Derrière les personnages de cirque que peuvent être rois et gouverneurs se cachent les marionnettistes
L’Occident s’est longtemps amusé à mener des études ethnologiques sur les cultures des autres peuples, lesquelles cultures contiennent des mœurs ayant pu lui faire sourire.
Mais quoi de plus comique que cette famille royale d’Angleterre, les plus anciens rentiers du monde dont les vies ne sont faites que de lustre et de lucre. Le temps que les médias occidentaux consacrent aux fastes de ces enfants de Jupiter est en soi une offense à la réalité de ceux qui souffrent dans ce monde.
Mais dans ce monde, il n’y a pas que les rois, il y a aussi les gouverneurs. C’est ce que m’a dit un chauffeur de taxi haïtien un soir à Paris. «Pour faire bouger le pays, il faudrait virer le gouverneur Ariel Henry, mais les métropoles ont beaucoup de pouvoir.»
Le temps que les médias occidentaux consacrent aux fastes de ces enfants de Jupiter est en soi une offense à la réalité de ceux qui souffrent dans ce monde.
Notre malheur, c’est que le gouverneur Henry a reçu la mission ou se l’est donnée, de rendre la colonie inhabitable à un point où il faudrait une intervention étrangère pour assurer la survie du personnel du pouvoir colonial et renforcer ce pouvoir.
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Peu importe que des gens meurent, qu’il n’y ait ni travail ni justice, que tout ne se transforme en rien. D’ailleurs, ce n’est un secret pour personne que le gouverneur n’écoute pas les nouvelles de la colonie. Si le roi d’Angleterre trébuche, il lui enverra probablement un long message de sympathie et d’admiration. C’est le propre des subalternes.
Derrière les personnages de cirque que peuvent être rois et gouverneurs se cachent les marionnettistes.
Qui vend des armes aux gangs ? Qui maintient le gouvernement de facto au pouvoir ? Qui préfère voir Haïti mourir plutôt que de ne pas modifier une Constitution trop compliquée (entendez trop démocratique) ? Qui agit pour qu’il n’y ait pas une vraie transition démocratique ?
Mais dans ce monde, il n’y a pas que les rois, il y a aussi les gouverneurs. C’est ce que m’a dit un chauffeur de taxi haïtien un soir à Paris.
Nous avons des soupçons et des certitudes. Et bien sûr, ça ne peut pas durer toujours. On sait ce que les peuples savent faire des rois, des gouverneurs et des marionnettistes lorsqu’on les a poussés à bout.
Par Lyonel Trouillot
© Image de couverture : Influx
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