Mise en Contexte
Depuis deux décennies environ, la révolution technologique ne cesse de bousculer nos habitudes de travail, quand ce n’est tout simplement notre manière de vivre. D’un côté, l’éclatement du modèle traditionnel de gestion des données d’entreprise nous oblige à composer avec des concepts aux contours vertigineux, sinon ombrageux, tels que « Big DATA », « Open DATA » ou « All DATA »; d’un autre côté, avec l’avènement du « Cloud Computing », c’est tout le marché des services informatiques qui s’envole dans les nuages.
Face à cette onde technologique, les plus sceptiques sont en train de se demander si ce modèle informatique ne menace pas de tout emporter en fumée, avec à la clé, des risques d’enfumage des solutions des prestataires informatiques. Mais sans tomber dans cette exagération prosaïque, il n’est pas injustifié de s’interroger sur la réponse des institutions et des entreprises haïtiennes face à ces enjeux de compétitivité et de performance ?
De la nécessité de supporter l’investissement dans les technologies.
Incontestablement, le contexte technologique et informationnel a conduit à l’expansion des « données d’entreprise ». Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la gestion des données: celle du BIG DATA. Désormais les données sont partout et augmentent à épuisement le stockage. Pour les institutions publiques et les entreprises, le défi est de taille. Savoir et pouvoir décider, vite et bien, deviennent de plus en plus des enjeux de survie organisationnelle.
Pourtant, très souvent, l’informatique au sein des entreprises et des organisations a d’énormes difficultés à soumettre les rapports dans les délais et, surtout, avec la fiabilité et l’agilité nécessaires pour faciliter l’analyse des indicateurs et le recoupement multidimensionnel offrant la connaissance indispensable à la prise des décisions tactiques et/ou stratégiques.
Il en découle que ce modèle inflationniste des données rend nécessaire de substantiels investissements technologiques qui, à leur tour, exigent la disponibilité, dans l’entreprise, de nouveaux savoirs et de nouvelles compétences capables de modéliser les flux informationnels pour préparer à l’exercice des responsabilités. Objectivement, il est indéniable qu’à la base de toute décision managériale «performante», il y a des solutions informatiques et des processus statistiques, c’est-à-dire des méthodes innovantes et des outils technologiques, qui supportent l’aide à la décision.
Du contexte haïtien de l’exhibitionnisme et de la perversion technologiques.
Mais où en
Nous avons tous en mémoire, les séances publiques des réunions de Conseil de Gouvernement, présidées par l’Ex Premier Ministre Laurent Salvador Lamothe, où des ministres exhibaient, à en crever la vue, toutes sortes de tablettes, de smartphones et de gadgets technologiques. Pourtant, après l’évasion de la prison civile de la Croix- des- Bouquets, le 10 aout 2014, il a fallu presqu’un mois et demi pour que la Direction de l’Administration Pénitentiaire, malgré l’aide des experts de la Minustah, soit capable de fournir la liste partielle des détenus de cette prison dite moderne financée par les fonds canadiens. Ceci aurait dû être une tache de performance basique, programmée sur un système informatique de gestion des détenus, et exécutable à la deux millièmes de secondes près.
La mauvaise utilisation des technologies a perverti le concept des TIC qui,
De l’adaptation de l’offre de formation au contexte informationnel pour promouvoir de nouveaux métiers.
Pourtant, que ce soit pour des stratégies de rentabilité, d’efficacité, de compétitivité, de performance ou, d’une manière générale, d’optimisation de la décision, les organisations et les entreprises doivent disposer de compétences qui maitrisent « les méthodes et les outils informatiques et statistiques de la gestion des données». L’objectif, à terme, étant d’offrir, aux « unités décisionnelles» de ces entreprises et de ces organisations, des solutions performantes et agiles, accompagnées de méthodes et d’outils qui permettent des perspectives d’analyses multidimensionnelles. Évidemment, l’ensemble de ces solutions concourt à l’obtention d’une vision sinon complète, du moins approfondie, cohérente et intelligible du patrimoine informationnel de l’organisation ou de l’entreprise pour supporter le management de la décision.
Dans ce contexte, il est particulièrement intéressant et pertinent de signaler que le curriculum de formation de l’École Nationale d’administration des Politiques Publiques (ENAPP), qui prépare les futurs responsables de l’administration publique haïtienne, ne contient aucun cours de système d’information dédié au management de la décision.
Or il s’agit d’un module de cours incontournable pour dresser le profil de compétences des décideurs de demain, à travers une démarche de résolution de problèmes profondément orientée vers l’éducation à l’exercice des responsabilités et la culture de la prise de décision à partir de faits probants.
Il n’est pas sans importance de rappeler ici que le rôle de l’Université consiste, en grande partie, à anticiper l’émergence des besoins organisationnels dans une société, en proposant, entre autres, des solutions de formation adéquates pour préparer « Les Élites », qui affronteront les défis de demain.
De la responsabilité des médias et de l’engagement des citoyens
Évidemment, dans ce contexte électoral caractérisé par l’inflation stérile de l’offre politique, il serait pédagogiquement utile que les directeurs d’opinion et les responsables des médias invitent à centrer le débat sur les méthodes et les outils qui permettent l’exercice des responsabilités et sur des réflexions porteuses de stratégie pour l’avenir, capables de nous amener à déserter l’espace de ce modèle managérial d’échec qui tend à se structurer.
L’opinion publique nationale haïtienne est unanime pour reconnaitre l’inflation de l’offre politique, en cette conjoncture électorale, qui est potentiellement déstructurante. Cependant, sans être un hasard, cette course effrénée et chaotique pour l’exercice des responsabilités publiques, est un signe manifeste de l’échec du modèle managérial haïtien.
En effet, si nos élites avaient appris à travailler et à décider avec des méthodes et des outils qui facilitent l’émergence de la connaissance, si nos élites s’étaient éduquées à l’exercice des responsabilités par la mobilisation de compétences et de
Manifestement, c’est là une expression concrète de ce modèle managérial d’échec à la puissance « I trois » fait d’imposture, d’irresponsabilité et d’impunité.
Ainsi, il est devenu urgent que ceux et celles qui habitent durablement ce pays, qui ne sont pas en transit et qui ont quelque chose d’innovant à proposer, trouvent le courage de risquer « cette illusion de confort » dans laquelle ils se sont installés pour tenter d’arrêter cette vague d’imposture qui tend à se structurer avec l’aide passive et active des uns et des autres.
En effet, incidemment, et peut être, sans nous en rendre en compte, ce modèle d’échec est en train d’être expérimenté aussi au niveau des agences internationales évoluant en Haïti. Car plus la représentativité nationale au sein de l’administration publique est faible et dévalorisante, plus l’international se sent plus à l’aise pour nous envoyer des experts au rabais afin de recycler, dans leurs projets, de petites idées sans valeur ajoutée alors qu’ils sont payés à coup de dizaines de milliers de dollars par mois à partir des fonds collectés au nom de notre détresse.
De toute intelligence, c’est seulement en faisant la promotion de méthodes de travail innovantes, en contextualisant le contenu de notre offre de formation académique et professionnelle avec des préoccupations qui se trouvent au cœur de la problématique de la gestion des politiques publiques, en permettant l’émergence de nouveaux savoirs et
Erno Renoncourt
Erno.renoncourt@icloud.com
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