire une standing ovation. Soulignons que Celimène Daudet était en Haïti il y a neuf mois de cela, pour  le lancement du premier festival international du piano en Haïti.

Arnold Antonin était à Angoulême pour ses deux films à l’affiche:  Chronique d’une catastrophe annoncée et Les amours d’un zombi, persuadué que le festival d’Angoulême est une opportunité fantastique pour stimuler la production cinématographique en Haïti. Guetty Félin et son équipe étaient aussi présents pour échanger avec le public après la diffusion de son film « Ayiti mon amour » dont son fils est le personnage principal. Alors que Gessica Généus participait en Haïti à un sit-in pour exiger des comptes sur l’utilisation des Fonds Petrocaribe, son film Douvan jou ka leve suscitait l’émotion dans l’audience de la salle du NIL le samedi 25 août. Avant cela, l’acteur français Lambert Wilson a présenté son film Au delà des montagnes, qui a suscité quelques remous après la projection. « Malgré sa bonne foi visible, quoiqu’il évoque le fait que le choléra ait été introduit en Haïti par les casques bleus, son film ne manque pas d’afficher une naïveté surprenante par rapport à la réalité du pays », commente un français qui connaît Haïti.

Une dizaine de films de réalisateurs haïtiens ont été projetés dans différentes salles à Angoulême dont L’homme sur le quai  de Raoul Peck et L’évangile du cochon de Michelange Quay. Haïti était aussi présente dans le jury du festival à travers l’acteur haïtien Jimmy Jean Louis. L’idée est venue de Marie France Brière, créatrice du festival, qui voulait qu’un leader artistique du calibre de Jimmy Jean Louis participe au jury parce qu’il « est un très bon ambassadeur d’Haïti ». L’acteur international qui était aussi membre du jury du festival du film de Monte Carlo a saisi l’occasion de faire valoir sa vision et ainsi faire passer certains griefs. L’acteur entendait bien utiliser son influence pour revendiquer plus de place aux noirs dans le cinéma. « Si on n’a pas l’œil de l’autre, on ne peut jamais comprendre l’autre, explique Jimmy Jean Louis. Dans le jury je peux influencer la direction des choses. La présence de personnes noires à l’écran est très réduite et les rôles qu’elles jouent sont souvent secondaires. »

Outre le cinéma, le savoir-faire

Haïti était aussi présent au festival à travers les œuvres artisanales, intellectuelles et photographiques. Des livres d’auteurs haïtiens ont été exposés et vendus. L’association Haïti Futur, partenaire du festival, a occupé un stand au marché d’Angoulême où des œuvres d’artisans de Noailles et de Camp-Perrin ont été vendus. Les bénéfices collectés serviront à financer ses programmes éducatifs en Haïti.

L’association a facilité la production du rhum Boukman en Haïti, qui a été également vendu au marché d’Angoulême durant le festival. Le rhum artisanal qui est disponible cette année sur le marché français, finance en partie les activités éducatives de Haïti Futur. « Les évènements comme le festival d’Angoulême sont de belles occasions pour nous de vendre Haïti à travers sa riche culture et son savoir-faire », déclare satisfaite, Josette Thomas-Bruffaerts, présidente de Haïti Futur.

Lancée en 2008, le festival du Film Francophone d’Angoulême a été crée par Marie-France Brière et Dominique Besnehard. Il récompense les productions cinématographiques francophones et met ainsi à l’honneur un pays à chaque édition. Le festival du Film Francophone d’Angoulême se déroule chaque année au mois d’août pendant une semaine dans la ville d’Angoulême. Il sélectionne dix films qui sont récompensés par des Valois. « En participant à ce genre de festival, on se rend surtout compte de la somme de travail à faire dans le cinéma en Haïti pour atteindre un certain niveau de compétitivité », estime le réalisateur Richard Sénécal.

Ralph Thomassaint Joseph

Directeur de la Publication à AyiboPost, passionné de documentaire.

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