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Des produits fabriqués en Haïti en manque de matières premières

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À cause de l’indisponibilité des matières premières venant notamment de la République Dominicaine, la survie de certaines entreprises locales est menacée

Plusieurs entreprises haïtiennes risquent leur survie à cause de la rareté des matières premières et le ralentissement des activités de l’autre côté de la frontière, en Chine et aux États-Unis.

« De nos jours, il devient encore plus difficile de se procurer des matières premières pour fabriquer du savon liquide, du gel hydroalcoolique (hand sanitizer), du désinfectant et du shampoing », révèle Frantz Pierre Louis, un chimiste et entrepreneur qui vit de la commercialisation de ces produits.

Cette situation découle de la fermeture de certaines entreprises en République Dominicaine à cause du nouveau Coronavirus. Elle explique la pénurie de matières premières sur le marché provenant du pays voisin, signale l’économiste Etzer Émile.

Indisponibilité des intrants

Depuis 2011, Casa Néo Productos est le fournisseur de plusieurs petites entreprises haïtiennes qui se lancent dans la fabrication du savon, Fabuloso, parfum, alcool camphré, eau de bouche, entre autres.

Les substances utilisées comme le texapone, le phénol, l’acide citrique, le formol, les colorants, entre autres, ne sont pas fabriquées en Haïti.

Le Covid-19 occasionne une diminution des stocks à Casa Néo Productos, ce qui étouffe les activités de l’entreprise, dit le chimiste Neston Néré, PDG de cette institution située à Delmas 24.

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 « Il existe une rareté de matières premières. Le ralenti des activités à la frontière est synonyme de dysfonctionnement pour notre entreprise et pour nos clients », raconte Neston Néré qui compte quatorze employés dans son entreprise.

Les intrants vendus par Néré proviennent de la Chine, des États-Unis et de la République Dominicaine. Les décisions prises par les autorités dominicaines pour juguler le Covid-19 ont fini par aggraver la situation de cette institution dont les activités commerciales avec la Chine et les États-Unis étaient déjà au ralenti depuis l’annonce de la pandémie en décembre dernier.

Le patron de Casa Néo Productos pense que l’entreprise ne survivra pas si la paralysie occasionnée par la pandémie se poursuit. Depuis l’annonce de la maladie, les chiffres d’affaires ont baissé de 50 %.

L’indisponibilité des intrants se pose aussi pour l’industrie pharmaceutique en Haïti. Elle constitue le principal blocage pour la production locale de la Chloroquine par les laboratoires 4C et Farmatrix. La Chloroquine est un médicament en expérimentation dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.

D’autres secteurs sont touchés

L’agroalimentaire, l’un des plus grands secteurs de la vie économique en Haïti, est également menacé. Il réunit toutes les entreprises qui touchent à l’alimentation des animaux ainsi qu’à l’agriculture.

La poule de chaire, par exemple, doit être bien nourrie pendant environ sept semaines avant qu’elle atteigne sa maturité. La rareté des matières premières (maïs, soya, nucléole, graisse) et autres éléments nutritifs pour le mixage de leur nourriture peut entraver leur croissance.

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« Ce problème touche les éleveurs qui sont très paniqués cette année pour la disponibilité des poules qui devraient être mises en vente durant la Pâque », fait savoir Vertus, responsable de l’entreprise agroalimentaire Flamboyant à Gressier.

Le PDG révèle que la lenteur des activités au niveau de la frontière a engendré une carence en maïs, soya, nucléole, graisse et autres éléments nutritifs dans son entreprise. Ces ingrédients nécessaires à l’alimentation des poules ne sont pas produits en Haïti.

Christla Cyrus, propriétaire d’un poulailler logé dans la ville de Gressier, parle de difficultés pour l’entretien de sa basse-cour de nos jours. Comme conséquence, Cyrus risque anticipe une diminution de la quantité d’œufs produits par jour.

Une crise sanitaire et économique

Selon l’économiste Etzer Émile la décision des autorités de fermer la frontière ne touche pas les relations commerciales entre Haïti et la République Dominicaine puisque les marchandises peuvent encore circuler.

En même temps, Etzer Émile pense que l’arrêt des activités et la fermeture de certaines entreprises en République voisine pendant cette crise sanitaire affectent la production. D’où la rareté des matières premières liées à la fabrication des produits chimiques et cosmétiques sur le marché haïtien.

Cette situation est aussi due au choix de certains entrepreneurs haïtiens qui préfèrent dédouaner leurs marchandises dans les ports dominicains puisque les tarifs portuaires en Haïti sont beaucoup plus coûteux qu’en République Dominicaine, analyse Émile.

Avec le coronavirus qui ralentit les activités dans ces ports, certains entrepreneurs éprouvent de grandes difficultés pour rapatrier leurs marchandises.

Photo couverture: un port en République Dominicaine 

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Journaliste à AyiboPost. Communicateur social. Je suis un passionnné de l'histoire, plus particulièrement celle d'Haïti. Ma plume reste à votre disposition puisque je pratique le journalisme pour le rendre utile à la communauté.

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