Les trois types de centres de documentation disponibles pour la recherche documentaire à Port-au-Prince sont concernés par la situation
De nombreux centres documentaires de l’aire métropolitaine, abris de ressources livresques très rares, subissent de plein fouet la mitraille des gangs, révèlent à AyiboPost des responsables de ces institutions.
À cause de l’insécurité, la Bibliothèque haïtienne des Frères de l’Instruction chrétienne (BHFIC), l’une des plus importantes de toute la Caraïbe, se trouve obligée de reloger ses locaux à Delmas.
À l’arrêt depuis le mois de février, l’espace situé à la Rue du Centre, en plein cœur de la capitale, est maintenant fermé.
«Nous avons essayé de tenir vu qu’il y avait des gens qui continuaient à fréquenter l’espace, mais il était devenu difficile pour nos employés de travailler dans de telles conditions», déclare à AyiboPost Marie-France Guillaume, directrice de la bibliothèque.
La BHFIC, fondée en 1912 et fournissant des services publics à la communauté haïtienne depuis 1920, héberge des documents sur l’histoire, la culture, la législation, la religion et la médecine en Haïti.
Le fonds documentaire des Frères de l’Instruction chrétienne abrite également des archives de journaux anciens tels que : Feuille de Commerce (1832), le journal officiel Le Moniteur de 1865 à nos jours, l’Union Patriotique (1873), Le Matin (1898 – août 2013), Le Nouvelliste de 1898 à nos jours.
Les trois types de centres de documentation disponibles pour la recherche documentaire à Port-au-Prince — les universités publiques et privées, les fondations et les bibliothèques municipales et patrimoniales — sont concernés par la situation.
Les 150 ans de la Bibliothèque haïtienne des Spiritains (BHS) ne l’épargnent pas au bas de la ville.
La façade du bâtiment, touchée lors de tirs nourris, est trouée par l’impact de projectiles. Le local, qui contient plus de 35 000 ouvrages, environ 1 000 exemplaires de revues scientifiques et 500 cartes et documents d’archives, est à présent indisponible pour les lecteurs.
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La bibliothèque a pourtant connu des soubresauts au cours de son histoire.
Le 15 août 1969, le dictateur François Duvalier décide d’expulser les frères Spiritains, Antoine Adrien, Ernst Verdieu, Jean-Paul Claude, Max Dominique, Paddy Poux, pour soupçons d’activités communistes. Durant la période, «la bibliothèque a été mise en boîte pendant près de vingt ans», précise Patrick Tardieu, conservateur de la BHS.
L’institution rouvre ses portes en 1996, mais ses locaux ont été totalement détruits lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010. La BHS est reconstruite puis redevient fonctionnelle en 2019.
Le Centre de convention et de documentation Antonio André de la Banque de la République d’Haïti (BRH) se trouve également dans une situation de paralysie au bas de la ville, ainsi que les archives du parlement au Bicentenaire.
La Bibliothèque nationale d’Haïti de la Rue du Centre demeure l’un des plus grands centres du pays vu la richesse de ses collections. À cause de l’instabilité de la zone, l’institution n’arrive pas à fonctionner normalement.
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D’un autre côté, la Bibliothèque Monique Calixte (BMC) de la Fondation connaissance et liberté est fermée de façon temporaire depuis le Covid-19.
Le 6 juillet 2023, la FOKAL à travers une note a annoncé le début de travaux de construction du nouveau local de la BMC, à la rue M à Port-au-Prince, en vue de permettre à la bibliothèque de «s’adapter aux circonstances et de grandir de façon indépendante».
Bien avant la remontée de l’insécurité à partir de 2019, Jérôme Paul Eddy Lacoste, bibliothéconomiste, et professeur à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) emmenait ses étudiants visiter la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH), la Bibliothèque haïtienne des Frères de l’Instruction chrétienne (BHFIC), les Archives nationales, etc.
Cette pratique, dit Lacoste, n’est plus de mise depuis qu’à deux reprises, il s’est retrouvé à la BNH avec des étudiants, au moment de tirs nourris dans les environs.
La bibliothèque du Centre culturel Pye Poudre, situé à Bourdon, fonctionne avec un public de proximité composé principalement d’écoliers. La fréquentation continue de baisser malgré l’introduction d’activités en ligne, suggère Max Robenson Vilaire Dortilus, médiateur culturel et directeur du centre.
La fermeture des centres documentaires affecte grandement les chercheurs. « Nous avons des étudiants, des professionnels, des chercheurs et des doctorants qui sont en grande difficulté en ce qui a trait à l’accès à ces documentations », déclare Jérôme Paul Eddy Lacoste.
Image de couverture : Vue du bâtiment logeant la Bibliothèque haïtienne des Spiritains (BHS), sise à la Rue Lamarre, au sein des locaux du Petit Séminaire Collège Saint Martial. | © David Lorens Mentor/AyiboPost
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