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Autisme: les enfants haïtiens en souffrent aussi

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Le 2 avril est la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. Ce trouble qui est très répandu dans le monde est très mal connu en Haïti.

Le 2 avril est la journée mondiale pour sensibiliser le public sur l’autisme. Ce trouble qui est très mal connu en Haïti a touché Michael dont l’histoire est très émouvante.

A 2 ans, la mère de Michaël a remarqué qu’il était différent des autres enfants. Il ne souriait pas, ne répondait pas à son prénom. Elle est donc allée voir un ami psychologue qui l’a aidée à diagnostiquer l’autisme chez son fils.

Ce trouble comportemental, qui touche une (1) personne sur cent cinquante (150) dans le monde. Les troubles du spectre de l’autisme comme ils sont appelés affectent le système nerveux du patient dès son plus jeune âge. L’autisme est classé dans la même catégorie que le syndrome d’Asperger, cet autre trouble qui se manifeste par une excellence dans un domaine précis alors que la personne est médiocre en tout autre domaine.

Identifier l’autisme

Il est nécessaire de pouvoir reconnaître une personne vivant avec l’autisme pour savoir l’accepter et assurer sa prise en charge. Selon le site du spectre de l’autisme, un enfant atteint est très différent des autres et son cas est rapidement repérable. L’enfant peut être soit trop calme ou très excité. Il ne manifeste pas d’émotions quand les parents partent ou reviennent. Le bébé qui est séparé de sa mère crie, quand elle revient il se réjouit. L’enfant qui vit avec le spectre de l’autisme ne réagit pas à ces moments. Il a du mal à imiter les gestes simples que les bébés parviennent à faire : les gestes d’au revoir ou de bravo.

« Les symptômes sont très variés d’une personne à une autre. Cependant, il existe des troubles comportementaux, des faiblesses cognitives qui sont inévitables. Ce sont des personnes ayant un contact visuel insuffisant, des interactions sociales inappropriées. Le principal symptôme reste toutefois le repli sur soi. » C’est ce qu’a ajouté Nastassia Colimon, psychologue. Les personnes atteintes d’autisme ont par ailleurs des troubles du langage et font des gestes répétitifs.

Si l’on parvient à identifier tous ces symptômes chez un enfant, il est plausible qu’il en soit. Il faut donc consulter un pédiatre, lequel fera référence à un neuropsychologue ou un psychologue pour des tests et des analyses qui confirmeront si l’enfant est autiste ou pas.

Le psychologue procédera à des séances d’évaluation qui varient de 300 à 900 dollars US en fonction du spécialiste pour une durée d’un an.
Après ces séances, l’enfant doit avoir en plus des soins médicaux, des supports psycho-social et familiaux.

Michael a eu plusieurs de ces signes cités plus haut, sa mère a dû se rendre avec lui au Canada faute de soins adéquats en Haïti.

Prise en charge très coûteuse en Haïti

Selon la psychologue Nastassia Colimon, la prise en charge des personnes vivant avec les spectres de l’autisme est très difficile en Haïti. Il y a très peu d’informations disponibles sur le sujet ; des barrières culturelles qui associent le fait à des malédiction ; le coût de la consultation et de l’accompagnement thérapeutique sont assez cher et les écoles spécialisées sont peu nombreuses.
Michaël a fréquenté au moins quatre écoles spéciales, parce qu’il n’y a pas en Haïti une école spéciale pouvant fournir à l’enfant vivant avec les troubles du spectre de l’autisme toutes les connaissances nécessaires. Cela dit, en fréquentant plusieurs établissements, Michaël a pu compenser ses lacunes, mais sa mère a dû dépenser beaucoup d’argent.

En effet il existe environ une trentaine d’écoles qui œuvrent dans l’éducation spéciale en Haïti. Parmi ces institutions, figure l’École spéciale des apprentissages qui reçoit en moyenne 30 enfants par année. L’établissement ne peut aller au-delà de ce nombre par manque d’infrastructures et de personnel qualifié. Un manque crucial qui rend encore plus difficile cette prise en charge. « Pour l’instant, ils ne sont que sept enfants de l’établissement à être autistes » a déclaré Maurice Jacques, responsable de l’école. Les frais de la rentrée sont de 20 000 gourdes et de 4 000 gourdes le frais mensuel. Ce sont généralement des parents de la classe moyenne qui confient leurs enfants à cette école.

Pascale Salnave, psychologue a fait savoir que la prise en charge de la personne vivant avec le spectre de l’autisme est un travail d’équipe. En plus du psychologue, l’enfant doit avoir l’appui de l’orthophoniste qui va travailler son langage. D’autres spécialistes dans d’autres domaines favorisent le développement de l’enfant et son adaptation à la société.

Adaptation à la société se fait par l’assistance

Colimon et Salnave croient qu’une personne qui a les troubles du spectre de l’autisme est une personne normale qui nécessite un appui psycho-social et familial très poussé. Pour elles, il ne faut pas les cacher. Il faut au contraire sortir avec eux et les aider à apprendre les bons comportements sociaux.

Michaël a 24 ans maintenant. C’est un adulte qui a besoin encore d’assistance car son âge mental ne correspond pas à son âge réel. Toutefois, il est un artiste peintre. L’année dernière, il a exposé ses tableaux à Artisanat en fête.

« J’encourage les parents à bien observer leurs enfants pour faire s’il le faut un dépistage précoce et des suivis adéquats. Afin de garantir à l’enfant un vie d’adulte merveilleuse » a relaté la mère de Michael.

Laura Louis est journaliste à Ayibopost depuis 2018. Elle a été lauréate du Prix Jeune Journaliste en Haïti en 2019. Elle a remporté l'édition 2021 du Prix Philippe Chaffanjon. Actuellement, Laura Louis est étudiante finissante en Service social à La Faculté des Sciences Humaines de l'Université d'État d'Haïti.

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