Une enquête d’AyiboPost et de Forbidden Stories lève le voile sur un dispositif brutal, responsable de nombreuses actions illicites, attribué à l’ancien commissaire du gouvernement des Cayes
L’ex-commissaire du gouvernement des Cayes, Ronald Richemond, se retrouve au centre de plusieurs cas d’expropriations, de privations de liberté injustifiées, de sévices, d’exécutions illégales et même d’allégations d’usage de seringues empoisonnées, selon une investigation menée par AyiboPost et Forbidden Stories.
Trois anciens collaborateurs de Richemond ainsi qu’une dizaine d’autres témoins concernés par les abus présumés exposent la réalité du système mis en place par l’ancien représentant de l’État dans l’appareil judiciaire aux Cayes.
Richemond a été démis de ses fonctions en avril pour abandon de poste, selon une correspondance signée par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, obtenue exclusivement par AyiboPost auprès d’une source bien informée du dossier.

lettre de revocation de Ronald Richemond, obtenue par Forbidden Stories d’une source au courant de l’affaire Tesse.
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Cette éviction intervient dans un climat où l’ancien commissaire est confronté à des accusations persistantes concernant le meurtre brutal, en octobre 2022, du journaliste Garry Tesse, animateur de l’émission Gran Lakou sur la station Lebon FM.
Ce dossier a été confié à un nouveau magistrat pour enquête par le ministère de la Justice et de la Sécurité publique aux Cayes le mois dernier, à la suite du transfert du juge antérieur.
L’éclaircissement de cet homicide très médiatisé paraît néanmoins incertain. Le nouveau juge désigné, Jean Michelet Seide, envisage de se dessaisir de l’affaire, redoutant pour sa propre sûreté.
Richemond a été démis de ses fonctions en avril pour abandon de poste, selon une correspondance signée par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, obtenue exclusivement par AyiboPost auprès d’une source bien informée du dossier.
Le juge affirme avoir sollicité des dispositifs de protection auprès des autorités. Ces requêtes sont restées sans réponse, déplore-t-il.
Interrogés par AyiboPost et Forbidden Stories, la famille de Tesse, ses confrères ainsi que trois ex-proches de Richemond — dont un prétend avoir été impliqué dans le complot présumé — accusent l’ancien haut fonctionnaire d’avoir coordonné l’assassinat.
Ronald Richemond a rejeté ces accusations en 2023. Toutefois, il a été mis en disponibilité l’année précédente, avant d’être officiellement limogé.
D’après Me Anthony Cyrion, avocat de la famille, contacté par AyiboPost, le statut de magistrat de Richemond entravait l’avancement du dossier.
Aucune décision de justice n’a encore été prononcée contre Ronald Richemond, ni contre un membre de son entourage, dans le cadre des faits relatés dans cette enquête.
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Nommé commissaire en 2019, Richemond s’est distingué durant près de deux ans dans la lutte contre la bande armée Kilikou, qui faisait régner la peur aux Cayes.
« La population lui était très reconnaissante pour avoir démantelé ce réseau criminel », relate à AyiboPost Amos André, un ancien agent de sécurité ayant travaillé avec Richemond durant trois années.
L’équipe de l’ancien commissaire, composée de policiers et d’agents privés, serait impliquée dans de nombreuses atteintes aux droits humains dénoncées par des citoyens et des journalistes locaux, dont Garry Tesse avant sa mort.
Environ six habitants des Cayes tiennent Richemond et ses collaborateurs pour responsables d’expropriations, d’incarcérations injustifiées, de traitements inhumains, d’exécutions non autorisées, voire de cas présumés d’intoxication.
« Je pense que le pouvoir et la soif de richesse l’ont profondément transformé », confie à AyiboPost Amos André, affirmant avoir connu Richemond bien avant sa nomination au parquet.
L’affaire de l’emploi supposé de seringues empoisonnées demeure l’un des aspects les plus opaques du mandat du commissaire.
Annonce Daudier, habitant la zone de Fonfrède à Camp-Perrin, vit désormais avec un bras droit partiellement paralysé à la suite d’une arrestation suspecte opérée par Richemond et ses agents.
Tout a commencé en octobre 2023 autour d’un litige foncier l’opposant à l’ex-commissaire Richemond et à l’avocat Pierre Antoine Borgart, tué en juin dernier aux Cayes.
Selon des documents notariés et des plans cadastraux consultés par AyiboPost, cette parcelle d’un hectare lui avait été transmise par son père adoptif.
D’après Daudier, Richemond et l’avocat avaient pris contact avec lui pour discuter de la location du terrain afin d’y installer des pompes d’irrigation destinées à la culture de fruits et de légumes.
« Mais j’ai refusé de céder ce terrain qui assurait la subsistance de ma famille », témoigne l’homme de 51 ans.
Le commissaire, frustré par ce refus, aurait ordonné son arrestation après l’avoir « accusé de meurtre », selon les dires de Daudier.
Alors qu’il opposait une résistance lors de son interpellation en 2023, un membre de l’équipe de Richemond lui aurait injecté une substance indéterminée au bras droit, à l’aide d’une seringue, alors qu’il avait les yeux bandés.
Daudier n’a pu bénéficier d’aucun suivi médical. Depuis cet épisode, il dit souffrir de douleurs aiguës au bras, marqué par une atrophie musculaire progressive.
Libéré en avril 2025, Daudier tente aujourd’hui de recouvrer la santé, tout en espérant reprendre possession de sa propriété occupée, selon lui, par l’ancien commissaire Ronald Richemond.
Mais il craint des représailles de ce dernier.
« C’est un homme influent. J’ai parfois peur à l’idée de devoir l’affronter. Une personne plus âgée m’a déjà conseillé de laisser le temps agir », explique-t-il, la voix tremblante.
Contacté par AyiboPost, Ronald Richemond rejette la responsabilité sur un ex-membre de son équipe, Georges Checo Banatte, surnommé Checo, qu’il accuse d’avoir utilisé la seringue à son insu.
Banatte a quitté l’équipe peu après. L’ancien commissaire déclare avoir été surpris d’entendre ce dernier affirmer à la radio qu’il avait injecté des substances à des individus sous ses ordres.
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De nombreux résidents des Cayes, ayant vécu l’époque où Richemond exerçait comme commissaire, déclarent en garder des souvenirs douloureux.
Rencontré par Forbidden Stories, Ricardo Bain, dit Chito, ancien intime du commissaire, avoue avoir été impliqué dans un supposé complot pour éliminer le journaliste Tesse en 2022, aux côtés d’autres proches de Richemond : Patrick Clervil, Winkens Thiogène, Montimer Jean Michel et Richemond lui-même.
Arrêté peu après la disparition de Garry Tesse, Bain a été libéré en février 2025.
Depuis sa cellule à Carrefour, Bain avait enregistré une note vocale en 2024, dans laquelle il assurait ne pas avoir cautionné l’assassinat, déclarant avoir toujours considéré Garry Tesse « comme un frère ».
Selon lui, ce refus, combiné à la peur de Richemond qu’il révèle le plan, expliquerait son arrestation.
Ronald Richemond se défend.
Il affirme avoir vu en Bain un « informateur » à qui il empruntait des « véhicules banalisés » pour effectuer des filatures.
Un homme dont il dit s’être éloigné dès août 2022, après que ce dernier a été arrêté pour diverses accusations, « dont des saccages et pillages dans la ville des Cayes ».
Mais Bain maintient sa version.
« Le commissaire a utilisé sa fonction pour s’enrichir », affirme-t-il, ajoutant avoir entretenu de bons rapports avec Richemond jusqu’en 2022.
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Max Angelo Narcisse, journaliste, dit également avoir été victime d’une injection au bras lors de son arrestation par les hommes de Richemond en 2023, pour un vol de véhicule.
Cependant, Narcisse, présenté comme un ancien proche de Richemond, conteste le motif de cette arrestation.
Il affirme que l’interpellation a eu lieu après son refus de supprimer un enregistrement dans lequel un certain Didier Chabat — décrit comme un informateur de l’ex-commissaire — évoquait, à la demande de ce dernier, les détails de l’assassinat de Garry Tesse, impliquant Richemond.
Chabat a été tué peu de temps après.
Narcisse estime que Richemond a ordonné son arrestation après avoir pris connaissance de l’existence de cet enregistrement.
Richemond affirme n’avoir jamais connu Chabat.
Il accuse ses « opposants » de vouloir lui nuire en l’associant à des dossiers sensibles, sous prétexte qu’« il traquait les criminels ».
« Je n’ai jamais nui à personne. Si c’est arrivé, ce fut à mon insu », se défend Ronald Richemond.
Narcisse raconte qu’après avoir reçu l’injection, il a rapidement consulté un médecin, ce qui lui aurait permis d’éviter « le pire ».
Contacté par AyiboPost, Ilriche Gilles, le médecin qui avait pris en charge Narcisse à l’époque, confirme avoir hésité à intervenir, « de peur d’être accusé d’homicide par le commissaire si les choses tournaient mal. »
Gilles précise avoir exigé une autorisation écrite de la famille du patient avant d’administrer les soins.
Le contenu des seringues demeure inconnu. Rien, dans la législation haïtienne, n’autorise l’emploi de seringues toxiques dans le cadre d’interpellations.
« C’est énorme, la quantité de cas d’injustices dont j’ai été témoin ici, commis par les hommes du commissaire », déclare à AyiboPost le docteur Gilles, évoquant le dossier de deux individus, Peterrous et Ti Wesly, qui auraient été exécutés par les agents du commissaire.
L’avocat Anthony Cyrion, basé aux Cayes, se remémore avoir défendu l’agronome Beljean, accusé de ne pas avoir honoré une dette envers un proche du commissaire.
Selon lui, le commissaire avait ordonné l’arrestation de son client et l’avait contraint à reconnaître la dette et à verser 100 000 gourdes à son plaignant en échange de sa remise en liberté.
« J’ai engagé une procédure judiciaire contre le commissaire pour extorsion. Quelques jours plus tard, j’ai appris qu’il avait tenté de traiter directement avec mon client », confie l’avocat à AyiboPost.
Parfois, des victimes disparaissent sans laisser de traces.
Me Cyrion, qui a rendu visite à Daudier en détention après son arrestation, confirme l’avoir trouvé dans un état préoccupant, avec le bras enflé et une marque ressemblant à une piqûre.
D’après l’avocat, un agent de police présent sur les lieux lui a confié que le commissaire lui avait demandé de ne pas inscrire le nom de Daudier dans le registre de la main courante, précisant qu’il « viendrait le récupérer ».
Ce que l’agent a affirmé à Cyrion avoir refusé de faire.
« L’agent m’a dit que Richemond est effectivement revenu chercher Daudier aux alentours de trois heures du matin et qu’il s’est emporté en apprenant que son nom avait été consigné dans le cahier », rapporte Cyrion à AyiboPost.
Daudier, qui affirme avoir été bâillonné au moment de ces échanges entre le commissaire et l’agent, déclare avoir perçu la fureur du commissaire après que l’agent lui a annoncé avoir malgré tout noté son identité.

Photo de Annonce Daudier de dos, montrant les effets de la piqure, obtenue le 13 juin, courtoisie Annonce Daudier.
Selon Daudier, le commissaire envisageait de le tuer, une intention compromise par l’inscription de son nom dans le registre.
D’après l’avocat Josias Jean Pierre, contacté par AyiboPost, d’autres individus ont été éliminés dans des circonstances similaires.
Selon Ricardo Bain, un ancien allié du commissaire, Richemond aurait fait abattre un homme du nom de Ti Wesly — ex-détenu du pénitencier national — à qui il aurait confié deux kilos de stupéfiants à écouler, mais l’individu n’aurait pas respecté les termes convenus.
Furieux face à cet affront, le commissaire l’aurait fait capturer, exécuté, puis aurait fait jeter son corps dans une fosse, à Lévy, selon les déclarations de Bain.
Une autre source bien informée dans la ville des Cayes, jointe par AyiboPost, corrobore les détails de cet homicide.
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Avant d’être nommé commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance des Cayes, Ronald Richemond a d’abord été substitut du commissaire du gouvernement.
Contacté par AyiboPost, Amos André, ancien membre de l’équipe de sécurité de l’ex-commissaire, décrit un homme « respectueux et réfléchi » avec qui il avait collaboré pour la mission Baptiste dans la ville des Cayes.
André dit avoir désapprouvé certaines pratiques de l’équipe avant d’en être exclu en 2024. Selon lui, il aurait réussi à contrecarrer un projet d’élimination orchestré par les hommes du commissaire contre Mazile Jean Roland, lui-même ancien collaborateur de Richemond ayant quitté le groupe quelques mois plus tôt.
Joint par AyiboPost, Mazile Jean Roland affirme avoir déposé plainte à la suite de menaces anonymes reçues sur son téléphone après son départ.
D’après lui, les membres de l’équipe auraient craint qu’il dévoile des « actes répréhensibles qu’ils avaient commis ».
Trois sources informées des agissements du commissaire, contactées par AyiboPost, soutiennent que Ronald Richemond s’est enrichi notamment grâce aux « spoliations foncières ».
Ricardo Bain déclare avoir, à plusieurs reprises, agi comme médiateur pour le compte de l’ancien commissaire dans des négociations relatives à des parcelles de terrain.

Acte d’arpentage et de bornage du terrain de Annonce Daudier, courtoisie Annonce Daudier, le 13 juin 2025.

Acte d’arpentage et de bornage du terrain de Annonce Daudier, courtoisie Annonce Daudier, le 13 juin 2025.
Selon cet ancien militant, proche de l’ex-président Jovenel Moïse, l’ex-commissaire aurait utilisé son influence pour occuper ou vendre des terrains après en avoir expulsé les occupants ou lorsque les propriétaires résidaient à l’étranger.
Un couple était parvenu à résister aux pressions des hommes de Richemond et à obtenir gain de cause en justice en 2023.
Evens Bernavil, en situation de handicap depuis le séisme de 2010, raconte à Forbidden Stories avoir été contraint d’abandonner sa famille et son commerce durant trois mois afin d’échapper aux hommes armés de Richemond en 2023.
Selon ses dires, après avoir obtenu, avec son épouse, l’autorisation de la mairie pour bâtir sur un terrain acquis pour 8 000 dollars américains, Richemond serait intervenu, à la suite d’une dénonciation par une « soi-disant héritière », en suspendant les travaux et en tentant de s’emparer de la propriété.
Il aurait menacé d’inculper le couple pour faux et intimidations à l’encontre de ladite héritière.
Mais au procès, le tribunal de première instance des Cayes avait qualifié ce prétexte de « fallacieux » et jugé le mandat d’amener « illégal et arbitraire ».
L’absence de cadastre, avantageuse pour les usurpateurs, aggrave les conflits.
Jointe par Forbidden Stories, la sociologue Michèle Oriol explique que la ville des Cayes est la juridiction où l’on recense le plus de litiges fonciers dans le pays, « notamment parce que les archives de la Direction générale des Impôts ont été détruites par un incendie en 2010 ».
Ce problème, combiné à l’inexistence d’un cadastre national en Haïti, rend la situation d’autant plus alarmante.
Selon l’ancienne secrétaire exécutive du Comité interministériel d’aménagement du territoire (CIAT), Richemond a été impliqué dans de nombreux conflits fonciers et « serait même à l’origine de certains d’entre eux ».
Elle affirme avoir rédigé au moins deux correspondances adressées au ministère de la Justice pour signaler les agissements du commissaire.
Les tensions autour de la propriété foncière dans la région précèdent l’arrivée de Richemond au parquet.
Pour l’avocat Jean Fritz Nosile, « tout un réseau de faussaires » opère dans la ville des Cayes.
Ce réseau impliquerait des juristes, des agents de la DGI, des notaires, des doyens de tribunal et divers particuliers.
« Ils disposent de moyens pour produire de fausses pièces ainsi que des techniques pour leur donner l’apparence de documents anciens et authentiques », explique-t-il à AyiboPost.
« La situation est devenue d’autant plus inquiétante lorsque le commissaire, censé faire respecter la loi, s’est retrouvé lui-même impliqué dans ce système », tranche Me Nosile.
L’ancien commissaire réfute ces accusations.
« C’est faux et archi-faux », s’indigne Richemond, ajoutant que toutes ces imputations portées contre lui visent uniquement à « salir sa réputation ».
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Les accusations contre Ronald Richemond interviennent dans un contexte où certains analystes et ex-commissaires du gouvernement s’inquiètent de plus en plus de la dérive illégale de certains commissaires ces dernières années.
Des commissaires du gouvernement, escortés de groupes armés lourdement équipés, traquent des criminels, mais s’adonnent parfois à des exécutions extrajudiciaires et à d’autres pratiques illicites.
En décembre 2023, la ministre de la Justice et de la Sécurité publique par intérim (MJSP), Emmelie Prophète, avait adressé une lettre de réprimande aux commissaires Jean Ernest Muscadin, de la juridiction de Miragoâne, et à Ronald Richemond.
Ce dernier a été blâmé pour son comportement lors de l’interpellation d’un individu à Port-Salut.
« Le MJSP s’étonne de constater que cet interrogatoire n’a rien à voir avec ce qu’aurait pu conduire un Commissaire du Gouvernement cherchant la vérité, tant la méthode s’apparente à celle d’un journaliste voulant offrir à un présumé coupable une tribune pour se justifier, alors que vous auriez dû et pu le convoquer au parquet », avait écrit l’ex-ministre du gouvernement d’Ariel Henry.
Paul Eronce Villard, directeur de cabinet de la ministre à l’époque, a confié à AyiboPost en avril 2025 que « Muscadin n’a pas été limogé, de peur de provoquer des réactions hostiles dans la société, car ses interventions répondent à une exigence pressante de sécurité ».
Trois sources proches du dossier de Garry Tesse, jointes par AyiboPost, contestent le motif invoqué pour la révocation de Ronald Richemond du parquet. Elles affirment que celui-ci n’avait pas déserté son poste, mais avait plutôt été placé en disponibilité, car il faisait l’objet de multiples accusations pour des actes survenus dans sa juridiction, notamment l’assassinat de Garry Tesse. Son statut empêchait la poursuite normale des investigations.
« Dire que l’ancien commissaire avait abandonné son poste, alors qu’il avait été mis en disponibilité, revient à lui offrir une opportunité de réintégrer le système s’il décidait d’engager un recours », affirme à AyiboPost une source proche du tribunal de première instance des Cayes, bien informée du dossier.
Pour Guyler C. Delva, ancien ministre de la Culture et de la Communication sous l’administration de Jovenel Moïse et président de SOS Journaliste, l’ex-commissaire Ronald Richemond bénéficie de la couverture de figures très influentes au sein de l’appareil judiciaire et du pouvoir exécutif, qui auraient tout fait pour étouffer l’affaire Garry Tesse.
Max Angelo Narcisse dénonce des complicités qui minent l’intégrité du système judiciaire des Cayes.
Ce réseau, selon lui, rend l’ancien commissaire « intouchable » malgré les graves accusations qui pèsent sur lui.
« Toute la ville vit dans la terreur du commissaire. Il a distribué des pots-de-vin à tout-va. Il a remis des pièces à conviction à des particuliers. Voilà pourquoi la justice ici reste silencieuse », explique Angel à AyiboPost.
Ricardo Bain évoque le cas d’un individu appréhendé par l’ex-commissaire, qui s’était plaint d’avoir retrouvé sa moto — celle utilisée lors de son arrestation — entre les mains de Jean Michel Montimer, l’un des hommes armés de Richemond, quelque temps plus tard.
Cet homme s’était exprimé sur l’émission Gran Lakou, animée par Garry Tesse, peu avant son assassinat.
L’enquête sur la mort de Tesse s’inscrit dans une série de dossiers concernant d’autres journalistes haïtiens tués dans des conditions troubles, perdus dans les méandres de la justice haïtienne.
En 2024, un classement de l’Indice mondial de l’impunité du Committee to Protect Journalists plaçait Haïti en tête des pays où les assassins de journalistes échappent le plus souvent à la justice, devant Israël.
En parallèle de cette impunité, les attaques contre les organes de presse et les professionnels des médias se poursuivent.
Depuis février 2024, les membres de la coalition criminelle « Viv Ansanm » ont attaqué au moins quatre stations de radio dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, tué deux journalistes, blessé sept autres et enlevé un dernier contre rançon, selon un rapport du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) daté du 17 mars 2025.
Ronald Richemond est revenu aux Cayes, après avoir résidé quelque temps à Mirebalais, selon des sources informées de ses déplacements.
Deux sources confirment à AyiboPost que l’ancien commissaire est toujours escorté par des individus armés dans la ville.
« Il existe une multitude d’accusations auxquelles l’ancien commissaire doit répondre ici », soutient l’avocat Nosile à AyiboPost.
Mais selon lui, par crainte de représailles, plusieurs victimes préfèrent garder le silence. Elles attendent une éventuelle arrestation de Richemond pour se manifester.
Par : Wethzer Piercin & Éloïse Layan
Couverture | Photo de l’ancien commissaire du gouvernement Ronald Richemond, ( Photo : Inconnue) avec en arrière-plan une image de deux mains tenant une seringue. (Photo : Freepik). Collage : Florentz Charles pour AyiboPost
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