Ici, c’est une guerre de classes qui a pris des formes barbares ayant conduit à la criminalité comme pratique de reproduction et de survie. La société haïtienne dans ses rapports avec elle-même et dans ses rapports au monde a produit « les gangs »
Rappelons le mot de Jaurès : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». À l’intérieur des sociétés. Entre les sociétés.
Constatons ensuite que les discours se prétendant fondés sur des « valeurs démocratiques et universelles » ne convainquent personne.
À quelles valeurs universelles et démocratiques peuvent prétendre des sociétés qui produisent et reproduisent des groupes sociaux où les richesses des uns font la pauvreté des autres ! « America never was America to me », écrivait Langston Hugues, au nom des pauvres : noir, blanc, « red man », immigrant…
À quelles valeurs universelles et démocratiques peut prétendre un monde qui a épuisé tout principe de transcendance dans sa présentation, son analyse et sa gestion des conflits, de la violence, des guerres ! Qui, à part la presse occidentale, appelle ce qui se passe actuellement à Gaza « la guerre entre Israël et le Hamas » !
Comment peut-on légitimer telle guerre d’agression qui se veut préventive et condamner telle autre ! Pourquoi, quand tel crime est commis dans une société, on s’empresse de chercher l’origine de son auteur pour savoir comment le qualifier !
S’il est commis par tel, c’est une tendance de la part d’un groupe ethnique qui représente une « menace collective ». S’il est commis par tel autre, c’est l’acte d’un fou qui en porte seul la responsabilité.
Le monde ment, se ment, nous ment. Et tout le monde sait que tout le monde ment. On n’a pas le droit de tuer des enfants. Proposition universelle ? Mais telle armée le fait, et on fait avec. À croire que les enfants qu’elle bombarde et affame sont moins enfants que d’autres ! Ou qu’on peut « contextualiser », recourir aux apologies dépendamment de qui tue et qui meurt.
Le monde ment, se ment, nous ment. Et tout le monde sait que tout le monde ment.
Ici, c’est une guerre de classes qui a pris des formes barbares ayant conduit à la criminalité comme pratique de reproduction et de survie. La société haïtienne dans ses rapports avec elle-même et dans ses rapports au monde a produit « les gangs ».
Ils ne sont pas nés assassins. Aujourd’hui, ils tuent. S’il faut les combattre, peut-on dans le discours public avoir une attitude jouissive quand quelques-uns (car il ne s’agit que de quelques-uns) sont neutralisés. On a l’impression que même certains organismes dits de défense des droits humains éprouvent de la joie devant certaines morts.
Traquer les « bandits » est une chose nécessaire. Encore que, pas ici, les bandits des uns ne sont pas ceux des autres. Mais par-dessus tout, ce qu’il faudrait combattre, ne serait-ce pas les logiques d’intérêts, les sales jeux d’influence et les systèmes de domination qui font les guerres qui font le monde ? À l’intérieur des sociétés. Et entre elles.
Par : Lyonel Trouillot
Couverture | Photo d’un homme dans une rue, les mains levées en l’air, derrière lui des pneus qui brûlent. Source : RTBF / AFP
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