Chars blindés et back up de police sécurisent les carnavaliers sous le regard des personnes déplacées réfugiées dans les locaux du Rex théâtre depuis août 2023
Des dizaines de familles déplacées de force se sont retrouvées devant le parc industriel de la SONAPI, situé sur le boulevard Toussaint Louverture, très tôt le matin du 12 février 2024.
Ces familles fuyaient les affrontements entre gangs en cours dans la plaine du Cul-de-Sac depuis au moins deux semaines.
Des femmes enceintes, des enfants en bas-âge, des personnes âgées désœuvrées, debout ou assises sur le trottoir, l’air épuisé, pouvaient être remarquées dans la zone.
«Il y a des cadavres sur les routes, des maisons ravagées par les flammes. Les gens sont obligés de fuir leurs foyers par peur. C’est horrible», témoigne à AyiboPost, James Bélizaire, président de l’association «Men kontre pou devlopman», à Blanchard.
Cette énième guerre de gang implique «Chen Mechan» et un autre groupe armé de Terre Noire, dans la plaine, selon les témoignages recueillis sur place par AyiboPost.
«Men kontre pou devlopman» vient en aide aux personnes âgées.
«Plus de cinquante personnes en âge avancé se retrouvent désormais sans toit, dispersées à divers endroits. L’une d’entre elles a été atteinte par balles », rapporte Bélizaire.
Le 13 novembre 2023, une attaque armée a surpris les habitants de cette localité.
Mais pour Exalus Jacqueline, mère de quatre enfants, ce n’était pas si intense que celle qui vient de les pousser à partir.
« J’ai pu sauver mes quatre enfants, mais maintenant je n’ai aucune idée d’où ils se trouvent », explique Exalus à AyiboPost, la gorge nouée.
La dame réside dans la zone depuis 2009.
Elle explique que des dizaines d’habitants sont déjà partis trouver refuge à Delmas, Pétion-ville et Kenscoff. La plupart ont fui les mains vides, laissant tout derrière eux.
D’après le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme, le mois de janvier 2024 s’est révélé être le plus violent enregistré dans le pays depuis deux ans. Le bilan fait état de plus de 1100 personnes tuées, enlevées ou brûlées, incluant plus de 800 victimes innocentes. Ces chiffres représentent trois fois plus que les statistiques collectées en janvier 2023.
Entre le 20 janvier et le 7 février, au moins une quinzaine de morts a été recensée et près d’une trentaine de blessés survenus lors de confrontations entre manifestants et forces policières.
Selon l’organisation internationale pour les migrations (OIM), les conflits en cours dans plusieurs communes de la zone métropolitaine de Port au prince ont poussé 10 000 personnes à fuir leurs maisons entre le 5 et le 14 février 2024.
À midi, un photojournaliste d’AyiboPost s’est rendu aux Champ-de-Mars où se déroule l’ambiance du carnaval jusqu’à aujourd’hui mercredi 14 février.
Un important dispositif de sécurité a été constaté sur place. Chars blindés et back up de police sécurisent les carnavaliers et carnavalières sous le regard des personnes déplacées réfugiées dans les locaux du Rex théâtre depuis août 2023.
« Nous n’aimons pas Ariel. Nous savons qu’il y a l’insécurité. Mais nous voudrions donner une autre image du pays », déclare le militant politique Germain Jean-Baptiste, rencontré sur le parcours du carnaval au Champ-de-Mars.
«C’est à la justice et à la police de s’occuper des bandits», déclare-t-il en réponse aux critiques de certains qui estiment que le moment n’est pas propice à l’ambiance du carnaval et qui fustigent ceux et celles qui y participent.
Dans l’après-midi de ce lundi marquant le deuxième jour gras, des tirs nourris ont perturbé l’ambiance au Champ-de-Mars. Au moins une personne a été blessée par balles et d’autres ont dû vider les lieux.
Par Jean Feguens Regala & Wethzer Piercin
Image de couverture : Des déplacés forcés par la violence des gangs se réfugiant au Rex Theatre assistent au carnaval. | Jean Feguens Regala/AyiboPost
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