AYIBOFANMFREE WRITING

Si jamais tu lis ces lignes …

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J’entends encore résonner l’écho de nos fous rires incessants, justifiés ou pas… peu importe avec toi le rire était inévitable. Nous étions souvent traitées de niaises,  par ma belle-mère par exemple, qui souvent nous épiait, sans jamais pouvoir déceler ou comprendre ce qui faisait l’objet de notre hilarité.  Néanmoins, je voyais dans ses yeux bienveillants, l’admiration qu’elle portait à notre amitié et notre complicité développées depuis plus d’une dizaine d’années.

Nous nous étions rencontrées à l’école primaire, et tu as été ma première compagne de classe. Déjà, tu te faisais remarquer des professeurs par ta bonne humeur contagieuse et ton bavardage continu. Quant à moi, réservée et même timide, j’enviais presque ta liesse et ton espièglerie.

Nous étions très différentes l’une de l’autre. Les opposés s’attirent n’est-ce-pas ? Très vite, nos parents ont du se mettre au diapason, nous permettant de participer à des activités en dehors de la sphère scolaire, ce qui a indubitablement  facilité notre rapprochement.

Les années ont filé, et l’adolescence n’a fait que renforcer nos liens. Nous nous sommes disputées, consolées, entraidées… Nous avions fait les quatre cent coups et n’avions jamais perdu notre insouciance et nos rires que nous arrivions à caser en toutes circonstances.

Sans crier gare, tu as du partir lorsque, tes parents sous la pression de l’insécurité recrudescente, ont fait le choix salutaire d’immigrer au Canada. Je me souviens précisément de notre dernière semaine ensemble avant ton départ… tu avais une attitude mitigée quant à cette décision impromptue qui t’étais imposée. Tes plans étaient du coup chamboulés, toutefois l’optimiste et l’aventurière en toi était ouverte et impatiente de faire cette nouvelle expérience. La dernière nuit avant de nous séparer, nos fous rires étaient entrecoupés de pleurs, et je ne savais plus si c’était des larmes de joie ou de tristesse.   Tu avais même le don de transformer mes peines en joie !

J’ai cru que la distance me serait insupportable, mais notre relation amicale n’en a pas souffert. Nous étions connectés via les medias sociaux.  Nous étions disponibles l’une pour l’autre… Je relisais tes devoirs,  tu me soufflais les réponses coquines pour répondre à ce gars qui me faisait flancher ; tu écoutais mes ras -le- bol sans râler et moi, tes bêtises sans te juger.

Deux ans plus tard, devant mon ordinateur j’attendais notre séance Skype du Vendredi. Tu n’as répondu ni à mes messages, ni à mes appels. J’ai contacté tes parents, ils m’ont rassuré. Ils s’étaient empressés de te joindre puisque tu vivais désormais sur un campus universitaire.  Ils m’ont assuré que tu leur avais confirmé que tout allait bien. J’ai donc attendu que tu me fasses signe avant de te recontacter via Facebook, Messenger, Whatssap, Skype, Téléphone.  Tu n’as jamais daigné répondre !

J’ai rappelé tes parents et plus d’une fois. J’ai senti une certaine gêne dans leur voix au fil du temps. Ils m’ont finalement conseillé d’être patiente,  ils étaient sûrs que tu reviendrais vers moi.

Si j’ai pleuré ? Oui abondamment ! Je n’ai même pas honte de le dire ! J’ai attendu désespérément un signe quelconque de toi. Quel que soit le  tort que j’aie pu te causer je suis certaine que même si je ne méritais pas ton pardon, au moins je méritais un éclaircissement. Qu’ai-je bien pu te faire ? Cette question m’a taraudé l’esprit nuit et jour pendant longtemps. Pourtant, je n’arrive toujours pas à mettre le doigt sur le hic ! Il n’y a pas eu non plus de signes avant-coureurs,  de disputes, rien qui puisse me donner un indice quelconque sur ce qui a pu te pousser à briser de manière irréversible ces liens tissés dès notre plus jeune âge.

J’ai pensé aux mauvaises fréquentations,  à la drogue et  à tant d’autres influences néfastes qui auraient pu justifier ce revirement. Et pourtant, j’ai eu de tes nouvelles d’amies communes. Elles-mêmes étaient aussi confuses que moi car jamais tu n’as abordé le sujet avec elles.  Puis, tu semblais être toujours la même. Ta gaieté et ta bonne humeur ne t’avaient pas quitté. Tu avais comme à l’accoutumée  plein de projets en cours… Tu te portais à merveille.

Je m’en suis longtemps voulu d’avoir été la cause de cet événement mystérieux qui t’a autorisée à me condamner sans jugement et à me bannir de ta vie.  Je t’ai détesté ensuite avec la même passion qui avait animé notre amitié.  J’ai eu du mal à m’ouvrir à d’autres  de peur d’être autant blessée, mais récemment j’ai saisi la leçon de vie à retenir de cette expérience. Alors sans regrets, ni amertume, je continue mon chemin optimiste et sereine.

Tu sais, si jamais tu lis ces lignes, saches qu’au fond je suis toujours aussi curieuse de connaitre les vraies raisons de ton choix si radical. Même si ces longues années de silence te paraissent comme un mur infranchissable, je te promets d’éclater d’un rire franc pour briser la glace.

Très attachée à mon cher pays, je demeure une personnalité ouverte, qui à travers sa profession de juriste et son implication au sein de diverses organisations soutient le projet du renouveau d’Haïti.

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