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Le Centre d’Art restaure les « maisons » de Préfète Duffaut

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Deux projets initiés respectivement en 2012 et 2016 ont permis d’améliorer la conservation de la collection du Centre d’Art et de restaurer 8 tableaux de grande valeur. Franck Louissaint, le plus ancien des professeurs de l’Enarts a assuré la restauration.

Créé en 1944 sous l’initiative de l’aquarelliste américain Dewitt’s Peter et des intellectuels haïtiens  Albert Mangonès, Maurice Borno, Georges Remponeau et Gérald Bloncourt, le Centre d’art collectionne plus de 5 586 œuvres d’art haïtien. Suite au séisme dévastateur du 12 janvier 2010, 45%  de cette collection a été détruite. Pour remédier à cette situation, plusieurs institutions locales et internationales s’étaient mobilisées. Nous citons entres autres Fokal, Duke University, Yale University, Brown University, le musée du Louvre, la fondation Daniel et Nina Carasso. Dans la foulée, un projet de restauration a vu le jour en 2012. Son objectif visait à dresser un inventaire de la galerie du Centre d’art, préserver les archives, puis réparer les œuvres abimées.

Ce projet a permis à l’institution de rouvrir ses portes en 2014. Cependant, l’ensemble de sa collection était conservé dans des mobiliers en bois. Ce mode de conservation a gravement détérioré une grande partie des peintures, des sculptures, des arts graphiques et décoratifs. Ces œuvres sont le témoin oculaire de plus de 70 ans d’histoire de l’art haïtien, voire de l’histoire nationale.

En 2016, un deuxième projet de « restauration de peintures et de sauvegarde de la collection patrimoniale du Centre d’Art »  a été élaboré. Il a permis non seulement de réparer 8 tableaux de peintres classiques haïtiens mais aussi de construire des mobiliers métalliques pour sauvegarder le reste des œuvres abimées. Ce projet était financé par le « Fonds des Ambassadeurs pour la Préservation culturelle » du Département d’État américain et l’institution Smithsonian.

En deux ans, 8 tableaux sont restaurés

Pendant plus de deux ans, l’équipe administrative du Centre d’art, épaulée par un comité scientifique international a travaillé d’arrache-pied autour de ce projet de restauration. Dans l’intervalle, 8 œuvres datant de 1944 à 1990 ont été remises à neuf. À cela s’ajoute la formation de plusieurs artistes et techniciens haïtiens aptes à intervenir en cas de besoin.

La réparation des tableaux était assurée par l’artiste haïtien Franck Louissaint. Ce dernier a pu bénéficier de plusieurs séminaires de formation à Yale University et au Centre d’Art dans le cadre du projet.

Le dernier vétéran de l’Enarts a renové « Les Maisons » de Préfète Duffaut

Franck Louissaint, le plus ancien des professeurs de l’Enarts, fréquente le Centre d’Art depuis 1969. Il était chargé de la restauration de 8 tableaux appartenant aux peintres classiques haïtiens Luce Turnier, Roland Dorcely, Robert St Brice, Lionel St Eloi, Prospère Pierre Louis, Jorelus Joseph et Préfète Duffaut.

« Mon travail est plutôt technique et non créatif  dans la mesure où je dois respecter la démarche initiale de l’artiste et la teinture de l’œuvre », explique-t-il.

Cet artiste-restaurateur confirmé a réparé le tableau « Les Maisons ». C’est une œuvre de Préfète Duffaut, qui était complètement abimée lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Grâce au travail de retouche, de masticage, et de fixation effectué par Franck Louissaint, cette pièce a pu retrouver « sa lisibilité », pour reprendre les propos de l’artiste.

Le projet de « restauration de peintures et de sauvegarde de la collection patrimoniale du Centre d’Art » a touché à sa fin en décembre 2018. Néanmoins plus de 40% des œuvres sont encore abimées et nécessitent une intervention urgente, nous confie la directrice exécutive, Louise Perrichon Jean. De surcroît, l’absence de salle d’exposition constitue également l’un des problèmes majeurs auxquels le Centre d’Art fait face. On ne crée pas des œuvres d’art pour ensuite les enfermer dans des caisses en métal. Elles doivent être accessibles au public non seulement pour des questions de recherche mais également pour des besoins de loisir. D’où l’idée de l’acquisition d’un nouveau local, nourrie par l’administration du Centre. Pour ce faire, devrait-elle continuer à compter sur l’appui financier de ses partenaires  habituels ou espérer un engagement formel de l’État haïtien? Rappelons que le Centre d’Art est reconnu d’utilité publique depuis 1947, soit trois 3 ans après sa création. Ce patrimoine culturel, dépositaire d’une partie de notre mémoire collective, accompagne les créateurs locaux et contribue à la diffusion de l’art haïtien à l’échelle internationale.

Feguenson Hermogène

*Enarts : École nationale des arts

Feguenson Hermogène est journaliste et cinéaste. Il a intégré l’équipe d’Ayibopost en décembre 2018. Avant il était journaliste à la radio communautaire 4VPL (Radyo Vwa pèp la, 98.9 FM) de Plaisance du Nord.

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