Il y avait ce bruit assourdissant qui constituait, depuis l’avènement de la nouvelle démocratie, une forme d’incitation à l’achat. Ce
W’ap achte mesye ? Me demanda une voix teintée d’innocence. Je me suis alors tourné vers l’
Elle me rétorqua alors « Achte kanmenm, menm si w pa bezwen l, ou sanble gen mwayen e m’ anvi retounen lakay mwen ». Je ne me suis pas fait supplier, je suis revenu à la maison, j’ai tiré un billet de mon portefeuille et j’ai acheté ses sucreries que j’allais distribuer à certains jeunes du quartier. La
Cette rencontre m’avait particulièrement bouleversé. Outre mes préoccupations par rapport au
Alerté par quelques cicatrices sur sa peau, je me suis alors permis de creuser un peu plus sur ses conditions de vie. Sans surprise, mais avec la mort dans l’âme, j’ai appris qu’elle est régulièrement battue par la tante qui est censée assurer sa garde. Son père n’est qu’un géniteur et sa mère vit à
Quand elle a la maladresse de profiter des 4h du matin dans ce qui lui tient lieu de lit, elle est sévèrement réprimandée et battue. Lorsque la préparation des bonbons laisse du sucre sur le sol, c’est sa responsabilité singulière de s’en débarrasser. Elle est soumise aux traitements les plus amers pour assurer la durabilité de cette entreprise de sucrerie. Ne pas réussir à vendre complètement sa marchandise équivaut à une séance de bastonnade dont l’intensité varie d’atroce à innommable. Voilà à quelle existence macabre est livrée une fille de la république régénératrice de la liberté des noirs d’Amérique !
À travers la narration de ce drame, je ne tiens surtout pas à souligner la méchanceté de la tante, ni même l’irresponsabilité et la négligence fortement condamnable de la mère, qui n’insiste jamais pour parler directement à sa fille. Je suis plutôt abasourdi par cette jeune vie gâchée, cette potentielle étoile tuée dans sa période de gestation, ce cycle de violence qu’on installe dans ce cœur pourtant bouillonnant d’innocence. Je crains que 10 ans plus tard, cette fille devenant mère, n’inflige à sa progéniture le même traitement dont elle a été victime. Elle aura donné ce qu’elle avait reçu ! Toute son enfance, elle a été traitée en canard, n’attendons pas qu’elle se comporte en poisson face aux vagues de la vie. Mon cœur se froisse à l’idée que cette maltraitance, cette
Je n’appelle pas à la responsabilité de l’État, je n’appelle pas non plus à la vocation de l’Église et de la famille, encore moins à l’engagement de la société civile, j’appelle seulement à la conscience humaine, s’il en existe encore !
Dr Valéry Moise, lyvera7@yahoo.fr
Image: Chevellin Pierre
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