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Reprise des travaux de construction du Parlement haïtien

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La prochaine législature sera logée dans un local neuf, assurent les responsables

À l’avenue Marie Jeanne, à deux pas de la Primature, les travaux de construction du bâtiment qui doit loger le Parlement haïtien ont recommencé après un hiatus occasionné par les « peyi lòk » et la pandémie du coronavirus. 

Une barrière frappée d’une inscription en mandarin donne accès au chantier. Les barres d’aciers qui se dressent vers le ciel, la grue qui ne cesse de tourner et le bruit des machines confirment la fin d’une longue période d’arrêt. 

Ici, c’est la firme chinoise Hongyuang LTD qui s’active pour réaliser des travaux devant être finalisés dans 36 mois.

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Le coût total est de 89 millions de dollars américains. Cet argent est tiré du trésor public. Le directeur exécutif de l’Unité de construction de logements et de bâtiments publics, Clément Bélizaire, qui supervise le chantier,  se montre confiant quant à l’aboutissement des travaux. Il rappelle que « c’est cette même firme qui a construit les locaux de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux administratif et le Palais des finances ».

Depuis 2012, le projet de construction du Parlement traîne au bord de mer, alors que plusieurs millions de dollars ont déjà été décaissés, pour des résultats jusque-là à peine visibles. 

Firme conflictuelle

Le tremblement de terre de 2010 avait détruit le local du Parlement. En 2012, la firme dominicaine Hadom a remporté un appel d’offres lancé par le gouvernement de Jean Max Bellerive, pour le reconstruire.

Plus de 10 millions de dollars américains, puisés dans les fonds Petrocaribe, sont alors décaissés au profit de la compagnie dominicaine, comme première tranche pour commencer les travaux. 

Cinq ans plus tard, le premier juin 2017, une visite du président du Sénat d’alors, Youri Latortue, du président de la Chambre des députés Cholzer Chancy et du responsable de l’UCLBP, Clément Bélizaire, révèle que la firme n’a rien entrepris.

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Hadom n’a laissé sur le site qu’un container et des barres d’acier abandonnées, dans un paysage fait de grands trous remplis d’une eau verdâtre où poussent avec succès des herbes sauvages.

En juillet 2019, soit deux ans après sa visite, Clément Bélizaire révélait dans la presse que la firme Hadom avait fourni une facture de plus de huit millions de dollars. « En principe, il reste un manque à gagner d’un million de dollars », précisait-il.

Obscure histoire de financement

Après cette déconvenue, et non sans avoir lancé quelques piques à la firme dominicaine, Youri Latortue avait annoncé une somme de 1,5 milliard de gourdes, provenant du budget du Sénat pour redémarrer avec la construction du local. La Chambre des députés devait faire pareil. Les deux chambres auraient ainsi réuni 3 milliards de gourdes.  

Dans le très controversé budget 2016-2017, le Parlement avait bénéficié d’un budget de sept milliards de gourdes. C’est pour atténuer les critiques qui pleuvaient sur un pouvoir législatif budgétivore que Youri Latortue avait annoncé que la somme proviendrait de la « rubrique investissement du Parlement ». 

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Le sénateur de l’Artibonite avait alors assuré que les travaux reprendraient en juillet 2017. Mais un an plus tard, Youri Latortue expliquait que le décaissement de ces milliards du Parlement était pris dans les carcans du Ministère de l’Économie et des Finances.

Depuis lors, l’affaire est close et personne ne sait où sont passés ces trois milliards de gourdes que le Parlement devait mettre disponibles pour le démarrage des travaux. 

Samuel Celiné

Poète dans l'âme, journaliste par amour et travailleur social par besoin, Samuel Celiné s'intéresse aux enquêtes journalistiques.

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