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Armés, plus de 600 policiers parlementaires échappent au contrôle de la police nationale d’Haïti

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Ce groupe est chargé de la sécurité du palais législatif et des parlementaires. Ils ne sont pas sélectionnés sur concours comme les agents de la PNH

Ils sont plus de 600 agents en tout. Choisis sur référence de parlementaires, les policiers du Palais législatif ne sont pas formés par la Police nationale d’Haïti et échappent à son contrôle institutionnel. Même la provenance des armes qu’ils utilisent reste un mystère, alors que certains d’entre eux sont épinglés dans des crimes.

Cette unité spéciale dénommée police parlementaire prend naissance en 2017 à l’initiative de l’ancien sénateur de l’Artibonite, Youri Latortue, président d’alors de la chambre haute.

« Les députés ou sénateurs qui souhaitent être accompagnés par des agents de police parlementaire, doivent s’adresser au président de leurs chambres respectives qui, à son tour, s’adresse au responsable de sécurité pour un ordre de route », fait savoir Jean Marie Leonidas Michel, responsable de sécurité à la chambre basse.

Selon les règlements établis, chaque député ou sénateur a droit à deux agents. Si l’élu souhaite en avoir un troisième, il devra faire seul face aux dépenses.

Les députés et sénateurs ont voté en 2009, une loi modifiant l’article 29 de la loi organique de la PNH pour inclure cette entité parmi les directions administratives de l’institution.

Les nouvelles attributions de la direction centrale de la police administrative sont donc réparties et exercées désormais à travers six directions dont la direction de la police parlementaire, celle de la police de circulation des véhicules et de la police routières, entre autres.

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Cependant, cette loi qui a été publiée en février 2017 dans le journal officiel Le Moniteur ne donne aucune directive sur le recrutement des agents de police parlementaire.

En 2017, le sénateur Youri Latortue a déclaré qu’il avait soumis une liste d’agents à la PNH pour un tri en vue de sélectionner ceux qui répondent aux critères de sélection de l’institution policière afin qu’ils puissent par la suite intégrer la police parlementaire.

Michel Ange Gédéon, directeur général de la PNH d’alors, avait refusé en déclarant que : « Tout agent qui aspire à faire partie du corps devrait obligatoirement se soumettre aux mêmes critères de sélection en vigueur au sein de la PNH, à savoir le concours d’admission. »

Ce qui n’a pas été fait. Selon les informations obtenues par AyiboPost, les agents sont recrutés à partir d’une lettre de référence d’un sénateur ou d’un député. « Tous les agents faisant partie de la structure dépendent de la police nationale d’Haïti. Normalement, ils devraient être formés à l’École nationale de police. Mais cela n’a pas été fait », avance Dimanche Mario, inspecteur principal du corps pour le Sénat.

Selon les données fournies par les responsables de sécurité, plus de 400 agents de police parlementaire sont affectés à la chambre des députés et près de 200 autres au Sénat de la République.

Dimanche Mario, fait savoir qu’il existe plusieurs unités au sein de la direction de police parlementaire dont l’unité de sécurité générale du palais législatif (USGPL) qui est techniquement une entité spécialisée au sein de la police nationale.

Pourtant, le responsable de sécurité à la chambre basse, Jean Marie Leonidas Michel, affirme qu’aucune direction de police parlementaire n’avait été mise en place depuis la publication de la loi dans les colonnes du journal officiel Le Moniteur.

L’unité est donc constituée non seulement d’anciens policiers, mais aussi d’anciens militaires des Forces armées d’Haïti, fait savoir Jean Marie Leonidas Michel. Cependant, indique-t-il, les séances de formations des agents de police parlementaire sont parfois assurées par des compagnies de sécurité privée en Haïti.

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Jerry Figaro, directeur de police parlementaire pour le Sénat, ajoute que certains parmi des agents ont suivi des formations à l’étranger.

Ces unités de police indépendantes qui échappent au contrôle de la PNH sont ouvertement critiquées par les organismes de droits humains. À l’instar de celles du ministère de la Justice, de la Primature, ces structures de sécurité sont créées en dehors de la loi, commente Marie Yolène Gilles de la Fondasyon Je Klere (FJKL).

Souvent, ce sont les personnes participant aux campagnes électorales avec les parlementaires qui sont embauchées, rajoute la militante de défense des droits humains.

Pour être admise au sein de la police parlementaire, la personne doit avoir son casier judiciaire vide, une lettre de référence émanant d’un parlementaire député ou sénateur et un certificat de bonne vie et mœurs, révèle Jerry Figaro. Le corps fonctionne sous le budget du palais législatif. Les agents sont payés avec la même grille salariale que les agents de la PNH, dit-il.

L’achat des munitions et armes pour la police parlementaire relève de la responsabilité des présidents des deux corps. Jean Marie Leonidas indique qu’il n’a aucune idée de la façon dont les présidents placent les commandes d’armes et de munitions.

Par ailleurs, les responsables de sécurité au parlement ne sont pas toujours au courant des activités que mènent les agents faisant partie de ce corps armé. Lumacson Mathieu, un agent de police parlementaire, a été arrêté par la PNH au cours du mois d’avril dernier à Belladère, selon les informations publiées le 19 mai 2022 sur la page Facebook de l’institution.

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Mathieu est accusé de trafic d’armes et de munitions. Il est « effectivement un agent de police parlementaire confirme Jean Marie Leonidas. Ce qui nous intéresse, c’est leur mission. Nous ne savons pas ce que font les agents hors service ».

Contacté à plusieurs reprises par AyiboPost, le porte-parole de la PNH, Gary Desrosiers, n’a pas voulu réagir.

Les agents de police parlementaire évoluent dans des conditions difficiles. Un agent affecté à la chambre des députés qui requiert l’anonymat fait savoir qu’il n’y a pas de toilettes ni de douches disponibles pour les besoins des agents.

« En dépit de l’accès difficile à la zone de Bicentenaire, je suis bien obligé d’aller travailler », se plaint l’agent de police parlementaire. Il confie que les agents reçoivent souvent des menaces de la part des individus lourdement armés de cette partie de la ville.

Les photos sont de Fenel Pélissier

Fenel Pélissier est avocat au Barreau de Petit-Goâve, professeur de langues vivantes et passionné de littérature.

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