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Le Fort Saint-Joseph : Un patrimoine historique oublié

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Ce monument historique dominant la baie du Cap-Haïtien se retrouve fragilisé par le temps et des travaux de restauration inachevés, constate AyiboPost

Un mur effondré, des fissures béantes et un espace délaissé : le Fort Saint-Joseph, autrefois bastion militaire de la colonie française puis symbole de la résistance haïtienne, se trouve aujourd’hui en état de délabrement avancé.

Ce monument historique dominant la baie du Cap-Haïtien se retrouve fragilisé par le temps et des travaux de restauration inachevés, constate AyiboPost.

 

« Alors que ses murs se dégradent, c’est aussi la mémoire collective d’un peuple qui est mise à l’épreuve », déclare à AyiboPost Néferti Gracia, directrice exécutive de l’Organisation de Gestion de la Destination Nord d’Haïti.

L’OGDNH s’implique dans le renforcement et le développement touristique de la région depuis 2014.

Le Fort Saint-Joseph a été construit entre 1748 et 1774 par les colons français avant d’être repris par les esclaves pendant la période révolutionnaire.

Classé patrimoine national depuis 1995, ce site symbolique se détériore, faute de préservation.

L’édifice fait partie d’un réseau stratégique qui comprenait les forts Picolet, Magny et des Dames, protégeant le port du Cap-Français contre les menaces maritimes des forces ennemies et les incursions des pirates.

À une époque, Saint-Joseph incarnait la puissance militaire de la colonie, avec une architecture conçue pour dissuader les attaques ennemies.

Classé patrimoine national depuis 1995, ce site symbolique se détériore, faute de préservation.

Le fort, conçu pour défendre les intérêts économiques de la France, a été le théâtre de nombreux affrontements.

En 1788, Toussaint Louverture bombarde le site pour l’arracher des mains des troupes coloniales.

Lors de l’expédition de Leclerc en 1802, il est repris par l’armée française avant de tomber définitivement sous le contrôle de l’armée indigène en 1803, après la bataille de Vertières.

Le lieu traduit l’ingéniosité des esclaves qui l’ont construit et leur résistance acharnée pour la liberté.

En 1788, Toussaint Louverture bombarde le site pour l’arracher des mains des troupes coloniales.

En 2022, le Fort Saint-Joseph a fait l’objet d’un projet, fruit d’une collaboration entre le Fatima Group – un groupe de capital-investissement -, le ministère de la Culture et de la Communication (MCC), l’Organisation de Gestion de la Destination Nord d’Haïti (OGDNH) et l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN).

Ce projet devait aménager les structures du fort tout en modernisant sa présentation. Cet objectif n’a pas totalement été atteint faute de budget.

La construction d’un mur de soutènement pour protéger une partie du fort exposée sur le littoral a été interrompue faute de pouvoir collecter les fonds nécessaires pour le chantier, selon Gracia. Ce mur, placé après un glissement de terrain, s’est effondré le 18 novembre 2024.

 

Ayibopost

« La restauration incomplète n’empêchait pas l’attraction des touristes et visiteurs de la ville, ce qui était également bénéfique pour les différents secteurs d’activité de la région », poursuit Gracia.

Le site a accueilli différents événements, des mariages ordinaires aux attractions grand public, comme la 16ᵉ édition du Pap Jazz Festival organisée au Cap-Haïtien en janvier 2023.

L’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) ne peut intervenir. Contacté par AyiboPost, son directeur général, Patrick Durandisse, évoque des contraintes financières et des obstacles logistiques liés à l’insécurité croissante.

« Nous comptons aujourd’hui 176 sites et fortifications historiques en danger, voire en péril », alerte le responsable.

Lire aussi : L’État haïtien tourne le dos aux résidences historiques du pays. En voici quelques-unes.

L’ISPAN soutient avoir lancé des alertes répétées aux autorités concernées au sujet des menaces qui pèsent sur le patrimoine national, en insistant sur l’urgence de mettre en œuvre des mesures techniques pour protéger des sites historiques tels que le Fort Saint-Joseph, Picolet et Magny, tous exposés à des dangers similaires.

Selon Durandisse, le Fort Saint-Joseph ne devrait pas accueillir d’activités avec une forte fréquentation et il serait souhaitable qu’il soit inaccessible au grand public. Cet avertissement, selon le responsable, a été transféré au ministère de la Culture et aux autorités de tutelle de l’ISPAN, qui n’ont pas donné suite.

Fort Saint Joseph | ©AyiboPost

Pourtant, différentes activités ont été menées sur le site jusqu’à sa fermeture en novembre dernier.

 

 

« Il est nécessaire de mettre en place un programme de restauration qui doit s’étendre sur plusieurs années et concerner de façon continue les patrimoines », propose Durandisse de l’ISPAN.

L’État haïtien ne semble pas prêt à agir sur ce dossier.

Le directeur général du ministère de la Culture et de la Communication (MCC), Rhoddy Attilus, souligne à AyiboPost l’absence de ressources financières allouées pour la réalisation des différents travaux de restauration.

Investi dans ses fonctions il y a une semaine, Attilus annonce que « des pourparlers seront engagés auprès des autorités compétentes pour aborder le problème ».

Le problème de la gestion et de la préservation des patrimoines historiques et touristiques demeure une préoccupation en Haïti.

Lire aussi : La citadelle risque de perdre son statut de patrimoine mondial

Selon un article d’AyiboPost sorti en juin 2023, le parc national historique comprenant la Citadelle Laferrière, le Palais Sans-Souci et le Palais des Ramiers risque le déclassement de la liste des patrimoines de l’humanité de l’UNESCO.

Un an après, l’ISPAN a révélé le vol de deux couleuvrines dans le musée de l’Artillerie de la Citadelle Laferrière.

D’autres patrimoines historiques et touristiques du pays se situent dans des territoires occupés par des bandits.

ParLucnise Duquereste

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Journaliste à AyiboPost depuis mars 2023, Duquereste est étudiante finissante en communication sociale à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH).

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