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Comment faire face au syndrome des ovaires polykystiques ?

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 Beaucoup de femmes en Haïti luttent contre cette maladie hormonale

Quand elle a été informée en 2019 qu’elle souffrait du syndrome des ovaires polykystiques, Nephtalie avait décidé de ne pas annoncer la nouvelle à son fiancé, de peur qu’il ne mette fin à leur relation.

La maladie aux origines inconnues engendre une élévation anormale du taux de testostérone dans le sang des femmes concernées. Elle est la première cause d’infertilité chez ces dernières dans de nombreux pays.

« Mon fiancé me disait toujours qu’il a envie d’avoir des enfants, déclare Nephtalie. Je ne sais pas comment il réagirait en apprenant la nouvelle alors qu’il me propose toujours d’aller faire un test de grossesse quand je n’ai pas encore vu mes règles », raconte-t-elle.

Chantal Junior Sauveur Datus, directeur médical de la maternité Isaïe Jeanty dite Chancerelles, affirme que sur dix femmes consultées pour des problèmes d’irrégularités menstruelles au cours d’une journée à l’hôpital, huit d’entre elles sont diagnostiquées du syndrome.

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Selon les médecins, il n’existe pas de traitement spécifique contre le syndrome des ovaires polykystiques. La prise en charge principalement symptomatique de la maladie demande constance et patience.

La durée des interventions est de six mois, parfois neuf ou plus.

Le docteur Datus estime que le sport constitue l’un des moyens pour combattre le syndrome des ovaires polykystiques. Le vrai traitement, dit-il, reste et demeure la grossesse.

Des médicaments prescrits peuvent aider les femmes à tomber enceintes. La pilule estroprogestative ou combinée, formée à partir de deux hormones, estrogène et progestérone, utilisée pour la prise en charge du syndrome des ovaires polykystiques peut développer un cancer du sein après cinq ans de prise de pilules en continu, conclut docteur Datus.

Le diagnostic de Nephtalie remonte à ses dix-neuf ans. À l’époque, l’étudiante en cosmétologie relevait des irrégularités et de fortes douleurs lors de ses règles.

« Le médecin m’avait dit que mon cas était très grave et que je ne pouvais pas enfanter, se souvient Nephtalie. Cette déclaration m’avait fortement découragée à poursuivre avec le traitement », dit-elle.

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Jean Michelle a, de son côté, été diagnostiquée positive au syndrome des ovaires polykystiques depuis l’âge de quatorze ans. « Ma maman ne me prenait pas trop au sérieux quand j’avais commencé à avoir des irrégularités dans mes règles et que je tordais de douleurs, raconte la jeune journaliste de 24 ans. Vu que le problème persistait, elle a décidé de m’emmener à l’hôpital. L’échographie a révélé que je souffrais du syndrome des ovaires polykystiques. »

Découvert en 1935 par deux chercheurs américains, Stein et Leventhal, le syndrome des ovaires polykystiques gagne du terrain en Haïti.

« 80 % des femmes qui présentent des problèmes d’irrégularités menstruelles que j’ai auscultées souffrent de cette maladie », déclare Grégory Baugé, obstétricien-gynécologue, professeur à la Faculté de médecine et de pharmacie de l’Université d’État d’Haïti.

Le syndrome entraîne une production excessive d’androgènes, en particulier de testostérone, habituellement produites en petite quantité dans l’organisme féminin. Certaines femmes qui en souffrent poussent de la barbe.

Selon le Dr Grégory Baugé, pour être diagnostiqué positif à ce syndrome, au moins deux des trois critères suivants doivent être révélés lors des examens médicaux : irrégularités menstruelles, déséquilibre hormonal et la présence à l’échographie de microkystes au niveau des ovaires.

À chaque début du cycle menstruel, les ovaires contiennent de petits follicules d’environ cinq millimètres. Seul l’un d’entre eux deviendra un ovocyte fécondable après la maturation. Cependant, explique le Dr Chantal Junior Sauveur Datus, il arrive parfois dans ce processus que les follicules restent bloqués à leur stade de formation et s’accumulent dans les ovaires.

Ce sont ces petits follicules, généralement sous forme de grains, qui ne sont pas arrivés à maturité qui forment alors les kystes.

Certaines femmes découvrent qu’elles souffrent du syndrome après leur première grossesse. C’est le cas par exemple de Ve. La jeune cosmétologue raconte avoir été diagnostiquée trois ans après avoir eu son premier enfant en 2019. Pourtant, elle présente des symptômes d’irrégularités menstruelles depuis 2013. Elle avait alors dix-huit ans. « Cela ne m’intéressait pas d’aller consulter un médecin pour savoir si cela était lié à un problème de grossesse », raconte-t-elle.

Lorsque les douleurs des règles ont intensifié, les parents de Ve lui ont conseillé d’aller voir un hougan. « Après maintes consultations, j’ai fini par conclure que je devrais aller consulter un gynécologue. Je lui ai fait part de mon problème et il m’a tout de suite envoyé  faire un bilan hormonal suivi d’une échographie pelvienne. Les résultats ont révélé que je souffrais du syndrome des ovaires micropolykystiques », raconte Ve.

Fenel Pélissier est avocat au Barreau de Petit-Goâve, professeur de langues vivantes et passionné de littérature.

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