Dépassés par les évènements, plusieurs policiers assignés au pénitencier national ont abandonné l’espace ce 2 mars 2024, confirment pour AyiboPost deux agents sur le terrain
Le pénitencier national, plus grande prison d’Haïti, se trouve sous attaque soutenue depuis plusieurs heures, ce samedi 2 mars 2024. Selon les témoignages de deux policiers, plusieurs agents ont abandonné l’espace dans l’après-midi, en marge d’une attaque violente de bandits.
Des prisonniers se retrouvent désormais dans les rues, selon un des agents, qui dit attendre confirmation des autorités de la prison. AyiboPost n’a pas indépendamment vérifié sa déclaration. Les appels auprès des autorités du système carcéral n’ont pas abouti, dans un contexte de grande confusion.
Les bandits ont mis le feu aux alentours du centre carcéral et continuent leurs progressions.
«Il fait noir et les blindés ont dit qu’ils n’en pouvaient plus», déclare un policier dans les environs. «La plupart des policiers avaient déjà fui la prison pour se réfugier à la Direction Départementale de l’Ouest sur le Champs de Mars», dit-il.
«Le plan pour attaquer le pénitencier était connu dans la matinée», déclare un autre policier.
Le pénitencier national, plus grande prison d’Haïti, se trouve sous attaque soutenue depuis plusieurs heures, ce 2 mars 2024.
À 20 h 57, des tirs d’armes automatiques résonnent encore dans les environs de la prison où se retrouvent notamment la plupart des individus accusés pour leur participation au meurtre de l’ancien président, Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021.
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Cette attaque arrive en marge de la reformation d’une coalition de gangs dénommée «Viv ansanm», sous le leadership de l’ancien policier Jimmy Chérizier, dit Barbecue. Depuis l’annonce, l’aéroport Toussaint Louverture, le plus important du pays, ainsi que plusieurs autres infrastructures importantes ont été attaqués.
Lors d’une attaque perpétrée le 29 février contre le Sous-Commissariat de Bon Repos, plusieurs policiers sont assassinés, d’après une note de la Police nationale d’Haïti (PNH). Les images d’au moins trois policiers déchiquetés à la machette ont été largement partagées sur WhatsApp.
Par ailleurs, AyiboPost confirme auprès d’une source qu’un fourgon rempli de billets en provenance de l’étranger de la Banque de la Republique d’Haïti a été attaqué par les bandits.
Construit sur le site d’un ancien cimetière, le pénitencier national tient place au cœur de la capitale depuis 1770.
Plus de 80 % des 11 400 détenus que compte Haïti sont en détention provisoire, dans des cellules surpeuplées où ils meurent souvent de faim.
Image de couverture : vue de la façade du pénitencier national à Port-au-Prince
Visionnez ce reportage réalisé par AyiboPost en 2019 sur le problème de la détention préventive prolongée en Haïti:
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