EN UNESCIENCE & TECHNOLOGYSOCIÉTÉ

Qui gère les déchets électroniques en Haïti?

0

Le téléphone acheté aujourd’hui sera démodé l’an prochain. D’anciens appareils électriques/électroniques ont fait place à de nouveaux. Hors d’usage, ces gadgets deviennent des déchets qui ne sont pas sans conséquence sur la santé et l’environnement. Qui gèrent ces déchets en Haïti ?

La coupe du monde se tient du 14 juin au 15 juillet en Russie. Beaucoup d’Haïtiens  ne rateront  aucun match. A défaut d’électricité, certains utiliseront des piles pour faire jouer leurs radios. Sans le savoir, la pile contient des composés dangereux tels du plomb, du lithium et du cadmium qui sont très nocifs pour  la santé et l’environnement. Elle ne doit pas être jetée dans la même poubelle qui contient les déchets ménagers, car, les métaux qui le composent sont souvent cancérigènes. Pourtant, la pile est l’arbre qui cache la forêt.

Des ordinateurs ; téléphones ; caméra ; tablettes ; photocopieuse ; téléviseurs ; radios ; réfrigérateurs ; fers à repasser… sont des déchets lorsqu’ils sont en fin de vie. Généralement les techniciens parlent de DEEE c’est-à-dire des déchets d’équipements électriques et électroniques. Ils sont considérés comme des déchets dangereux parce qu’ils sont explosifs, toxiques, facilement inflammables. Aimin Chen, épidémiologiste, avance que les e-déchets contiennent  de nombreuses substances chimiques tels le plomb, le mercure,  le chrome ou le cadmium qui sont très nocives. C’est pourquoi dans certains pays dans le monde, notamment le Canada, des associations écologistes créent des programmes pour remédier à la situation.

Les téléphones portables

Selon le CONATEL, il y a un peu plus de six millions de portables activés en Haïti dont 33% sont des Smartphones. Avec le progrès technologique, ce nombre augmentera inévitablement dans les années qui viennent. Imaginez ce qui arrivera dans cinq ans. Ils seront probablement remplacés par de nouveaux et deviendront des déchets. Etant donné qu’il existe peu d’informations sur la toxicité des e-déchets, les ménages se les approprient  comme des déchets ménagers, ce qui est très dangereux.

L’ouvrage des déchets utiles de Sally Morgan paru en 2006, relate que des millions de téléphones portables représentent 1 à 2% des déchets électroniques. Cela parait insignifiant cependant, les téléphones contiennent des produits chimiques dangereux (arsenic, cadmium, antimoine, béryllium, cuivre, nickel et mercure) qui peuvent contaminer l’environnement. C’est dans ce sens que certaines compagnies de téléphonie mobile trouvent une alternative pour gérer ces déchets. Bell, une compagnie canadienne a lancé en avril 2003 le programme « Recycler, réutiliser, recomposer » en vue de recycler d’anciens appareils portables contenant des matières toxiques.  Les clients n’ont qu’à rapporter leurs téléphones usagés dans n’importe quel magasin de l’institution. Un tel programme aide les utilisateurs à se protéger tout en protégeant l’environnement.

Effets nocifs des e-déchets sur la santé et l’environnement

Les réfrigérateurs, climatiseurs et congélateurs par exemple, contiennent des gaz frigogènes (le gaz qui provoque le refroidissement) qui sont de puissants gaz à effet de serre. Quand on perce les circuits qui les renferment, ces gaz se dégagent dans l’environnement et le polluent. La pile, peut créer des allergies, des troubles des systèmes reproducteur et nerveux. Les téléviseurs à écran plat, ordinateurs et d’autres matériels informatiques contiennent de l’arsenic et d’autres métaux lourds pouvant polluer l’environnement. Certaines batteries des tablettes sont inflammables et peuvent exploser. En fin de vie ces appareils et d’autres qui ne sont pas cités dans cet article doivent être recyclés pour ne pas causer de tort à leurs utilisateurs.

Malheureusement, on ne parle pas encore de recyclage en Haïti. Les mairies et le Service Métropolitain  de Collecte de Résidus Solides (SMCRS) qui se battent jusqu’à présent sur qui devrait se charger des déchets ménagers ne traitent  pas des déchets électroniques. Le SMCRS et des entreprises privées traitant des déchets ont été contactés pour la rédaction de ce  papier, tous ont répondu par la négative en ce qui attrait à la gestion des e-déchets. Ils ne connaissent personne œuvrant dans ce champ dans le pays. Ce qui pourrait peut-être résulter du vide juridique qu’il y a dans la question, pas de prévisions légales de mesures législatives  sur le mode de gestion des e-déchets en Haïti. Par conséquent personne ne traite des déchets électroniques dans le pays, il revient aux citoyens de se protéger contre les méfaits de cette nouvelle catégorie de déchets.

Conseils

Ne jetez pas les piles dans les poubelles ordinaires, ou mieux utilisez des batteries rechargeables. Si vous souhaitez vous procurer d’une nouvelle marque de laptop ou de téléphone, vendez ou offrez votre ancien appareil à quelqu’un qui en a besoin. Le recyclage des objets électroniques est important. Avant de jeter votre appareil dysfonctionnel, pensez à le faire réparer. Si malgré cela l’appareil ne fonctionne pas éloigne-le de la maison.

Laura Louis est journaliste à Ayibopost depuis 2018. Elle a été lauréate du Prix Jeune Journaliste en Haïti en 2019. Elle a remporté l'édition 2021 du Prix Philippe Chaffanjon. Actuellement, Laura Louis est étudiante finissante en Service social à La Faculté des Sciences Humaines de l'Université d'État d'Haïti.

Comments

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *