Opinions

Lyonel Trouillot | Haïti en quête urgente d’un véritable consensus

0

Ils voulaient le pouvoir, s’y accrochaient par tous les moyens. L’histoire est en train de leur faire la place qu’ils méritent

La «communauté internationale», la classe des affaires, les gens des classes moyennes aisées et de la moyenne bourgeoisie qui n’avaient pas osé rejoindre le vaste mouvement de refus de l’arrivée et du maintien au pouvoir d’un gouvernement de facto illégitime, voilà la liste de ceux qui se sont faits complices, commanditaires et protecteurs d’une bande d’irresponsables qu’ils sont aujourd’hui obligés de lâcher.

Ils auront volé deux ans de la vie d’un peuple dont les voix connues et respectées, les foules rassemblées malgré la fureur répressive, les intellectuels, les associations et les secteurs organisés, avec l’absence notoire de la classe des affaires, réclamaient un gouvernement de transition issu d’un consensus.

Lire aussi : Lyonel Trouillot | Les peuples finissent toujours par dire : c’est assez !

On a assisté de la part de ce monde à un mépris total de la volonté exprimée par les Haïtiens dans leur majorité. Ils se sont donné le droit de décider à la place de cette majorité, usant de formules sans contenu du genre : « on ne remplace pas une transition par une transition ». Mais où diable la voyaient-ils cette transition ?

Un gouvernement de facto sans pouvoir de convocation, sans politique générale, allié des gangs qui l’accusent aujourd’hui de les avoir trahis, utilisant la police comme force de répression contre la société civile, insoucieux du sort des populations déplacées, utilisant les ressources de l’État de manière arbitraire, signant avec quelques pourris qui ne valent pas mieux que lui des accords qu’il ne respecte pas, violant tous les principes de la loi et de la constitution.

Lire aussi : Lyonel Trouillot | Langage, folie et déshonneur

Dictatorial et irresponsable. Un Premier ministre de facto qui s’attribue des prérogatives réservées au président. Une ministre de la justice qui ne trouve pas mieux à faire que d’aller se pavaner dans une exposition, alors que l’on pille, viole, tue. Un ministre de l’Éducation nationale qui fait du charme à des ombres et peut-être quelques « blancs » en annonçant des mesures ridicules et inapplicables tandis que la violence chasse des milliers d’enfants de leurs quartiers, que les enseignants sont mal payés quand ils le sont, que des écoles reçoivent des tirs d’armes lourdes quand elles ne servent pas de refuge aux déplacés.

Voilà la mauvaise vie à laquelle les soutiens de la clique à Henry avaient choisi de condamner un peuple. Jovenel Moïse avait fermé la porte à une solution institutionnelle à la crise politique. À sa mort, il fallait instaurer un pouvoir consensuel pour assurer la transition vers un pouvoir démocratique. Le gouvernement de facto d’Ariel Henry n’avait rien de consensuel. Même un enfant pouvait comprendre cela. Les enfants qui chantent l’ont d’ailleurs compris : pa vle Ariel, pa vle Ariel.

Aujourd’hui, dans une situation rendue encore plus difficile par ces deux ans de souffrance pour la majorité et de bénéfices personnels, nous voilà forcés de trouver une formule consensuelle pour un gouvernement de transition.

Lire aussi : Lyonel Trouillot | La sombre destinée du gouvernement de facto

Personne, dans l’histoire de ce pays, de Antoine Simon au général jacques Gracia, n’aura été aussi moqué, déjugé, avili publiquement, que le Premier ministre de facto et quelques-uns de ses ministres. Ils voulaient le pouvoir, s’y accrochaient par tous les moyens. L’histoire est en train de leur faire la place qu’ils méritent. C’est la petite vengeance du peuple, pas grand-chose en fait, considérant le mal qu’ils ont fait.

Un vrai consensus. L’urgence.

Et sans doute faut-il apprendre à parler plus fermement à ceux qui ne nous écoutent pas.

Par Lyonel Trouillot

Image de couverture éditée par AyiboPost.


Gardez contact avec AyiboPost via :

► Notre canal Telegram : cliquez ici

► Notre Channel WhatsApp : cliquez ici

► Notre Communauté WhatsApp : cliquez ici

Poète, romancier, critique littéraire et scénariste, Lyonel Trouillot a étudié le droit.

    Comments