Opinions

Lyonel Trouillot | Honte et jubilation

0

Honte à nous tous, si nous ne faisons pas de notre urgence absolue le choix d’un mouvement et d’une offre politique qui nous sortira au plus vite de l’ignoble dépendance

Je suppose qu’il y a des gens qui jubilent.

Quelque grand manitou occidental heureux d’avoir convaincu des nègres en mal d’argent de venir chez d’autres nègres avec leurs armes, sous prétexte de soulager leur détresse.

Quelque honnête citoyen qui, voulant faire à mauvaise fortune bon cœur, se dit : ils vont quand même sauver des vies, permettre que la vie reprenne ici ses droits. Mais en a-t-on la certitude ?

Quelque affairiste, toujours à l’affût, qui cherche comment en tirer des sous : commerce avec les gangs, commerce avec les occupants, commerce avec Dieu, le Diable, les deux en même temps, avec n’importe qui, que ce soit dans la boue, dans le sang, dans la honte, commerce quand même.

Lire aussi : Lyonel Trouillot | Pachanga, valse et contredanse

La lie du PHTK qui doit se dire, le véritable ennemi, ce ne sont pas les gangs, les gangs ont été nos enfants, nos alliés jusqu’à très récemment. Le véritable ennemi, c’est ce foutu peuple avec ses revendications. Pourvu que les policiers du Kenya et de tout autre pays en mal d’argent viennent exercer contre lui la fonction répressive qu’exerçaient les gangs. Ce ne sera qu’un changement de personnel avec les mêmes fonctions.

La lie du PHTK encore, et tous les faux élus des fausses élections de la dernière décennie qui doivent se dire : Avec cette force, il y aura un semblant de paix et de légitimité. Il s’agit simplement de donner à l’Occident la parodie qu’il réclame, de prétendues élections dans le calme. C’est la continuité, il faudra simplement s’arranger pour que la tricherie soit validée. Ce ne devrait pas être difficile. Comme dans la chanson, tout ce que demande l’Occident c’est qu’on fasse comme ci.

Lire aussi : Lyonel Trouillot | Le gang de Musseau et son indécence sans limite

Honte à ceux qui ont joui des richesses de ce pays sans mesure ni vergogne, car c’est sur ce fond trop criant d’inégalités que s’est développée la criminalité comme une solution individuelle.

Et honte à nous tous, si nous ne faisons pas de notre urgence absolue le choix d’un mouvement et d’une offre politique qui nous sortira au plus vite de l’ignoble dépendance. La première question à poser au CPT, au gouvernement, à celles et ceux qui vont briguer des postes électifs : quelle politique allez-vous mener pour que les prétendus objectifs qui les ont amenés ici ne se transforment pas en éternité ? Pour que nul ne pouvant plus se prévaloir de leur nécessité, ils s’en aillent au plus vite ?

Quand un pays a perdu de sa souveraineté, l’urgence est de la retrouver.

Par Lyonel Trouillot

Image de couverture : Les policiers kenyans sur le tarmac de l’aéoroport internationale Toussaint Louverture.  | © Jean Feguens Regala/AyiboPost


Gardez contact avec AyiboPost via :

► Notre canal Telegram : cliquez ici

► Notre Channel WhatsApp : cliquez ici

► Notre Communauté WhatsApp : cliquez ici

Poète, romancier, critique littéraire et scénariste, Lyonel Trouillot a étudié le droit.

    Comments