Se balader dans ces zones avec une caméra visible comporte ses risques
Un soleil à peine agressif balaie la ville de Port-au-Prince en cette matinée du 26 juin 2023. En temps normal, le centre-ville bouillonnerait, exploserait même, de vie. Pourquoi ne pas aller y jeter un coup d’œil ?
Mon collègue-photographe, Jean Feguens Regala, opine du chef. Nous enfourchons sa moto et je passe ma caméra en bandoulière, prêt à la dégainer.
Rapidement, nous débouchons sur la Rue Pavée. Il est environ 10h en ce jour, et ce tronçon ressemble à un cimetière en pleine nuit.
Plus loin, la vie semble habiter la Rue des Casernes. Cet espace abrite désormais presque toutes les activités qui se trouvaient autrefois aux alentours de la cathédrale de Port-au-Prince.
Plus nous nous rapprochons du centre-ville, plus les motos et voitures se font rares.
Arrivés au boulevard Harry Truman plus connu sous le nom du Bicentenaire, nous sommes choqués par la désolation des lieux !
Ce boulevard, jadis fierté d’Haïti, affiche le sombre tableau vide d’une rue déserte du côté sud, occupée par les ruines de certains bâtiments et des stations-service. Au nord, certains tap-taps assurent le trajet vers la Saline et quelques piétons qui tentent de se rendre à leur activité peuvent être observés. Les routes trouées font le lit pour d’énormes flaques d’eau, autour desquelles les mauvaises herbes prospèrent.
Le bicentenaire est très sale. À la rue Magasins de l’état – fameux garage à ciel ouvert pour les clients humbles – les mécaniciens courent après les clients, mais la vitalité d’autrefois n’est plus.
Même constat à la Grande Rue ou au Boulevard Jean Jacques Dessalines : à 10 h du matin, un calme presque plat s’y règne. L’activité la plus visible est le transport en commun. Le Marché en Fer, bien qu’imposant, ne fonctionne qu’en catimini.
Se balader dans ces zones avec une caméra visible comporte ses risques. À côté des regards réprobateurs et des injures, il faut aussi s’attendre aux injonctions du type : «Kanpe la, pa bouje !».
Aucune patrouille de police ne s’observe dans les environs, et la mairie semble avoir déserté les lieux bien avant l’accélération de l’insécurité.
Par David Lorens Mentor et Jean Feguens Regala
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