Je n’ai aucune sympathie particulière pour François Duvalier, je n’étais pas encore né sous sa présidence ou celle de son fils. Toutefois, j’ai pu lire ses écrits, j’ai également pris le soin de lire quelques écrits de ses critiques et de ses opposants. En dépit des reproches légitimes qu’on puisse formuler à son égard, on doit au moins lui reconnaître une qualité, en plus d’être un intellectuel de bon aloi, c’était un théoricien disposant d’une vision avec un certain sens de l’État et du patriotisme.
Je n’ai pas partagé toute la vision économique de feu Gérard Pierre-Charles. Pourtant, jeune étudiant avec ma petite bourse, j’économisais pour acheter ses ouvrages. Je lui reconnaissais son attachement au développement de ce pays et au progrès social des classes défavorisées.
Volontairement, je ne vais pas m’attarder sur le Professeur Leslie François Manigat. Car ses idéaux et sa vision sont plus que proches des miens. J’aurais pu être celui (certainement) qui a glissé ces quelques mots dans l’hommage de Michel Martelly au Docteur Manigat lors de ses funérailles et je cite: « Les grands hommes ne nous quittent pas… Leurs âmes immortelles transcendent le temps! ». Donc de mon point de vue, comme un clin d’œil à Alain Juppé, je dirais que Manigat est « le meilleur de la classe ».
Avant les élections de 2006, encore jeune étudiant, je me suis rendu à la vente-signature du livre de Marc Bazin « Sortir de l’impasse » à l’hôtel Montana. J’ai encore ce livre sur ma table de chevet. Et là encore, on peut faire des reproches légitimes à l’homme politique Bazin, mais le diagnostic de l’économiste est sans appel. Je lui reconnais donc une certaine vision développementaliste.
Je garde encore en mémoire, le regard fier et admirateur de mes parents quand ils me parlaient de l’attitude visionnaire et du dévouement du Président Dumarsais Estimé qui en l’espace de quelques mois, a pu réaliser la grandiose exposition universelle de 1949 et tant d’autres grands travaux notamment le Barrage de Péligre avec des ressources assez limitées.
Ma Professeure Fernande Especa Estimé, qui est également ma maman, adorait faire l’éloge d’Antoine Simon. C’était un homme pieux, un analphabète fonctionnel qui, arrivé au timon des affaires, a été l’un des plus grands bâtisseurs et visionnaires que ce pays ait connu.
Par ma foi chrétienne, je ne reconnais qu’un Messie et vous en conviendrez que ce n’est pas celui de l’Argentine qui s’écrit sans « e » par ailleurs. Le seul Messie que je reconnais s’appelle Jésus-Christ. Néanmoins, il est utile de rêver grand, il est bon d’être patriote, il est impératif d’être visionnaire et obligatoire d’avoir un programme de développement digne de ce nom pour prétendre diriger ce pays, le sortir de l’ornière du sous-développement et donner aux jeunes de ce pays des raisons d’espérer et de croire en un avenir meilleur.
Je ne souhaite pas être un donneur de leçons, cependant comme je dis souvent à mes étudiants, je préfère avoir tort et me tromper sur des « certitudes logiques » que d’avoir raison sur des « absurdités ».
Je vais voter, j’ai envie de voter, je ne sais toujours pas pour qui !
Fernando Estime
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