Vous avez dû l’entendre ce dicton : «Qui se ressemble s’assemble». C’est naturel et logique… Mais en amour la question se pose avec acuité : Faut-il ressembler à son partenaire pour être heureux ? Ou plutôt faut-il un partenaire différent de soi, histoire de se compléter et d’être pleinement comblé ?
Moi, je me suis rangée du côté de la logique des contraires qui s’attirent. Peut-être qu’au fond je sais bien que la narcissique que je suis n’aurais pas pu supporter une autre « moi ». Dans la pratique pourtant ce n’est pas une mince affaire ! Maintenir l’harmonie de couple avec un partenaire ayant des gouts extrêmement différents des siens, relève d’une solide volonté consensuelle. Et ce, sans tenir compte du combat quotidien pour ne pas se laisser fondre dans l’autre, et altérer profondément le bagage authentique qui nous définit.
J’en sais long à ce sujet. Alors que je suis extravertie, sociale, bavarde et impulsive mon autre moitié est plutôt introverti, casanier, circonspect et réfléchi, préférant les activités en solo ou impliquant un cercle restreint de personnes aux mondanités que j’aime. Par conséquent, je n’y vais pas trop fort. Je réduis les activités mondaines et certaines fois, je me résous à y participer seule… même à contrecœur. J’ai encore du mal à accepter de ne pas avoir l’opportunité de partager ces moments de joie avec celui que j’aime, celui qui devrait être mon ami et complice. Et pourtant, selon son aimable perspective, il ne voudrait m’empêcher de faire ni de profiter des expériences et activités qui contribuent à mon épanouissement. Alors, j’ai sa bénédiction pour m’y adonner en solo, et occasionnellement, comme c’est le cas aujourd’hui, il se joint à moi pour jouer sa partition compromissoire.
Ce soir, nous sortons pour fêter l’anniversaire d’une de mes amies et il s’est mis sur son trente et un. Je sais qu’au fond de lui, il aurait souhaité que j’y aille seule, mais il a succombé à mon regard de biche. Il voulait faire plaisir à sa belle, et puis quand même, ces deux derniers mois je ne l’avais pas trop sollicité…
Nous sommes arrivés à la soirée et je me réjouissais de constater sa bonne disposition. Souriant et courtois, il participait activement aux conversations, son verre de rhum en main. La piste ne tarda pas à se remplir et bien vite l’ambiance n’était plus aux verbiages mais plutôt à la danse. Et moi, je ne rêvais que de m’y retrouver dans les bras de mon homme. J’adore danser contrairement à mon beau qui se contente de hocher la tête au rythme des mélodies qui lui plaisent. Alors bien sûr, je l’entrainai joyeusement sur la piste pour une première danse. Il n’avait pas trop l’air d’y mettre du sien. A la fin du morceau, il s’est excusé pour se rendre au bar. En l’attendant, je m’en allai rejoindre un petit groupe pour un interlude « reggae » entre femmes. J’étais en liesse pendant les quelques minutes que ça a duré, toutefois le DJ était revenu à son dada, le « konpa ». J’allai me rasseoir pour attendre le retour de Mathias, en évitant de trop penser aux couples qui se constituaient rapidement sur la piste. Cela faisait bien plus de quarante-cinq minutes. Je m’impatientais et lorgnais jalousement les couples en train de « plogue » sur du Jbeatz, Alan Cave ou Arly Larivière.
Mathias ne revenait toujours pas. Je fis à deux reprises le tour de la salle, il n’y était plus. Je ne voulais pas y croire mais je savais bien où il se trouvait. Je fis un appel pour m’enquérir des raisons de sa disparition. Il n’a pas répondu à son téléphone. Ça aussi c’est typique, ai-je pensé en hochant la tête. Je suis donc sortie pour confirmer qu’il était bien endormi dans notre voiture garée sur le trottoir d’en face. Il y était… « Chasser le naturel il revient au galop » dirait ma mère !
Eh bien, moi je n’étais pas prête à souffrir de son pseudo-compromis. Je tournai les talons en colère et rebroussai chemin. Un jeune homme se précipitant vers moi m’invita à danser. J’allais refuser, et puis je me suis dit pourquoi pas. Je lui demandai son prénom alors qu’il m’enlaçait suivant la cadence lascive de ce « Zouk » que j’aimais tant. Il bougeait avec grâce, me menait avec dextérité, et ses mouvements étaient empreints de sensualité… Il n’était pas possible de douter de sa passion pour la danse. J’ai fermé les yeux et je me suis laissée transporter… Nous avons savouré ensemble plus d’un morceau, et j’ai senti nos corps se rapprocher sans imposer résistance aucune.
Lorsque j’ai rouvert les yeux, je me suis fait violence pour esquiver son baiser qui aurait couronné ce moment de pure harmonie. Confuse, j’ai détourné la tête pour apercevoir mon mari en train d’assister à la scène ; il était revenu. Depuis combien de temps je ne saurai le dire. Je voulus aller vers lui, mais la surprise me cloua sur place. Il me dévisagea un moment, l’air impassible, avant de se diriger d’un pas calme vers la sortie.
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