Des parents crient à l’injustice
L’année scolaire 2019-2020 a été fortement perturbée par les épisodes de Peyi Lock et le nouveau Coronavirus.
Si la majeure partie des écoles n’a pas fonctionné, certaines exigent quand même le paiement de cette année. La plupart mettent en avant des coûts comme le salaire des professeurs, mais surtout l’offre de cours en ligne ou l’envoi de devoirs aux parents pendant les périodes de turbulences.
Les parents crient au scandale. Ils trouvent injuste le paiement de la totalité de l’année académique précédente.
« Frimousses Garderie et Kindergarten » de Delmas fait partie des écoles qui ont envoyé aux parents des devoirs pour leurs enfants, pendant les récentes crises. Normalement, l’institution exige des paiements, bien avant le début des activités scolaires. En conséquence, plusieurs parents rapportent avoir déjà versé la totalité ou une partie des frais scolaires pour l’année écoulée (2019 – 2020).
Alors qu’ils s’attendaient à une négociation pour l’argent déjà payé, les parents ont été surpris d’apprendre qu’il n’y aura presque pas de concession. En plus, le premier versement de la « Grande section à « Frimousses » est passé de 350 dollars américains à 425 dollars américains. Les trois autres versements qui étaient de 250 dollars américains sont désormais entre 400 et 300 dollars américains. Ce changement viole la loi de 2017 sur l’augmentation des frais scolaires.
Mais selon la directrice et propriétaire de ce kindergarten, Valerie Lamy qui a décidé de réagir après la publication de l’article, l’écolage de son école n’a pas vraiment augmenté. Les 100 dollars américains de plus pour les trois derniers versements pour l’année académique 2020-2021, correspondent plutôt à un cours de robotique offert aux enfants.
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Frimousses a demandé aux parents de passer payer le premier versement pour l’année académique à venir (2020-2021), le 7 juillet dernier. « Ils pensent uniquement à leur petite personne », dénonce Antoinette, une dame qui envoie son enfant à Frimousses. Elle souhaite taire son nom pour éviter que son enfant subisse des représailles de la part des responsables de l’école.
Lorsque des parents ont protesté contre l’augmentation des frais et l’exigence de paiement pour l’année écoulée, les responsables de Frimousses ont maintenu fermé le groupe WhatsApp dédié aux discussions entre la direction de l’école et les parents. Ce groupe n’est plus accessible aux parents depuis deux ans. L’envoi des messages est reservé aux administrateurs uniquement, à cause des messages n’ayant aucun rapport avec l’école qui y circulait.
Sacha — nom d’emprunt — vit une situation similaire à l’Institution Mixte des Frères Saint Jean, l’école de son fils qui est en préscolaire. « Ils m’envoient des devoirs et des leçons. Et je dois m’asseoir et surveiller l’enfant, pour ensuite les payer », s’exclame la dame.
D’ailleurs, l’école située à Delmas 33 n’a pas pu mener à terme l’expérience « en ligne » selon son directeur, l’abbé Wildor Charteille qui évoque des difficultés liées à la période de confinement.
Des coûts fixes
Malgré les protestations des parents, les écoles indiquent qu’elles doivent continuer à fonctionner.
Frimousses garderie et kindergarten campe sur ses positions, mais enlève 50 dollars sur le montant de 250 dollars américains pour chacun des trois derniers versements restants pour l’année 2019-2020. Les parents qui ont déjà payé peuvent utiliser cet argent uniquement comme avance sur le montant demandé pour l’année académique 2020-2021. Pour cela, ils doivent garder leur enfant à l’école.
D’autres écoles sont moins bien loties. Le pasteur Ronald Fils, directeur du Collège Apôtre Paul à Carrefour et l’abbé Wildor Charteille rapportent que les parents sont très en retard dans leur paiement pour l’année écoulée. Charteille fait savoir qu’il y a près de 70 % du montant de la scolarité de 2019-2020 qui ne lui est pas parvenu jusqu’à présent.
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À cause de ces soucis de paiement de la part des parents, les professeurs du Collège Apôtre Paul n’ont rien reçu pour les mois d’avril, mai et juin.
Marie Carmelle Raymond Cetoute est directrice de l’Institut Classique de Merger. Son école n’a pas pu offrir des cours en ligne aux enfants. Des 15 000 gourdes pour toute l’année, elle a enlevé le paiement du troisième versement pour faciliter les parents. Aussi, elle n’a payé que cinq mois à ses professeurs, pas plus.
Malgré cela, Cetoute rapporte qu’elle dénombre un lot important de bulletins dans ses tiroirs avec des enfants qui doivent de l’argent pour deux et parfois trois ans.
Face à cette situation, Josué Mérilien de l’UNNOH (Union nationale des normalien.ne. s d’Haïti) pense qu’il faut s’attaquer au problème à la source. Le syndicaliste critique le fait qu’il existe moins de 10 % d’écoles publiques sur tout le territoire national.
Des difficultés techniques importantes
Le Collège classique féminin (CCF) fait partie des établissements qui ont continué à travailler durant les crises de « Peyi lòk » et durant le confinement.
L’institution n’a pas utilisé la Plateforme de Ressources et d’Apprentissage (PRATIC) du MENFP. Sous-alimentée, cette initiative fait face à des difficultés techniques.
CCF s’est plutôt servie de WhatsApp, Google Class Room, Dropbox, ou Edmodo. Les professeurs ont envoyé des vidéos, des messages vocaux et organisés des live, selon Chantal Kenol Desmornes, un des responsables de ce collège.
Mais, les difficultés ont surgi de partout, à cause de la difficulté de manipulation de ces plateformes, des problèmes liés à l’électricité et à la connexion Internet.
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Chantal Kenol Desmornes soutient que les frais de fonctionnement de son établissement n’ont pas vraiment diminué, même si les enfants étaient gardés chez eux. Elle rapporte que l’école n’a pas fait de réduction de personnel et continue à payer ses employés régulièrement.
Malgré tous ces efforts, Desmornes fait savoir que 10 % des élèves n’ont pas réussi les évaluations pour 2019-2020. Puisqu’ils devaient passer les examens presque sans surveillance, l’école a exigé 6 comme moyenne, au lieu de 5 normalement.
La crise économique frappe les parents de plein fouet. Une bonne partie d’entre eux ne sont pas venus récupérer le bulletin scolaire de 2019-2020.
« Au niveau financier, nous sommes au rouge, raconte Chantal Kenol Desmornes. Je ne sais pas comment on va pouvoir recommencer [pour cette nouvelle année]. “‘Pa gen sekrè nan fè kola” ! Si on n’a pas le support financier des parents, on ne peut pas continuer à avancer nous-mêmes. »
Hervia Dorsinville
Cet article a été modifié le 17/08/2020, après avoir reçu les réactions de la directrice de Frimousses Garderie et Kindergarten, qui n’a pas souhaité le faire au moment de sa redaction.
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