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Pour la valorisation du patrimoine Haïtien‏

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Haïti possède des atouts comparatifs (climat, nature, histoire, religion et culture…) qu’il nous incombe d’exploiter pour les transformer en avantages compétitifs. Elle bénéficie d’une histoire riche et d’une excellente réputation pour sa gastronomie. Aux fins de ne pas laisser nos richesses se gaspiller, les politiques de développement durable doivent non seulement encadrer les initiatives et projets visant à la création d’espaces touristiques, mais surtout tenir compte de la préservation de nos sites naturels, historiques, religieux et archéologiques.

Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui avant de le transmettre aux générations à venir. Nos patrimoines ne sont pas que des sources irremplaçables de vie et d’inspiration ou des valeurs culturelles, mais également des vecteurs de progrès et de développement. Cependant, on ne peut parler de patrimoine culturel et de développement socio-économique sans parler d’abord de leur recensement et de leur valorisation. Il faut inventorier et comprendre comment valoriser ce patrimoine en partant d’une question qui au prime abord n’a l’air de rien, mais qui au fond est complexe: qu’est-ce qui constitue le patrimoine culturel haïtien?

Est considéré comme patrimoine culturel de la nation les biens meubles et immeubles, le capital immatériel et les sites naturels qu’ils soient publics ou privés. Le noyau dur du patrimoine culturel englobe notamment les monuments historiques, les sites archéologiques (appartenant également au patrimoine naturel), les musées, les œuvres d’art, le patrimoine immatériel et intangible (celui que l’on peut en particulier numériser et diffuser sur internet).

La valorisation, la gestion et la protection de ce patrimoine représentent un enjeu non seulement culturel, mais aussi social et économique pour le développement des territoires. En effet, les actions visant à le valoriser, à le gérer et à le protéger contribuent aussi à lutter contre la pauvreté, à améliorer la qualité de vie des habitants et à renforcer la cohésion sociale. Sa préservation nécessite cependant la mise en place d’un cadre règlementaire précis et adapté aux réalités locales. Il nous faut des dispositions législatives pour implémenter notre stratégie de promotion du patrimoine culturel national et pour sauvegarder, protéger et mettre en valeur le patrimoine physique et non physique. Les lois sur la sauvegarde du patrimoine national, parue au journal officiel Le Moniteur le 25 avril 1940, la Convention de 1972 sur la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles doivent être respectés et  appliqués. Si nécessaire, de nouvelles lois doivent être votées et les anciennes abrogées.

Diverses régions du monde pensent accéder à la modernité en substituant du neuf à de l’ancien, négligeant la dimension culturelle et patrimoniale dans les projets d’aménagement, de planification et de développement territoriaux, ce qui se traduit par des pertes en termes d’espaces urbains, de lieux de mémoire ou encore de traditions et pratiques sociales. Dans la majorité de ces projets, la collaboration entre acteurs nationaux et autorités locales dans la mise en œuvre de la politique relative à la gestion et à la valorisation du patrimoine reste faible. Pourtant, grâce à l’innovation technique, la préservation du patrimoine pourrait être à l’origine du développement économique, socioculturel et du rayonnement de tout un pays. La valorisation du patrimoine crée des emplois, génère des revenus dans les filières de la construction, du tourisme, de la restauration, de l’artisanat, enfin elle contribue à l’amélioration du cadre de vie.

On ne peut parler de stratégie de sauvegarde durable, par exemple de « villes historiques  vivantes » que si existent et se conjuguent la volonté du décideur et du gestionnaire, le savoir-faire du conservateur et l’engagement du citoyen. Toutefois, le développement local par le biais du patrimoine matériel exige le renforcement du sentiment d’appartenance et de fierté des populations locales. Si l’engagement de l’État reste fondamental, les municipalités sont de plus en plus dotées de responsabilités dans ce domaine (maitrise d’ouvrage de projets urbains et de projets de développement territorial). L’implication des collectivités locales est donc essentielle autant que la synergie entre les différents niveaux administratifs est aujourd’hui un impératif.

Les fêtes champêtres, le carnaval ainsi que les festivals peuvent être des occasions pour mettre en valeur notre patrimoine tout en redynamisant les économies de nombreuses communes et localités du pays à la situation précaire. Nous avons nombre de richesses qui attendent d’être exploitées. Nous avons besoin d’une nouvelle vague de revalorisation et de rentabilisation des secteurs culturel, sportif et artistique. Ils peuvent sans aucun doute constituer un puissant moteur de développement local. Les subventions de l’État pourraient être utilisées pour effectuer des travaux d’aménagement et d’infrastructures durables. Si nous sommes incapables d’agir sur le long terme, atténuons au moins la situation sur le court terme. Le secteur privé pourrait participer aussi, en investissant pour pallier la carence d’infrastructures hôtelières tout en encourageant une meilleure utilisation du patrimoine culturel et historique local pour le développement communal.

La mise en œuvre de ces évènements doit toutefois s’inscrire dans une stratégie de communication directe liée au développement d’une destination, d’un patrimoine donné. Au-delà de l’organisation dudit évènement, la gestion et les bénéfices qui en découlent sont deux éléments fondamentaux, car les événements sportifs, culturels et ludiques suscitent l’engouement et attirent des foules nombreuses. De plus, l’État doit s’investir de façon significative pour le développement du tourisme événementiel en collaboration avec le secteur privé et la société civile. Une attention particulière doit être portée à la manière de développer des services et des pratiques autour de ces événements touristiques afin que la dynamique créée profite à l’ensemble du territoire et aux acteurs de la filière. Cela donnera sans doute envie aux visiteurs de revenir se ressourcer et se divertir. Dans un tel contexte, le tourisme événementiel pourrait être un levier pour le développement touristique et la croissance économique.

La valorisation du patrimoine haïtien permettra le développement de l’intérêt du grand public à travers notamment les agences de voyages. Elle entrainera la diversification du marché touristique haïtien. Les projets autour de nos attractions emporteront la création de nouvelles entreprises et d’emplois décents.

Place au débat!

Job Peterson MOMPREMIER

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