POLITIQUE

Corruption, viol… 2 des membres de la nouvelle commission de Jovenel accusés par le passé

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Pour mener des discussions afin d’aboutir à une solution dite concertée de sortie de crise, Jovenel Moïse forme une nouvelle commission de sept personnes. Deux membres de ce groupe ont été accusés par le passé d’avoir commis des actes répréhensibles

Depuis bientôt un mois le pays traverse une crise sociopolitique sévère. Les écoles sont fermées, la plupart des stations à essence sont vides et beaucoup d’autres secteurs ne peuvent fonctionner. Dans plusieurs régions du pays, la population réclame la démission du président Jovenel Moïse.

Après son adresse à la nation le 24 septembre 2019, le Président Moïse a informé sur son compte Twitter : « J’ai sollicité les bons offices de Religions pour la Paix afin de faciliter les discussions avec les différents secteurs devant aboutir à un accord politique face à la crise. Elle a accepté. La Nation est heureuse de pouvoir ainsi compter sur ses filles et ses fils. »

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Plus tard, le 1er octobre dernier, « Religions pour la paix » a fait savoir qu’elle ne peut pas jouer le rôle de facilitateur dans le cadre du dialogue entre l’opposition et le pouvoir. Cette décision a été prise devant le refus catégorique de l’opposition à dialoguer avec le Gouvernement en place.

Jovenel Moïse joue une nouvelle carte

Jovenel Moise est quand même déterminé à trouver une « solution concertée de sortie de crise ». Il a choisi sept personnalités pour conduire les discussions devant concourir à l’atteinte de cet objectif. La liste a été rendue publique très tard dans la soirée du 8 octobre 2019.

Cette commission présidentielle est la quinzième sous la présidence de Jovenel Moïse. Elle regroupe Evans Paul, Colombe Émilie Jessy Menos, Josué Pierre-Louis, Renald Lubérice, Liné Sainphor Balthazar, Jude Charles Faustin, Jean Rodolphe Joazile, tous proches ou membres du pouvoir.

Evans Paul impliqué dans un scandale de corruption aux USA

Evans Paul a été un candidat malheureux à l’élection présidentielle en 2006. Il avait obtenu 2,5 % des voix, sous la bannière du Parti de l’alliance démocratique.

Le 25 décembre 2014, le président Michel Martelly l’a nommé Premier ministre. Il est, selon le vœu de Jovenel Moïse, l’un des membres de la Commission pour assurer la stabilité et l’État de droit en Haïti. Mais son nom est indexé dans une affaire de corruption devant un tribunal américain.

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Le 20 juin 2019, dans un tribunal fédéral du Massachusetts, un jury a rendu un verdict de culpabilité à l’encontre de l’ancien colonel haitiano-américain, Joseph Baptiste, aidé par Roger Richard Boncy dans une opération de conspiration.

Selon ce verdict, Joseph Baptiste a violé le Foreign Corrupt Practices Act. C’est une loi fédérale américaine de 1977 qui interdit à tout entrepreneur évoluant aux États-Unis de soudoyer des officiels de pays étrangers pour obtenir des contrats ou un traitement préférentiel dans des rapports avec des gouvernements étrangers.

Dans le verdict, on mentionne le nom de l’ancien Premier ministre Evans Paul, comme celui qui aurait été soudoyé par messieurs Baptiste et Boncy pour obtenir des faveurs de l’État haïtien. Le document précise que cet officiel étranger avait donné une lettre aux protagonistes du projet, leur donnant l’assurance que le gouvernement haïtien approuverait le projet. C’est un projet de construction d’un port et d’autres installations au Môle Saint-Nicolas.

Josué Pierre-Louis cité dans deux scandales judiciaires

Josué Pierre-Louis a travaillé comme secrétaire général de la Présidence d’Haïti auprès du président Michel Martelly. Cet ancien de l’École nationale d’administration française (Ena) a aussi dirigé le Conseil électoral permanent et a été, brièvement en 2011, ministre de la Justice. Son nom est cité dans deux scandales judiciaires.

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En novembre 2012, l’organisation féministe SOFA et l’organisme des droits humains RNDDH ont conjointement accusé Josué Pierre-Louis qui était le président provisoire du Conseil électoral permanent contesté. Il aurait contraint son assistante à avoir des rapports sexuels avec lui à domicile, après l’avoir violentée et humiliée.

En 2012, SOFA et le RNDDH accusent Josué Pierre-Louis d’avoir contraint son assistante à avoir des rapports sexuels avec lui à domicile, après l’avoir violentée et humiliée

La collaboratrice et sa famille auraient subi de très fortes pressions du tribunal pour renoncer à sa plainte. Elle l’a finalement retirée l’année suivante en signant une déclaration devant deux avocats. Elle déclarait renoncer « en toute liberté et sans contrainte aucune » à toute action et poursuite.

Josué Pierre-Louis, « persona non grata » en Belgique

En 2013, le gouvernement haïtien l’a nommé comme ambassadeur d’Haïti en Belgique. Jusqu’en janvier 2015, Josué Pierre-Louis n’avait toujours pas reçu l’agrément des autorités belges et européennes, un peu plus d’un an après sa nomination. Il n’a jamais été reconnu comme ambassadeur depuis qu’il est arrivé à Bruxelles en 2013.

En plus, M. Pierre-Louis aurait fait venir en France une compagne en séjour illégal. Cette accusation a suffi pour que les Affaires étrangères belges refusent de l’accréditer. Bruxelles a envoyé un courrier aux autorités haïtiennes pour demander qu’elles nomment un nouvel ambassadeur. C’était durant l’automne 2014.

Arrestation d’Arnel Bélizaire

Par ailleurs, en octobre 2011, le député Arnel Bélizaire a été arrêté. L’affaire a fait un scandale pour son caractère illégal, arbitraire et inconstitutionnel.

Le député a été arrêté sur la base d’un mandat d’arrêt qui ne prenait pas en compte son immunité parlementaire. Josué Pierre-Louis qui était à l’époque le ministre de la Justice s’est déresponsabilisé de ce dossier.

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Il a été informé de la démarche du commissaire du gouvernement dès le 19 octobre 2011 par la correspondance du commissaire du gouvernement de l’époque, Me Félix Léger, au président de la chambre des députés. Il a suivi l’affaire jusqu’à son dénouement le 27 octobre 2011.

Pourtant, il exerçait une tutelle sur le commissaire du gouvernement et était garant du bon fonctionnement du système judiciaire. Les performances positives ou peu recommandables d’un commissaire de gouvernement le concernent au premier chef.

Journaliste à Ayibopost. Je m'intéresse à la politique et à la culture.

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