Elle fut la voix de la médiocrité raciste d’un certain Occident incapable de penser l’Autre et incapable de reconnaître à l’Autre le droit de se penser
Elle a tant fait de mal que la malice populaire n’a pas pu s’empêcher de traduire son nom en anglais, en référence à son pays d’origine, les États-Unis : Hélen The Lime. Lime, citron mais aussi mollusque. Elle est allée aussi cette malice jusqu’à lui prêter des amants dans les milieux politiques et le monde des affaires haïtiens. Des personnages peu reluisants, peu connus pour leur élégance, leur honnêteté et l’amour du bien.
Ce qui est de l’ordre de la vie privée devrait bien entendu rester dans la sphère privée. Mais la violence exercée par la représentante personnelle du Secrétaire Général des Nations Unies sur le peuple haïtien fut telle que, faute de pouvoir s’en défaire ou s’en venger, la colère populaire a pris toutes les formes de langage : l’invective, l’humour, la satire.
N’est-elle pas allée jusqu’à saluer la fédération des gangs ?
Helen La Lime est sans aucun doute, depuis les tristes jours de l’Occupation américaine, la politicienne étrangère à avoir fait le plus de mal à Haïti. Elle a accompagné le PHTK dans sa destruction des institutions nationales et son choix du banditisme et de la corruption comme modes de gestion de la chose publique. Elle a organisé le mensonge permanent sur la situation haïtienne auprès des institutions internationales et des peuples du monde. Elle a freiné toutes les initiatives haïtiennes pour une sortie digne de la crise politique que ses actions et propos n’auront fait qu’aggraver. Elle a été la principale instigatrice et exécutante d’une vision raciste d’Haïti qui a motivé la politique de la « communauté internationale » vis-à-vis d’Haïti : mépris du sujet collectif haïtien, logique de continuité contre la demande de rupture formulée par le peuple haïtien, gaspillage de fonds et usage d’un pouvoir décisionnaire sur les affaires politiques haïtiennes.
Elle a accompagné le PHTK dans sa destruction des institutions nationales et son choix du banditisme et de la corruption comme modes de gestion de la chose publique.
Des deux cadeaux empoisonnés que nous ont faits les Nations Unies, quand il viendra de mesurer leurs effets et conséquences, la présence de madame La Lime aura fait pire que l’épidémie de choléra. Il ne suffira pas d’une politique de vaccination et d’assainissement pour arrêter la prolifération du virus et en effacer les traces. Madame La Lime a enlevé aux Haïtiens le droit de décider pour eux-mêmes, gaspillé l’argent des contribuables du monde qui financent les Nations Unies quand elle ne l’utilisait pas à de mauvaises fins, décidé qu’il fallait en Haïti moins d’États et plus de libéralisme, soutenu pour cela le PHTK, méprisé une Constitution qu’elle a jugée trop élaborée pour un troupeau qui n’a besoin que d’une parodie de démocratie au service d’une activité économique sans surveillance.
Cette femme a été le déshonneur des Nations Unies et de la « communauté internationale ». Chaque fois que l’Occident parlera de son soutien à la démocratie, la défense des droits humains, l’intégrité des territoires et la souveraineté des nations, on pourra légitimement l’accuser de mensonge en se référant aux actions de madame La Lime en Haïti.
Elle a organisé le mensonge permanent sur la situation haïtienne auprès des institutions internationales et des peuples du monde.
On ne connaît pas les qualités ou absences de qualité humaine de son successeur. Mais peut-on imaginer pire que madame La Lime ? Son action fut telle que dans un théâtre absurde, il faudrait dans chaque ville, dans chaque quartier, lui ériger des statues pour ensuite les déboulonner. Elle fut la voix de la médiocrité raciste d’un certain Occident incapable de penser l’Autre et incapable de reconnaître à l’Autre le droit de se penser. N’est-elle pas allée jusqu’à saluer la fédération des gangs ? N’a-t-elle pas été l’instance de légitimation internationale de pouvoirs corrompus et illégitimes ? N’a-t-elle pas méprisé les propositions venues des Haïtiens ? Quel est le résultat de son règne ? Impasse politique, prolifération des gangs, augmentation de la pauvreté et des écarts sociaux, destruction quasi complète de toutes nos institutions étatiques.
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Lorsque nous aurons de nouveau droit à un carnaval digne de ce nom, lorsque nos comiques pourront faire du stand up sur fond de caricature, nous ne la raterons pas, comme nous n’avons pas raté Rochambeau, Caperton, Cumberland… Madame, mascotte, épouvantail, vous entrerez dans notre histoire tout en haut de cette hiérarchie de figures honnies qui, de la traite à votre mission, par la mer puis par les airs, ont fait un mal que seul le racisme peut justifier à un peuple qui ne demande qu’à vivre. Votre nom est déjà synonyme de quelque chose de malsain, de lugubre.
De quoi fûtes-vous l’ambassadrice ici ? Vous avez dirigé, cautionné l’escalade vers le pire. On dit que vous partez à la retraite, tant mieux pour les peuples du monde. Le peu d’humanisme qu’il nous reste nous interdit de souhaiter que vous partiez sévir ailleurs. Et épargnez-nous tout long discours avant de prendre l’avion. Pour nous, comme pour vous, abrégeons les adieux.
Lyonel Trouillot
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