La saison cyclonique de cette année pourrait être catastrophique, alors qu’Haïti lutte contre le nouveau coronavirus
Depuis quelques semaines, les pluies diluviennes qui s’abattent sur certaines villes du pays viennent rappeler la proximité de la saison cyclonique qui s’étend du 1er juin au 30 novembre.
La saison cyclonique 2020 devrait être plus active que la normale, selon les prévisions de l’équipe du projet de météorologie tropicale de l’Université d’État du Colorado (CSU) et de l’agence américaine pour l’administration des eaux et des océans.
Au total, 16 tempêtes, 8 ouragans et 4 ouragans majeurs (catégorie trois ou plus) avec des vents de plus de 180 km/h sur l’échelle de vent d’ouragan Saffir-Simpson sont donc prévus cette année.
Si ces prédictions effrayantes devaient se réaliser, Haïti peut se retrouver dans une situation catastrophique alors que le pays se bat inefficacement et sans réelles ressources contre le nouveau coronavirus.
Ces prévisions sont faites à partir des analyses saisonnières et des statistiques climatologiques, analyse le directeur de l’Unité hydrométéorologique (UHM), l’ingénieur Marcelin Esterlin. Généralement, poursuit-il, suivant le classement de l’organisation météorique mondiale, les saisons peuvent être plus ou moins normales, au-dessus de la normale ou très active.
Peu des préparations
Le directeur de la Direction de la Protection civile, Jerry Chandler, dit avoir déjà entamé la préparation et la mobilisation des différents acteurs concernés par la gestion des risques et catastrophes à travers le pays. Cependant, il annonce que ces travaux sont ralentis par la pandémie de Covid-19.
« Nous ne pouvons pas nous voiler la face devant une saison qui s’annonce particulièrement difficile. D’abord parce que cette saison cyclonique sera plus active que la moyenne, ensuite parce que nous sommes en plein dans une lutte concomitante contre la propagation de la maladie due au coronavirus », fait savoir Chandler dans un contexte où le pic du coronavirus devrait être atteint entre fin mai et début juin, selon les scénarios.
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Cette situation risque de compliquer le déplacement des individus vivants dans des endroits à risques vers les abris provisoires, à cause du risque de la propagation du covid-19.
L’exercice ne sera pas facile, mais nous devrons y faire face parce que nous n’avons pas le choix, rassure Jerry Chandler. Sans mentionner de montant, Jerry Chandler annonce que son ministère de tutelle, le ministère de l’Intérieur et des collectivités territoriales (MICT), a déjà mobilisé des fonds du Trésor pour faciliter la préparation de la saison cyclonique.
Ce fonds, selon lui, contribuera à équiper les centres d’opération d’urgence et outiller les comités communaux de protection civile. « Nous allons continuer à solliciter l’appui de nos partenaires nationaux et internationaux dans un contexte, nous le savons, où les ressources manquent », admet-il.
Sommes-nous prêts ?
Pendant la saison cyclonique, les conditions atmosphériques sont favorables à la formation de phénomènes hydrométéorologiques dangereux, d’autant plus que cette période coïncide avec la saison pluvieuse chez nous, prévient Jerry Chandler.
Les évènements les plus dévastateurs sont les cyclones, dont les vents peuvent dépasser 300 km/h. Ils sont accompagnés de fortes pluies et causent une marée de tempête qui peut aussi produire de grandes vagues côtières. Ces manifestations sont dangereuses non seulement pour les communautés côtières, mais aussi à l’intérieur des terres, où les crues des rivières, des inondations et des mouvements de terrain peuvent se révéler meurtriers et destructeurs.
« Les conséquences des premières pluies de mai, notamment dans l’Ouest, ont rappelé l’urgence d’agir », fait savoir le responsable de la DPC.
Ainsi, l’apport du ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC) se révèle déterminant. Dans le Nord-Est, par exemple, des travaux de curage et de gabionnage sont réalisés dans une partie de la Grande-Rivière du Nord. Ces opérations, dit le directeur de la DPC. Ces initiatives devront s’intensifier et s’étendre aux autres départements.
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De son côté, le MTPTC révèle ne pas avoir un sou pour effectuer des interventions de ce genre. « Le budget alloué au MTPTC ne pourra pas répondre à sa politique, les actions dépendent de nos moyens. Nous sommes à la recherche de fonds pour faire face à cette période cyclonique », rapporte le ministre des Travaux publics, Joicéus Nader.
Plus loin, il mentionne qu’en Haïti, la nécessité d’agir résulte de l’aggravation d’une situation donnée. Les travaux de curage et la gestion des canaux sont peu nombreux jusqu’à date et l’ingénieur Nader croit que les activités de son ministère doivent intensifier pour éviter le pire.
La mobilisation devrait se maintenir pendant au moins les six mois que durera la saison cyclonique.
Il convient de rappeler la vulnérabilité particulière d’Haïti face aux catastrophes naturelles. En 2016, le cyclone Matthew avait détruit le sud jusqu’à 90%. Au moins 580 personnes ont été tuées et 35 000 autres se sont retrouvés sans toit. Un peu plus loin, en 2004, des plus torrentielles en mai ont fait 1232 morts, 1443 disparus et 31 000 déplacés. Cette même année, les ouragans Ivan et Jeanne ont terrassé le pays. La ville des Gonaïves avait enregistré plus de 3 000 morts.
Emmanuel Moïse Yves
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