Pour la postérité, je sens le devoir impérieux de traduire ce qui est, à mon humble avis, le défi majeur du 21e siècle haïtien : l’économicisation de la politique. Quelque inaccessible que puisse paraitre la compréhension de ce concept, il ne fait que renvoyer à la nécessité de faire essentiellement du champ politique le réceptacle des contradictions socio-économiques majeures. Ceci, dans une perspective de recherche de solutions aux disparités inhérentes à la formation sociale haïtienne.
Générations militantes du futur, ne me taxez pas de marxisme primaire si je vous dis que la politique n’est qu’un élément superstructurel déterminé en dernière instance par l’infrastructure économique. De là étant, permettez que je vous dise qu’en plein cœur de ma praxis (militance concrète) aussi bien qu’au fort des débats publics contradictoires auxquels j’ai pris part, ce n’est qu’avec amertume que j’ai fait le constat de l’absence de l’économique et de la prédominance du politique stérile et primaire.
En effet, je suis de la rare constellation de jeunes Haïtiens qui ont le privilège d’exprimer publiquement leurs positions sur des enjeux politiques. Mon premier contact avec la faune politique affiliée aux médias a été des plus déconcertants. Les slogans tenant lieu de programmes politiques, les débats publics à travers les médias sont d’une sécheresse proportionnelle à la situation de dénuement systématique dans laquelle végète la société haïtienne entière. Et malheureusement, avec la complicité de la population qui croule sous le poids de la violence symbolique, les hâbleurs surmédiatisés dictent à la République le rythme effréné de ses pas vers l’abime. Au moment où je vous écris ces lignes, je pose déjà des jalons pour que change cette donne.
Générations militantes du futur, je ne sais pas encore comment vous recevrez la teneur de mes écrits. Rien ne me dit qu’au moment où vous lisez ces lignes, le débat qu’elles soulèvent n’est pas déjà anachronique. Cependant, si dans les
Générations militantes du futur, la génération militante qui me précède a pris le contrôle du pouvoir politique et malheureusement la sphère économique est restée la chasse gardée de ceux qui, à la fin du 19e et au début du 20e siècle, n’étaient que des immigrants extrêmement pauvres venus de la Syrie et du Liban. Le concours de François Duvalier aidant, ils sont aujourd’hui devenus les vrais nantis d’Haïti. Je n’ai aucun problème avec la richesse. Au contraire, j’en réclame pour tout le monde. Cependant, c’est désolant quand une élite économique dite « bourgeoisie compradore » refuse de participer en acteurs déterminants au processus inclusif de production de richesse dans une perspective de croissance susceptible de créer des emplois durables et une classe moyenne digne du nom. Et à ce moment, si vous avez uniquement en main les leviers politiques, vous serez toujours à la merci de ces ‘’étrangers du dedans’’. Ce n’est pas moi qui vous apprendrai à compter la longue liste des coups d’Etat fomentés par ces prédateurs
Générations militantes du futur, cherchez d’abord à avoir le contrôle des leviers économiques majeurs.
Générations futures, cherchez des partenaires étrangers sérieux, tenants du grand capital financier international. Sachez bien qu’ils peuvent bien être plus prédateurs que les étrangers du dedans. Cependant, je mise sur votre perspicacité. Vous saurez défendre les intérêts du pays pendant qu’ils défendront les leurs. C’est la dialectique de la gestion des contradictions. Les Investissements Directs Etrangers de ces milliardaires auront l’effet de créer une classe moyenne nationale millionnaire capable de donner un nouveau souffle aux petites et moyennes entreprises. Ne dépendez d’aucun partenaire exclusif ! Mais, parcourez les cinq continents en quête de meilleures propositions pour le bien de la majorité !
Générations militantes du futur, ne négligez pas la diaspora ! Elle est intéressée à participer au développement du pays. Son apport attend d’être rationnalisé. Si vous vous inspirez du modèle canadien, vous saurez que vous pourrez créer une véritable ‘’Banque d’investissement’’ à partir d’une partie de l’épargne de nos frères et sœurs vivant à l’extérieur, avec un capital initial de 6 milliards de dollars us, ce qui représente 1/10 seulement des placements boursiers des Haïtiens évoluant aux USA. Je ne vous parle pas des transferts, ils ne font qu’encourager l’importation.
Générations militantes du futur, prenez plaisir à encourager les investisseurs locaux, ceux qui ne croient pas en la rente vile et
Générations militantes du futur, prenez le soin d’inventorier sérieusement le potentiel minier d’Haïti. L’Avenir du pays en dépend. L’effectivité des Droits économiques, sociaux et culturels en dépend grandement aussi. Prenez note que ma génération a fait ratifier le Pacte International sur les DESC. Prenez dignement la relève ! Passez des vœux pieux à la concrétisation dans la glaise du réel vécu ! C’est tout un combat
Pascal ADRIEN
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