Au départ, j’écoutais mon orgueil faisant corps avec ma timidité pour ne pas prendre ce chemin. Je me disais toujours que demander pardon était une forme de lâcheté, et ceci, surtout pour un homme; mais heureusement, mes idées se font toujours un peu plus claires autour d’une bière. C’est une fidèle compagne qui me conseille, me réconforte et qui me fait comprendre que je dois à tout prix reconnaître mes erreurs. Et donc, aujourd’hui, enfin, j’ai pris la décision de tout simplement m’adresser à toi, oui celle à qui j’ai fait beaucoup de mal.
Eh oui… je t’ai fait du mal, je l’admets. Et je me sens si coupable en mon for intérieur qu’à chaque fois j’ai comme l’impression que je suis en liberté conditionnelle… comme après avoir commis un crime. Je suis malade à l’idée d‘imaginer comment ta famille te voit après cette relation, comment tu gères cette déception quand tu rencontres mes sœurs et particulièrement ma mère.
Léonne, je me souviens de la première fois que je t’ai vu : tu te rendais à l’école St Pierre Claver, dans la belle cité de l’indépendance, aux Gonaives. Tu marchais sur la pointe des pieds, fière, innocente et ton sourire brillait. Quelques années plus tard, on s’est revu en « préfac », malheureusement c’était quelques mois après les funérailles de ta grand-mère. Le courant passait entre nous mais tu étais tellement maligne que cela me prit environ deux ans avant de conquérir enfin ton cœur.
Je n’avais pas l’entière bénédiction de tes parents mais malgré tout, tu t’étais laissée aller. Je me rappelle que le séisme du 12 janvier 2010 nous trouva ensemble. Ce fut ce jour même qu’officiellement, tu m’as répondu oui, un oui décidé et ferme malgré le chaos autour de nous. Ce jour-là, nous avions frôlé la mort, entrelacés au beau milieu de la ruelle où j’habitais tout en regardant les maisons et les murs s’écrouler autour de nous. Mais, merde! Qu’est-ce qui m’est arrivé? J’ai tout gâché, j’ai tout foutu en l’air. Je n’ai pas réalisé la valeur d’une femme de ton calibre, une femme qui se respecte et qui travaille dur pour se tailler une place dans cette vie.
Je me comportais en gendarme comme si t’avoir pour acquis était la seule et unique chose que je voulais. Mais maintenant, je crois qu’il est temps pour moi de m’épancher vers toi, de te demander pardon.
Je te demande de me pardonner Léonne !
Je te demande de me pardonner pour tout ce que je t’ai fait endurer.
Je te demande de me pardonner pour tes souffrances, tes amertumes, tes déceptions.
Tu fais toujours semblant que tout va bien mais ne t’en fais pas je te connais. Je sais que tu vas mal et je voudrais tellement sécher tes larmes. Mon cœur ne veut plus fonctionner à moitié, j’ai changé. Je te jure que je sais maintenant à quel point une perle comme toi mérite d’être choyée, aimée, valorisée. Je ne te flatte pas mais je dis seulement ce que mes yeux et mon cœur ont pris tant de temps pour voir et comprendre.
Lawouze fin taye banda, li fe anpil dega se komsi mwen te lekol lanmou. Mwen tonbe mwen leve. Kounyea mwen vle soley leve yon fwa anko nan kem ak nan nanm mwen. J’ai un peu peur que tu me dises qu’il est trop tard. Ta personnalité m’a transcendé et je m’incline devant ton intelligence et ta simplicité. J’avoue tristement que je réalise t’avoir blessé. J’avoue aussi que j’ai payé au prix fort les malheurs que je t’ai causé et crois-moi : obtenir ton pardon, aujourd’hui, me soulagerait la conscience.
Je garde encore l’espoir de dire nous mais je n’ose encore te le confesser clairement mais je travaille pour que mes mots ne sonnent pas faux, le jour où mon courage ne me fera pas défaut.
Peresto.
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