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Artibonite : une sombre nuit à Petite-Rivière

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Le gang Gran Grif de Savien a infligé une nuit sanglante aux habitants du centre-ville de Petite-Rivière de l’Artibonite

Il était onze heures du soir, le 10 décembre 2024, lorsque des tirs d’armes automatiques commencent à retentir dans la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite.

«Je pensais qu’il s’agissait d’un affrontement des gangs avec la police», explique un quinquagénaire rivartibonitien à AyiboPost.

Mais vers sept heures du matin, les rumeurs d’un massacre orchestré par le gang Gran Grif viennent l’arracher à son lit. Car ce soir-là, les criminels ont attaqué le quartier de Quatorzième.

Sachant qu’un de ses amis habite dans la zone, à son réveil, l’homme s’est précipité de se rendre sur place après avoir tenté vainement de joindre cet ami par téléphone.

Arrivé sur les lieux, l’indicible se déploie sous ses yeux.

« J’ai compté une dizaine de cadavres, dont un enfant », déclare t-il à AyiboPost, la voix étranglée par l’émotion.

Le corps de son ami, Simon, a été retrouvé, gisant dans son sang. Des marques de projectiles sur la poitrine.

J’ai compté une dizaine de cadavres, dont un enfant.

Depuis au moins cinq ans, le gang Gran Grif sème la terreur dans le département de l’Artibonite, forçant des milliers de personnes à fuir et des entreprises à fermer leurs portes.

Pour parvenir dans la zone située au Nord de la ville, les criminels contournent le centre-ville en s’introduisant par la localité de Laverdure, précisément aux abords de la  rive de Lestère.

Une fois sur place, ils tuent plus d’une dizaine de personnes par balles ou à coups de machettes, y compris des nourrissons, des enfants et des femmes, selon des témoignages recueillis sur place par AyiboPost.

Des messages diffusés sur les réseaux sociaux par l’un des membres du gang nommé « Dinosaur », montrent que l’attaque avait été annoncée. Pourtant, les forces de l’ordre n’ont pas pu l’empêcher.

Pour l’heure, il n’y a pas encore de décompte officiel de la part des autorités locales.

Mais, Venson François, commissaire de la juridiction de Saint-Marc, confirme que « les bandits ont attaqué plusieurs zones ».

« Je ne dispose d’aucun bilan pour le moment », déclare-t-il à AyiboPost, précisant qu’il n’est pas encore sur les lieux au moment de la rédaction.

Une fois sur place, ils tuent plus d’une dizaine de personnes par balles ou à coups de machettes, y compris des nourrissons, des enfants et des femmes,

L’absence des autorités municipales au sein de la commune empêche une certaine coordination entre les forces de l’ordre et la population, selon le commissaire François.

Dans ce contexte, le commissaire François dit fournir une couverture légale pour la continuité des opérations policières dans la commune.

Contacté par AyiboPost, le maire intérimaire de la Petite-Rivière de l’Artibonite, Dort Lereste, souhaite que « cette présence policière apporte un soulagement pour la population locale ».

La présence des unités de la Police nationale d’Haïti (PNH) et des agents de la force multinationale dans la commune n’a pas pu empêcher ces attaques.

En janvier 2023, les policiers avaient abandonné le commissariat de la commune, après près d’un an de résistance aux côtés de la population contre les gangs armés.

Leur départ avait considérablement affaibli les mouvements de résistance au sein de la commune, offrant ainsi une opportunité aux gangs d’étendre leur emprise et de multiplier les actes de vol, de meurtre et de kidnapping.

Dans la nuit du 7 décembre 2024, plusieurs unités de la police nationale, accompagnées de policiers kényans de la Mission multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) sont déployées sur le terrain.

Dès l’après-midi, les bandits ont tenté de bloquer les principales entrées de la ville pour empêcher l’arrivée des forces de l’ordre.

Ces dernières ont su tromper la vigilance des malfrats en accédant par une autre route située à l’Est du centre ville.

L’absence des autorités municipales au sein de la commune empêche une certaine coordination entre les forces de l’ordre et la population.

Le 8 décembre durant la journée, des membres d’une brigade d’auto-défense dénommée « coalition », de la localité de Chandèl et la commune de Liancourt ainsi que des forces de l’ordre arrêtent des dizaines de personnes.

Pour la plupart accusées de complicité avec le gang Gran Grif de Savien, les membres de la brigade les ont appréhendées, tuées puis jetées dans les eaux du fleuve Artibonite, selon plusieurs témoignages.

Dès le lendemain de l’attaque meurtrière au nord de la ville, AyiboPost constate que des centaines de personnes fuient la commune en direction des zones avoisinantes telles que Verrettes, en traversant le fleuve Artibonite, et Dessalines.

D’autres personnes, craignant une nouvelle invason des criminels dans leurs quartiers, sont obligées de se réfugier sur la place publique située près du commissariat communal.

Cette attaque, survenue le lendemain de la journée mondiale des droits de l’homme, vient allonger la liste de 5 000 meurtres enregistrés en Haïti en 2024, selon le chef des droits de l’homme des Nations-Unies, Volker Türk.

Par Jérôme Wendy Norestyl & Wethzer Piercin

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Journaliste-rédacteur à AyiboPost, Jérôme Wendy Norestyl fait des études en linguistique. Il est fasciné par l’univers multimédia, la photographie et le journalisme.

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