Il y avait, dans un village lointain, un enfant.
Cet enfant avait grandi dans ce village, entouré de ses parents et amis. Tout lui était familier : Les arbres, les maisons, les sons du voisinage. Il était heureux. Il se baladait durant le jour, chantant et regardant le ciel afin de trouver, au milieu des nuages, des formes amusantes. Il se baignait à la rivière et se nourrissait de fruits frais des jardins. Il connaissait la paix mais ne s’était jamais rendu compte du bonheur immense qui l’entourait puisqu’il n’avait jamais rien connu d’autre. Il n’y avait jamais eu aucun trouble dans son petit monde parfait.
Mais un jour, sans crier gare, son univers fut chamboulé. Une épidémie fit un grand ravage et sans même qu’il puisse s’y préparer, la mort vint frapper à sa porte, lui volant ses deux parents. L’eau de la rivière fut contaminée et la famine surgit comme un lion sans pitié. Le petit enfant errait ca et la, en quête de soulagement. La peine était si atroce qu’il sentait constamment un couteau s’enfoncer au plus profond de ses entrailles. La vie n’avait plus de sens. Plus rien n’avait de sens.
Un matin, au lever du soleil, il décida de partir très loin afin d’oublier son chagrin. Il voulait tout oublier : la mort, la douleur et même le bonheur qu’il avait connu. Il voulait recommencer à zéro parce que tout ce qui appartenait à son passé lui amenait tant de chagrin ! Il se mit à marcher en espérant trouver sur son chemin un nouveau commencement.
Il s’arrêta dans une vielle boutique, à la frontière de son pays. Un vieux Monsieur, somnolant derrière un comptoir, était le seul à pouvoir lui donner le ticket pour qu’il traverse cette frontière.
« Que cherches-tu ? » lui demanda le gentil Monsieur.
« Un nouveau commencement. » répondit le petit enfant
« Qui t’a laissé croire que tu pouvais trouver une telle chose ? Il n’existe point de nouveau commencement. Nous avons tous UN commencement mon enfant »
« Mais je ne veux pas retourner en arrière. »
« Personne ne te dit de retourner en arrière, mais il est impossible de continuer à avancer si l’on n’a point appris la leçon qui se trouve derrière nous. »
« Il n’y a aucune leçon à apprendre ! » hurla l ‘enfant. « La vie n’est qu’un néant de douleur et de chagrin. Il n’y a rien qui fasse de sens ou qui donne une signification à cette maudite plaisanterie qu’est cette vie. Si la vie est un cadeau, moi je n’en veux pas. »
« Vas, et retourne d’où tu viens. Ensuite, reviens ici et je te laisserai passer. »
Le petit enfant n’en revenait pas ! Pourquoi retourner et ensuite revenir ? Ceci devait être une mauvaise plaisanterie. Il se mit alors à marcher en direction du village. Mais chaque pas vers cet endroit maudit lui amenait une sensation de douleur intense. Il avait du mal à respirer et pouvait à peine sentir ses jambes.
Pourquoi devait-il retourner là-bas ? Pourquoi devait-il retourner vers cette terre maudite ? Pourquoi la vie était-elle si difficile ? Il se mit à pleurer toutes les larmes de son corps. Il avait mal. Il avait faim et ne désirait plus vivre.
Lorsqu’il atteint l’entrée du village, il s’assit par terre. Ceci était trop lui demander. Il ne trouvait pas en lui, le courage de revenir en arrière et de se rappeler tout ce qu’il avait vécu. Alors il s’allongea à même le sol et se mit à fredonner.
Je n’ai plus de forces mais je sais que ma force est en toi.
Je n’ai plus de larmes mais je sais qu’en toi est ma joie
Je n’ai plus le goût de vivre, mais je sais qu’en toi, je trouverai la source de vie
D’abord, il sentit une douleur insupportable. Il se rappela de tout… tout ce qu’il avait essayé d’oublier. Mais, après quelques minutes, plus il chantait, plus il se sentait léger et, au fur et à mesure, des bulles de couleurs vives se mirent à flotter au dessus de sa tête. Comme un rayon de lumière, une paix immense l’enveloppa pour l’aider à accepter les mauvais souvenirs du passé.
Il continua à chanter
Je n’ai plus de forces mais je sais que ma force est en toi.
Je n’ai plus de larmes mais je sais qu’en toi est ma joie
Je n’ai plus le goût de vivre, mais je sais qu’en toi, je trouverai la source de vie
Alors une force le releva et soudain, il put voir son cœur battre à travers sa poitrine ! Une main, comme celle d’un mage recollait ses morceaux brisés et tout ce qui était sombre au village se vêtit soudain d’une couleur éclatante. Des oiseaux volaient dans le ciel clair et l’eau de la rivière reprit sa couleur d’autrefois.
Lorsque l’enfant arriva chez le vieux Monsieur pour lui raconter ce qu’il avait vu, l’homme répondit simplement :
« Maintenant tu peux passer. »
Mais le petit enfant baissa les yeux et répondit
« Je ne veux plus fuir. Je veux continuer mon histoire. »
Et comme ça, il découvrit qu’il avait en lui, au milieu de la tempête, un calme imperturbable. Il était à nouveau libre de vivre.
« Tu as tout compris mon enfant. Seulement lorsque l’on décide de sentir et de se laisser guérir par la force divine, à ce moment là, l’on pourra trouver en soi, le courage qui était toujours présent. »
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