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30 mois sans salaire pour des professeurs de Saut-Mathurine

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Il y a moins d’un mois on apprenait qu’il existe plus de 10,000 professeurs absentéistes dans le système éducatif. Selon les chiffres cités par l’actuel Ministre de l’Education Nationale, Pierre Josué Agénor, il y a plus de 2700 professeurs nommés par l’Etat Haïtien sans être payé et plus 3000 enseignants dans les écoles publiques sans avoir obtenu de nomination. La situation est alarmante, le système d’éducation publique semble être complètement démantelé.

Ce problème se révèle sous sa forme la plus criante dans la communauté de Saut-Mathurine où des professeurs se retrouvent dépassés par la situation. Certains ne sont pas payés depuis trente mois.

Ces professeurs ont été recrutés dans le cadre du Programme de Scolarisation Universelle Gratuit et Obligatoire (PSUGO) dont l’échec est connu de tous. Au final, ce sont les enfants qui en pâtissent. A l’école Saint Joseph de Saut Mathurine, ils n’ont que quatre heures de cours par jour. « Avant, ils quittaient l’établissement à 1hr PM. Depuis l’ouragan Matthew, on les renvoie à midi puisque l’école n’a plus de cantine », nous apprend le directeur. Heureusement, l’école avait rapidement repris ses activités après l’ouragan Matthew malgré que son toit ait été emporté par les vents. Néanmoins, la qualité de l’enseignement est questionnable.

Avec de si grandes insatisfactions au sein du corps professoral, le directeur de l’établissement perd toute autorité à faire respecter les principes. « Il ne peut pas nous bousculer sur les principes, parce que lui, il reçoit son chèque tous les mois », confie un enseignant.

Pour répondre aux besoins du quotidien, certains professeurs sont obligés d’accomplir des travaux parallèles. Il y a au moins un enseignant absent par jour et certains arrivent en salle après 9 heures AM. Ceci affecte évidemment la qualité de leur rendement. Bizarrement, sur chaque tableau, il est affiché le taux de réussite des classes aux derniers examens. 31,57% des élèves ont réussi en quatrième année, 24,32% en troisième année et 19,23% en sixième année. Le taux de réussite global de l’établissement aux examens du mois de décembre est de 33,56%.

Il est évident que réussir dans un pareil contexte relève d’une exception. Nous avions discuté avec quelques enfants qui espérèrent malgré tout devenir ingénieurs et agronomes. Ils nourrissent les mêmes espérances que les enfants des cadres du Ministère de l’Education qui ne sont pas dans les écoles publiques.

Nous vous invitons à regarder le reportage ci-dessus réalisé par Ralph Thomassaint Joseph.

La rédaction de Ayibopost

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