Les agricultrices rurales rencontrent des difficultés pour avoir accès à la terre, selon la sociologue et féministe Tamas Jean Pierre
Les femmes rurales représentent 70 % de la main-d’œuvre agricole en Haïti, selon l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
Bien que celles-ci soient majoritaires dans les champs, le secteur agricole reste largement dominé par les hommes qui possèdent la majeure partie des terres agricoles, d’après des études.
Les femmes œuvrant dans le domaine de l’agriculture rencontrent des difficultés pour avoir accès à la terre, raconte la sociologue et féministe Tamas Jean Pierre.
L’héritage est l’un des moyens de posséder la terre dans le pays.
Les femmes rurales représentent 70 % de la main-d’œuvre agricole en Haïti (selon la FAO).
En Haïti, les litiges concernant l’héritage foncier sont également très fréquents. Une veuve qui ne sait pas comment protéger ses droits fonciers peut être expulsée par la famille de son défunt mari, souligne un rapport de juillet 2022 de « Habitat for Humanity ».
Le système indivis — dans lequel la propriété n’est pas séparée entre les héritiers — pratiqué dans le pays est l’une des causes expliquant l’inégalité des propriétés de terres entre les hommes et les femmes, rajoute Jean Pierre.
Un rapport publié en 2017 par l’ONG ActionAid révélait que seulement 11 % de femmes dans la région de l’Artibonite détiennent un titre de propriété.
D’autres rapports illustrent également l’inégalité de titres de propriété entre les hommes et les femmes.
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Les données des Nations-Unies en 2015 indiquent qu’en Haïti, 71 % des femmes ne possèdent ni terre ni maison et 20 % possèdent un bien conjointement, alors que seulement 9 % sont propriétaires.
Selon le précédent rapport qui cite le ministère de la Santé publique et de la Population, en 2005 seulement 8,5 % des femmes possédaient seules la terre et 16,4 % partageaient la propriété foncière.
Or, la contribution des femmes dans la production agricole est estimée entre 25 à 50 %, toujours selon le rapport d’ActionAid.
En Haïti, les litiges concernant l’héritage foncier sont également très fréquents. Une veuve qui ne sait pas comment protéger ses droits fonciers peut être expulsée par la famille de son défunt mari.
Certaines commencent très tôt dans le métier. Gislaine Saint-Fleur, 62 ans et mère de huit enfants, s’est lancée dans l’agriculture en 1982.
Membre de Mouvman Peyizan Papay (MPP) depuis 1995, Saint-Fleur coordonne et participe activement aux travaux de jardins. «Je récolte toujours avec beaucoup de plaisir puisque c’est le fruit de mon travail en tant que femme», dit-elle à AyiboPost.
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Dans la troisième section communale de Hinche, Questamène Cenor cultive ses terres depuis vingt-deux ans.
Grâce à ses activités de production, Cenor arrive à prendre soin de ses six enfants, selon ses dires. «Même quand parfois je n’ai que mes jardins comme source de revenus, j’arrive quand même à payer la scolarité de mes enfants», confie la dame à AyiboPost.
Dans ses jardins étalés sur environ deux carreaux de terre, Cenor cultive principalement le maïs, la banane et le manioc qu’elle vend sur le marché local. «Cette année, j’ai été satisfaite de la récolte de manioc. J’en ai vendu plus de 75 sacs à des prix acceptables», se réjouit-elle.
Bien que celles-ci soient majoritaires dans les champs, le secteur agricole reste largement dominé par les hommes qui possèdent majoritairement les terres agricoles.
En Haïti, plusieurs organisations luttent pour l’intégration et la protection des paysannes comme Mouvman Peyizan Papay, Mouvman Nasyonal Kongrè Papay et Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen. Ces structures sont membres de La Via Campesina, une organisation internationale regroupant des paysans dans 80 pays sur quatre continents.
En général, les femmes restent peu représentées dans les organisations agricoles, selon les spécialistes contactés par AyiboPost.
MPP, l’une des plus anciennes organisations paysannes du pays, avait encouragé la participation des femmes dans les activités agricoles depuis les premières années de sa création en 1973. L’organisation attendra 1975 pour voir une femme participer dans ses réunions, selon son fondateur, Chavannes Jean Baptiste.
Cependant, explique le porte-parole du Mouvman Peyizan Nasyonal Kongrè Papay (MPNKP), l’une des femmes ayant participé à cette première rencontre avait été battue par son mari dès son retour à la maison, prétextant que ce genre d’activité n’est pas destinée aux femmes.
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Ganier, une agricultrice de la troisième section communale de Hinche, était la première femme à avoir intégré le groupement dénommé «La Patience», au sein du MPP en 1980. «Ganier a dû tenir face aux désaccords de son mari», explique Chavannes Jean Baptiste.
Islanda Micherline Aduel, membre de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen et représentante des jeunes pour le continent américain au sein de La Via Campesina, évoque son combat au sein de cette institution.
«L’un des objectifs de notre lutte est de forcer l’État à prendre des mesures pour l’élimination des discriminations contre les paysannes et d’autres femmes évoluant en milieu rural», ponctue Aduel.
L’une des femmes ayant participé à cette […] rencontre avait été battue par son mari dès son retour à la maison, prétextant que ce genre d’activité n’est pas destinée aux femmes.
Les femmes, tout comme les hommes, obtiennent difficilement du crédit à des taux avantageux pour les activités agricoles en Haïti.
Des organisations comme Tèt Kole Ti Peyizan comptent sur la technique mutuelle Solidarité (MUSO). Il s’agit d’une approche économique sociale et solidaire permettant aux paysannes d’avoir accès à des prêts préférentiels afin de s’échapper aux taux d’intérêt exorbitants des banques commerciales.
Dans le contexte de conflits entre Haïti et la République Dominicaine, où la balance commerciale pèse largement en faveur du pays voisin, des voix s’élèvent pour demander plus d’investissements dans la production agricole locale.
«Les hommes et les femmes affrontent presque les mêmes problèmes à cause de l’absence de volonté politique des dirigeants», analyse à AyiboPost l’agronome Pierre Saintalus, coordonnateur départemental du Centre de l’organisation Promotion pour le Développement (PROMODEV).
Les femmes, tout comme les hommes, obtiennent difficilement du crédit à des taux avantageux pour les activités agricoles en Haïti.
Avec les phénomènes climatiques, les agricultrices et les agriculteurs ne trouvent pas à leur disposition des variétés de semences améliorées capables de résister et produire dans un climat chaud, évoque l’agronome.
Le positionnement géographique d’Haïti dans le bassin de la Caraïbe expose le pays beaucoup plus aux cyclones et tempêtes. Dans cette situation, les cultivatrices et les cultivateurs ne bénéficient d’aucune protection économique et d’assurance de l’État, dénonce le coordonnateur du Centre de la PROMODEV.
À cela s’ajoute l’absence de prêts agricoles et le dysfonctionnement du bureau agricole communal (BAC) qui affectent grandement les paysannes et les paysans ayant besoin des moyens financiers pour cultiver.
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De plus, l’agronome Saintalus considère le déséquilibre social dû à l’insécurité généralisée dans le pays comme un autre problème qui affecte le secteur agricole. «Cette situation a réduit considérablement les productions agricoles et augmenté les importations pour répondre aux besoins alimentaires de la population.»
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Découvrez cette présentation de la militante et essayiste afroféministe Fania Noël, sur l’utilité de la production intellectuelle féministe, en marge du lancement du Cycle de Formation en Études Féministes, Genre et Sexualité (CFEGES) par l’organisation féministe haïtienne NÈGÈS MAWON en août 2023:
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