La majorité du sel produit en Haïti est fabriqué de façon artisanale
La production de sel en Haïti avoisine 67 500 tonnes par an selon les données du Comité interministériel d’Aménagement du Territoire. Des zones comme Grande Saline, Gonaïves, Aquin, Fort-Liberté et Anse-Rouge participent grandement dans cette production.
Ce sel vendu au marché ne contient pas d’iode, car la méthode de production pratiquée en Haïti n’est pas moderne. Selon un article sorti par l’UNICEF en 2012, seulement 3 % de la population haïtienne avait accès au sel iodé, essentiel notamment pour le fonctionnement de la glande thyroïde située à la base du cou.
Le sel iodé produit en Haïti atteint à peine 11 000 tonnes métriques par an. Cette production est en grande partie l’œuvre d’une usine pilote d’entrepreneuriat social de l’organisation Ananda Marga Universal Relief Team (AMURT-Haïti).
Selon cette institution, les estimations révèlent que moins de 5% des ménages haïtiens ont accès à du sel adéquatement iodé. À cet effet, plus de 50% de la population haïtienne n’en a pas accès. Ce qui occasionne une déficience développementale extrême chez des enfants et des goitres chez les adultes.
Dezilia Louis est l’une des productrices de gros sel dans la localité de Grande Saline, située dans le département de l’Artibonite. Selon cette dame, la production du sel traditionnel n’est pas compliquée puisqu’il ne demande pas les techniques de production d’une usine de qualité.
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Il suffit de creuser un bassin de plusieurs pieds en forme rectangulaire dans les marais salants puis on ajoute dedans de l’eau et des feuilles d’arbres dénommées criste marine, une sorte de plante comestible et médicinale qui favorise la cristallisation du sel, explique Dezilia Louis.
Cette mère de six enfants travaille dans ce sous-secteur depuis plusieurs années. Le bassin qu’elle possède actuellement a été construit par ses grands-parents. Elle relate qu’il n’existe pas de date précise pour récolter le sel dont la production peut varier entre deux ou trois mois.
Roseline Altidor possède également un bassin de sel à Grande Saline. Selon lui, l’emplacement du bassin doit nécessairement avoir une mine de sel pour être capable d’en produire. Altidor révèle que lors des saisons pluvieuses, les eaux peuvent détruire les bassins de production et empêcher la récolte.
En ce sens, il est préférable d’attendre une période de sécheresse pour se lancer dans cette production, rajoute Altidor. C’est pourquoi, la production n’est pas la seule activité des habitants dans cette région qui, par moment, s’adonnent à la culture du riz, du maïs et de vivres alimentaires, bien que la majorité de la population produit le sel.
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Dans la chaîne de production du sel, il y a d’abord les responsables des bassins aussi appelés propriétaires ; les saliniers, ceux et celles qui ramassent le sel et les travailleurs qui emballent le produit et remplissent les camions.
Selon le producteur de sel Nesly François, les propriétaires de bassin paient jusqu’à 2 000 gourdes par baril pour le ramassage du produit lors des récoltes. Or, un bassin de sel marin détient une capacité de 13 à 15 barils.
Une récolte de sel peut être vendue à 60 000 gourdes. Ce montant est loin de satisfaire l’attente financière de Dezilia Louis qui se plaint de ne pas générer suffisamment de revenus après les récoltes. Des saliniers rencontrés et interviewés par AyiboPost font savoir qu’un sac de sel peut se vendre jusqu’à 600 gourdes.
« Je voulais vendre mon bassin, mais malheureusement je ne trouve pas d’acheteurs », regrette Dezilia Louis. Fort souvent, elle retourne chez elle avec la même quantité de sel qu’elle avait transporté au marché. « On ne détient pas de lieu de stockage alors qu’on risque de perdre une récolte en cas de pluie », ajoute Louis qui dit avoir déjà gâché deux récoltes.
Les propriétaires de bassin paient jusqu’à 2 000 gourdes par baril pour le ramassage du produit
Ces temps-ci, les rares sacs de sels vendus sont achetés par les habitants de la région Grande Saline, car il n’y a pas de compagnies acheteurs, fait savoir Dezilia Louis.
Près de 2 850 producteurs de sel sont recensés sur tout le territoire national. Ils sont tous dans l’impossibilité ou presque de faire fonctionner leurs entreprises suivant les techniques modernes. Ces techniques sont mises en place à travers plusieurs bassins alimentés par des tuyaux polyvinyl chloride (PVC) où le traitement du sel est réalisé selon les normes recommandées.
Cette technique a commencé à s’intensifier dans le département de l’Artibonite particulièrement à Anse-Rouge en 2008 suite au développement de l’usine mise en place par AMURT-Haïti et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Feguenson Hermogène a participé à ce reportage.
Les photos ont été prises aux Gonaïves par Valérie Baeriswyl pour AyiboPost
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