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Non, 2019 ne sera pas meilleure pour Haïti!

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Gare à l’illusion que le nouvel an sera meilleur !

Nous avons tous, par moments, joué à ce petit jeu qui ne nous a finalement été utile en rien. Soit pour satisfaire les attentes étrangères, soit pour montrer à ceux qui sont proches de nous que nous avons « foi dans le futur ». A force de nous montrer optimistes, nous avons gommé la réalité malgré toute sa laideur qui s’étale continuellement devant nos yeux. Il est de ces évidences dont la crudité nous prend à la gorge, qu’on préfère escamoter pour ne pas les affronter.

Avec la nouvelle année, c’est encore la même rengaine. On fait des vœux conformément à la tradition, comme s’il s’agissait d’énoncé performatifs et qu’à  eux seuls ils produisent la réalité.

Cessons de nous bercer d’illusions, l’année 2019 ne s’annonce pas joyeuse pour nous Haïtiens vivant dans notre pays. Ce sera une période de grandes batailles car un nouvel an ne saurait changer la nature profonde de nos élites. Les hommes d’argent voudront plus d’argent et les hommes de pouvoir, plus de pouvoir.

La gestion des fonds Petrocaribe et la gestion de l’ouragan Matthew entre autres,  sont des illustrations assez pertinentes pour comprendre que les maîtres du système sont définitivement indécrottables. Depuis des lustres, être Haïtien n’a jamais été un statut valorisant à travers le monde. Ils ont travaillé pour nous amener à ce point et ils veulent à tout prix conserver le statu quo.

Ils ont une grande certitude: c’est le pouvoir qui distribue la justice, et l’argent fait accéder au pouvoir. Par conséquent, tant que vous ne réaliserez pas que votre bataille se doit désormais d’être politique, vous serez toujours à côté de la plaque et ils auront toujours le dessus.

Les vautours demeureront des rapaces. Ils seront sur les dents pour les éventuelles élections de cette année. Ils sortiront leurs griffes pour décrocher leurs sièges au conseil électoral. Ils savent que vous pouvez vociférer tant que vous voudrez, au final, c’est le pouvoir qui fait pencher la balance.

Petrocaribechallenge a été un bon signal en 2018. Mais il en faut plus du côté des Petrochallengers car la bataille est désormais politique. Trop de jeunes qui ont été sur le pavé sont encore perplexes. Il faut de nouvelles têtes dans la politique, car, qu’on le veuille ou non, pour être efficaces, les solutions doivent passer par la politique. L’idée n’est pas de s’enfermer dans un jeunisme salvateur qui a déjà démontré ses limites, mais plutôt de comprendre qu’il faut des intelligences progressistes dans les grands espaces de décision. Il faut absolument de nouvelles têtes dans la politique avec de nouvelles manières de penser et de voir.

On ne doit plus se faire d’illusions sur les hommes qui nous gouvernent. Ils ont assez fait l’étalage de leurs « petiteries ». Les maîtres du système ont placé aux plus hauts sommets de l’Etat des gens qui n’ont pas le tempérament taillé pour être des hommes d’Etat. Nos parlementaires ont déjà donné le meilleur d’eux-mêmes : pas grand chose. Pour démontrer leur pragmatisme et leur dimension progressiste, ils ont bloqué la publication des résultats des élections indirectes des collectivités locales  au nom de « notre bien être ».

2019 sera peut-être une année tendue et difficile pour nous tous. C’est l’année où les crises amorcées en 2018, seront peut-être enrayées. Le budget voté a donné le signal clair que rien de substantiel ne sera modifié. La précarité continuera à nous solliciter, les injustices sociales s’amplifieront et les éruptions des colères populaires seront inévitables.

C’est certainement au prix de l’engagement que nous conquerrons nos droits fondamentaux. Il est absurde qu’après 215 ans d’indépendance, nous sommes encore là à nous demander si nous sommes vraiment dignes de vivre comme des humains.

Il faut s’atteler à secouer la conscience d’une jeunesse évangélisée, télénovélisée et footballisée à outrance. Il faut faire comprendre à cette jeunesse qu’il existe un droit qui s’appelle « dignité » et qu’elle doit se battre pour se l’approprier et en jouir.

En plus des condescendances de nos élites, le Chili, le Canada et les Etats-Unis de Trump nous ont suffisamment montré que les portes étaient closes.  S’engager n’est plus une option, nos vies en dépendent.

 

Ralph Thomassaint Joseph

Directeur de la Publication à AyiboPost, passionné de documentaire.

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