CULTUREEN UNESOCIÉTÉ

Cohérence dans la bêtise

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Il y a tumulte. Confusion. Convulsion. Pour répondre à la diversion ou pour se trouver une occupation… Par principe personnel et parce qu’il ne sert à rien de renforcer la cacophonie triomphante, je me suis longtemps refusé de commenter les actualités, la plupart du temps, viles et monotones. Mais cette fois, il y a péril en la demeure. La passion s’active à porter le coup fatal à la raison et à la réflexion. Pour cause ? Une herbe qu’on croyait sauvage s’est vu élever au rang de Baobab ! À dire vrai, ce n’est pas la première fois que les occupants du territoire font face à ces surprises qui n’en sont pas vraiment. Je ne me laisserai pas séduire par la tentation d’ajouter une épithète à ces « surprises ». Je réaffirme qu’elles n’en sont pas !

J’accepte qu’on me reproche de me répéter mais tant que la leçon n’aura pas été apprise, je ne me lasserai pas. J’ai dit et je l’assume encore : Tout le SOIN doit être porté dans le choix de la semence. Si la semence est de mauvaise qualité, quelle que puisse être la générosité du sol, le fruit sera médiocre. Quand la merde a été déposée, la majorité ne se sentait pas concernée parce que c’était dans la cour du voisin. Cela a même constitué un élément de distinction! C’est le propre des sociétés pourries de mesurer le bonheur à l’aune du malheur de l’autre. Nous n’anticipons pas les conséquences en analysant les causes. C’est un exercice trop difficile. Nous avons la réflexion en horreur. Et le type dont je me garderai de citer le nom en a profité. Il devait vivre ! Et s’il s’est rendu compte que la qualité n’avait pas la cote, que l’excellence était sévèrement sanctionnée et que nous ne comprenons que par le bas. Il a alors servi nos instincts inférieurs. Du plus petit au plus grand, dans l’insalubrité des bidonvilles comme dans les salons, nous nous en sommes donnés à cœur-joie. Maintenant, sans prêcher la cohérence dans la bêtise, sans conseiller la fidélité dans la médiocrité, nous devons nous regarder dans un miroir et nous demander : Qui sommes-nous ?

Que les choses soient claires, le type n’est pas un génie. Il n’est pas inspiré. Tout ce qu’il a su faire c’est de nous présenter le constat de son milieu dans toute sa laideur et toute sa précarité. Ce n’est pas lui qu’il faut rejeter avec son message. C’est la réalité qui le nourrit qui doit être adressée. Et là, je m’adresse aux élites. Les vraies. Celles qui ne s’adonnent pas au sensationnalisme, aux idées-rabais, au nivellement par le bas et aux messages-égouts. Tant qu’on n’arrête pas d’organiser des spectacles à 100 dollars dans un pays dont le PIB per capita est de 819,90 dollars ; tant qu’on attend que nos meilleurs artistes soient récupérés par les étrangers avant de les valoriser, tant que nos talents ne bénéficient de formations de qualité pour développer et discipliner leur potentiel, tant que les droits d’auteur ne sont pas respectés, tant que nous n’entendons pas la culture dans sa meilleure acception, nous allons continuer à boire ces coupes jusqu’à la lie.

Nous n’avons pas toujours été ce peuple complice, lâche et idiot. Aujourd’hui nous n’inspirons que mépris et pitié. Les parlementaires ne foutent rien et bouffent nos sueurs et nos sangs, nous en faisons des blagues. Les hôpitaux publics ne fonctionnent pas depuis 3 mois, et nous nous complaisons dans des absurdités les unes plus bêtes que les autres. Avant hier, c’était Messi, hier c’était Irven Randle, aujourd’hui Kevin Durant. Puis….la saison cyclonique…..puis la prochaine grogne contre les conséquences.

Ces comportements immatures justifient, dans une certaine mesure, ceux qui désespèrent, abandonnent et partent. Objectivement, nous sommes foutus. Et c’est là qu’interviennent les élus, les héros, les faiseurs d’impossible. Ceux qui ne marchent pas seulement selon la vue mais avec la foi. Peut-être pas la foi en ce peuple mais en l’intentionnalité harmonisante de l’univers. Selon cette loi immuable et éternelle qui veut que la lumière succède à l’obscurité. Il fera jour !

Dr Valéry Moise

Image: Scott Nelson/NY Times

Valéry Moise, est un jeune Médecin très impliqué dans la société civile. Il est également Président de Diagnostik Group, une organisation à but non lucratif oeuvrant dans les domaines d'éducation sanitaire, de promotion des Droits de l'enfant, d'éco-responsabilité et du développement durable. Valéry détient un double certificat en Droit de l'Enfant de l'Université de Moncton. Il est Ambassadeur de la francophonie des Amériques, Député au Parlement Francophone des Jeunes des Amériques, Mondoblogueur et Représentant Jeunesse au sein de l'Association Francophone de Défense des Droits de l'Enfant.

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