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Lyonel Trouillot | Pachanga, valse et contredanse

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Plus le temps passe, plus ce Conseil vire déjà à la caricature avant même son installation

Cela fait de nombreuses nuits, pourtant elles ne semblent pas avoir porté conseil. Voilà un peuple, un pays, condamné à attendre un Conseil présidentiel. L’attente d’un pis-aller, d’une solution en faute de mieux. Pour que reprenne un semblant de vie réelle et institutionnelle. Car la vie s’est arrêtée. Le quotidien consiste à nous regarder dépérir.

Et plus le temps passe, plus ce Conseil vire déjà à la caricature avant même son installation. Plus les rumeurs de tractations, de concessions, d’inféodation aux instances internationales, de remontée en force de l’influence des bandits légaux qui ont pillé ce pays pendant une décennie, augmentent et nous effraient.

On parle de ministres du sinistre gouvernement de facto de Ariel Henry qui réclament des postes dans la diplomatie. On ne sait rien de ce qui se passe dans ce qu’il reste de l’administration publique. Les supporteurs zélés du gouvernement de facto recommencent, sans gêne, à investir les médias.

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Le conflit reste le même entre une logique de continuité et l’exigence de rupture exprimée par la population. Ce Conseil sera le territoire d’affrontement entre ces deux démarches contraires. Nous aurons, pour nous qui voulons voir ce pays changer vers plus de justice et de bien-être pour tous le manque de crédibilité, le manque de personnalité, la faiblesse intellectuelle et l’incompétence avérée des représentants du banditisme légal au sein de ce Conseil. Ils n’ont jamais fait et ne savent rien faire d’autre que ce qu’ils ont fait : utiliser le pouvoir pour servir leurs intérêts personnels. Ils auront pour eux l’influence et le pouvoir d’action d’une clique qui contrôle une grande partie de l’administration publique. Leur pouvoir de nuisance sera leur arme.

Face à cela, il faudra, sans joie, soutenir la partie progressiste, exercer une surveillance permanente sur les décisions, les orientations de ce Conseil. Le danger existe que les représentants des secteurs n’ayant en rien participé au pillage du pays et à la destruction de ce pays par les variantes PHTK aillent perdre au sein de ce Conseil le peu de crédibilité et de confiance que le pays leur accorde.

On entend des voix qui accusent le Montana de glisser dans une « douce dérive ». Poursuite des auteurs des crimes de sang et des crimes financiers sur les quinze dernières années.

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Mesures en faveur des classes défavorisées qui sont en train de crever. Intelligence et gestion politique et sécuritaire du problème des gangs. Rétablissement des instances institutionnelles. Établissement des conditions pour la tenue d’élections dignes de ce nom. Ce Conseil aura dans son sein des marionnettes opposées à tout cela. Et derrière ces marionnettes tel avocat marron, tel ancien sénateur, tant de politiciens corrompus, tireurs de ficelle et prédateurs jamais au repos.

La tâche qui nous attend est lourde. Tandis que l’installation de ce Conseil semble osciller entre pachanga, valse et contredanse, il faut déjà penser aux outils que nous allons nous donner pour que ce Conseil, malgré son caractère bancal et les tueurs d’aubes en son sein, nous fasse faire un petit pas vers l’avenir meilleur auquel nous avons droit.

Par Lyonel Trouillot

Image de couverture éditée par AyiboPost montrant les membres actuels du conseil présidentiel.


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Poète, romancier, critique littéraire et scénariste, Lyonel Trouillot a étudié le droit.

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