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La crise politique traumatise vos enfants? Voilà comment les aider.

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Certains parents peinent à répondre aux interminables questions de leurs enfants cloîtrés à la maison après l’échec de la rentrée scolaire. Les scènes de violence et de dégradation occasionnées par la conjoncture sociopolitique actuelle ont un impact déterminant sur la psyché des enfants selon plusieurs professionnels

Depuis au moins deux semaines, Magdala Balthazar est obligée de garder sa fille Audrey à la maison. Les manifestations émaillées de violences réclamant le départ de Jovenel Moïse du pouvoir plongent l’enfant dans une inquiétude palpable.

À la maison, Magdala explique qu’elle doit gérer la fille âgée de 6 ans qui s’ennuie de rester à la maison. « Audrey me questionne régulièrement sur les raisons qui l’empêchent de se rendre à l’école. Elle me demande également de lui acheter des fournitures classiques afin qu’elle entreprenne certains travaux  et combler le temps qu’elle passe à la maison », rapporte la mère.

Magdala révèle qu’elle a envoyé Audrey à l’école pendant la première semaine. Un risque énorme, puisque le dernier jour, « c’est un proche de la famille qui s’est déplacé en urgence pour aller la récupérer à moto, traversant plusieurs barricades dressées dans plusieurs points de la capitale. »

Des scènes de violences de plus en plus partagées dans les médias

Les scènes d’affrontements et de heurts sont vues, commentées, relayées dans les médias. Parfois en temps réel. Certains médias, plus que d’autres, s’appuient sur le sensationnel afin d’attirer le plus grand nombre d’auditeurs et de spectateurs.

Communicateur social et père de famille, Louis Joseph Olivier regrette cette méthode que « les médias locaux utilisent de manière abusive. » Il explique : « Les télévisions locales ne restreignent pas certaines images et diffusent des scènes adultes à longueur de journée sans se soucier de l’intérêt des téléspectateurs ».

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Olivier raconte qu’il a diminué l’accès aux télévisions locales bien avant les évènements des derniers jours. « Je choisis également sur quelle radio écouter l’actualité afin d’éviter tout excès. Tous les matins je fais le point sur une seule fréquence et j’évite d’écouter l’information en temps réel », affirme-t-il.

Malgré toutes ces restrictions, Olivier n’a pas réussi à dissuader la curiosité de sa fille de 5 ans sur la situation actuelle. « J’ai dû lui expliquer pourquoi elle ne peut pas aller à l’école  ».

Olivier constate que sa fille est psychologiquement affectée par la crise politique. « Elle projette incessamment dans ses prières de retourner à l’école. Pour son dernier croquis, elle a dessiné sa famille au bord de la plage. Une image qui en dit long sur son état mental actuel ».

La menace est bien réelle

Samuel Jean Baptiste, psychologue engagé dans la protection de l’enfance affirme que « l’enfant est un individu épris dans un échange continu avec la société où il vit. L’environnement externe peut modeler son développement comportemental. »

De ce fait, les actes de violence recensés dans son environnement ont une influence sur son comportement. Entre 6 et 12 ans, les jeunes esprits sont très sensibles. « À cet âge, l’enfant se trouve à un stade d’apprentissage et sa structure mentale devient apte à appréhender toutes les réalités de son environnement . L’enfant pose beaucoup de questions et a tendance à partager les expériences qu’il vit à l’école par exemple», d’après Samuel Jean Baptiste.  

Selon le psychologue, ces violences peuvent causer « un traumatisme chez l’enfant.  Que l’enfant soit témoin de ces actes directement dans son environnement ou à travers les médias, il peut être traumatisé.   Les médias ont le pouvoir d’influencer notre pensée, nos sentiments et notre comportement ».

Ces violences peuvent causer « un traumatisme chez l’enfant».

Ces enfants auront parfois tendance à reproduire les actes dans leur environnement, continue M. Jean Baptiste. « [Ils peuvent] devenir très agressif[s] à l’avenir ».

Et d’ajouter, « ces actes de violence peuvent également troubler le rendement scolaire de l’enfant qui était prédisposé à entamer calmement une année scolaire. Ils peuvent également provoquer une situation de repli ou la peur des foules  ».

Cette réalité peut par ailleurs provoquer une certaine appréhension chez l’enfant vis-à-vis de sa communauté, car, selon le spécialiste, « c’est depuis l’enfance que se crée le sentiment d’appartenance. » Samuel Jean Baptiste reconnaît que la société exercera finalement une pression sur le comportement de l’enfant, mais les parents peuvent toujours agir à contre-courant.  

Face à cette situation, Samuel Jean Baptiste conseille aux parents de communiquer efficacement avec leurs enfants. « Les parents doivent expliquer aux enfants la réalité. Même s’il n’est pas nécessaire de lui présenter toute la portée politique et sociale, l’enfant doit comprendre les raisons de ces brusques changements dans les habitudes familiales ». Il faut aussi occuper leur temps libre par la lecture et d’autres initiatives éducatives. 

 

 

 

   

 

Journaliste et communicateur

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