En plus de la surchage qui rend l’apprentissage difficile pour ces élèves, ils requièrent un soutien psychosocial, souvent inexistant dans les écoles d’accueil
Au cours des trois derniers mois, 154 000 personnes déplacées de Port-au-Prince ont cherché refuge dans le Sud.
Ces déplacements – plus d’un demi-million à travers le pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) – submergent les écoles locales, qui déclarent désormais ne plus pouvoir gérer l’afflux.
Malgré l’arrivée de milliers d’élèves potentiels, le lycée Philippe Guerrier des Cayes n’a pu en accepter que trente, selon un responsable.
Les autres sont en attente, car depuis le séisme du 14 août 2021, le lycée endommagé manque de bancs et les classes sont surchargées, avec souvent plus de 60 élèves, explique le responsable Jean Verra Charles.
L’école publique, opérant en double vacation, reçoit les enfants sous un abri temporaire fait de tôles. Parfois, ils sont quatre à partager des bancs conçus pour deux.
Ces déplacements […] submergent les écoles locales, qui déclarent désormais ne plus pouvoir gérer l’afflux.
La Grand’Anse a officiellement accueilli 3 870 nouveaux élèves en provenance de Port-au-Prince, dont 90 % au niveau fondamental, selon la direction départementale du Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle.
Le département était déjà confronté à des classes surpeuplées et à un déficit de bancs. Parmi un millier d’écoles, 50 à 60 % demandent des subventions et des cantines, rapporte à AyiboPost Marcel Jeanty, directeur départemental du MENFP.
Actuellement, le secteur est affecté par l’exode massif des enseignants. « Dans certaines écoles, un enseignant doit gérer deux classes simultanément », constate le cadre régional du MENFP.
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De plus, la plupart des nouveaux arrivants viennent «sans carnet, sans attestation, sans relevé de notes» de leurs écoles précédentes.
Les parents, fuyant la violence des gangs, ne parviennent souvent pas à se procurer le matériel scolaire essentiel, comme les livres ou les chaussures. «Certains me demandent de l’aide pour leurs enfants», dit Jeanty.
Dans certaines localités, les parents optent pour les écoles publiques, déjà très sollicitées.
La plupart des nouveaux arrivants viennent «sans carnet, sans attestation, sans relevé de notes» de leurs écoles précédentes.
À Limonade, seulement trois ou quatre écoles publiques sur treize fonctionnent adéquatement, selon un responsable du MENFP.
Les demandes d’aide de ces écoles vont persister jusqu’à la fin de l’année scolaire et continueront à la rentrée.
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Guybonce Bonnet, directeur du collège Éducatif Moderne aux Cayes, invite le MENFP à adresser les difficultés d’intégration des nouveaux élèves.
Des institutions comme le Collège Saint-Anne à Limonade font appel aux ONG. «Nous n’avons rien trouvé jusqu’à présent», se lamente Renan Petit-Frère, directeur administratif de cet établissement.
Les élèves requièrent un soutien psychosocial, souvent inexistant dans les écoles d’accueil. La surcharge rend l’enseignement plus ardu, constate Makenson Locan, enseignant expérimenté du département du Centre.
Certains élèves s’efforcent de s’adapter malgré leur traumatisme. Des initiatives d’accompagnement psychologique seront lancées par des établissements comme Saint-Viateur aux Gonaïves.
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Néanmoins, une hausse du taux d’échec est envisageable cette année, prévient Benoît Michel de l’inspection du Nord.
Par Lucnise Duquereste et Jabin Phontus
Image de couverture : Le Lycée Philippe Guerrier des Cayes bondé d’élèves, le 3 juin 2022. | © MENFP
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