AYIBOFANMFREE WRITING

À cet homme qui m’a laissé sèche et ennuyée

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A voir ces deux qui se battent pour un homme et qui négocient à l’amiable un partage qui finalement n’aura pas lieu, je me suis faite plein d’illusions concernant les hommes. J’ai cru qu’ils étaient bien rôdés et que l’on devait s’apprêter à les ronger comme un délicieux fromage français. Puis vous savez, j’ai connu l’amour, le grand, le vrai. Celui où mon cœur battait la chamade. Celui ou mon corps frissonnait seulement en pensant à lui. Celui où ma féminité tressautait rien qu’en fermant les yeux, ou qu’il me regardait comme lui seul en avait le droit. Mais la vie ne m’avait offert qu’un contrat d’intérim ! Mon prince s’en est allé un beau matin, le souffle enlevé par des malfrats….et me voilà depuis des lustres à fredonner en personnalisant le merveilleux « Qui » de Charles Aznavour : «  Qui surprenant mon corps, deviendra mon maitre »… « qui prendra la relève pour combler mes rêves » car pour mon malheur j’ai toujours été une femme sensuelle, sensualité que la quarantaine approchante fait monter au créneau.

La vie n’a jamais été juste. Ça je l’ai toujours su… Les cadeaux, elle en fait rarement. Mais les cadeaux empoisonnés elle aurait pu laisser ça à la marâtre de Blanche- neige. Et puis, il y a bien sur les châteaux de sable qui s’écroulent et qui ne font pas trop de bien à la santé mentale. Quand après l’Agape je reçois la bouffe carcérale, je comprends rapidement qu’il faut quitter la table.

Je n’ai pas rêvé de trouver l’homme parfait…ou plutôt mieux faut dire plus, car j’ai vécu dans un petit coin paradisiaque comme je vous le disais. Mais je n’ai pas non plus souhaité l’enfer. Car un mauvais amant c’est bruler dans les feux de la géhenne d’un désir qui ne s’éteint jamais sous des doigts experts. Pitié, ne m’acculez pas de mon mauvais choix ! Vous seriez tombés dans le même piège que moi… ce corps qui exprime une masculinité d’un semi dieu grec, des conversations exquises et une amitié qui traine depuis la fin de l’adolescence. Comment pourrais-je savoir que les dames ne repassaient pas deux fois dans son lit (j’avoue que c’est une conclusion personnelle…car j’y ai bien été trois fois… Allez, il fallait bien confirmer que le pauvre n’avait aucune habileté technique et qu’en face son humanité faisait défaut).

Le réveil fut brutal. Qui ne sait pas embrasser en plein 21ème siècle où l’on peut facilement trouver une application pour ça ? Qui n’a pas un ami homme pour lui expliquer que la féminité d’une femme est plus qu’un morceau de haillon qu’on chiffonne espérant le faire bourgeonner et préparer cette femme à la rencontre fusionnelle ? Quel homme est encore assez maladroit pour n’avoir qu’un refrain « Ouvre tes jambes, ouvre tes jambes » sans que cette phrase ne lui indique que quelque chose ne tourne pas rond car quand c’est bon les jambes d’une femme indiquent souvent qu’il est 9h15 et ce, sans se faire prier.

Si le problème n’était que sexuel, l’on comprendrait que je dirais que l’espoir fait vivre….mais ceci n’est que la pointe de l’iceberg. Car un homme qui apparente une femme à une machine est certainement un ego-narcissique. Un homme qui ne se préoccupe que de sa petite personne – drapo m monte fò m desann li – et tous les moyens sont bons !

Et  là, devant sa nullité je m’en prendrais volontiers à celles qui sont passées avant moi….Mais pourquoi vous ne lui avez pas dit qu’il était nul, pourquoi lui avez-vous laissé croire qu’il avait en lui-même une once de passion. Pourquoi ne lui aviez-vous jamais dit que lorsqu’il ne faisait que parler de sa personne et de ses relations politiques, il vous rabâchait les oreilles…Pourquoi ? Pourquoi ? Non non, je ne suis pas aussi coupable que vous, j’ai tenté…j’ai peut- être été maladroite puisque je mettais le blâme sur moi… « tu sais je suis une femme qui prend son temps »… « la prochaine fois pourrait-on se focaliser plus sur moi »…Fallait bien car pourrait-on lancer au visage d’un quasi quinquagénaire que ce qu’il a fait toute sa vie s’apparentait à un fiasco…et puis on m’a toujours dit qu’on ne heurte pas la virilité d’un homme. Me voyez-vous lui sortir de ma manière assez cavalière quand j’ai un ras-le-bol « Ecoute, j’en ai marre de t’entendre me répéter les mêmes choses… il .y a plus dans le monde que toi ou ton travail » ? Je suis une personne à part entière j’ai des rêves des passions que je peux aussi partager….je t’entends parler mais j’ai arrêté de t’écouter parce que le CD est bloqué sur replay. Et puis tu sais, il faudrait que tu prennes rendez-vous avec un gynécologue afin que tu comprennes comment fonctionne le corps d’une femme. J’espère que ce gynéco bon samaritain sera explicite et très graphique pour t’expliquer toutes les bévues que tu commets.

Mais comme les autres je me suis tue. Peut-être parce que sur le plan humain je ne le pense pas récupérable. Vous comprenez que je suis sortie de mes gonds quand le goujat m’a sorti que comme l’agrafe de ma robe était détachée il en déduisait que je voulais une partie de jambes en l’air. Vous imaginez confondre une agrafe à des préliminaires? Cet extra-terrestre, je le laisse à ses semblables… Mais dites, croyez-vous que certaines femmes accepteraient de vivre ce martyre ? sewously ? Le contenant n’en valant pas la peine, il est de meilleur ton que je cherche d’autres doigts appartenant à un terrien sexualisé qui sauront me conduire vers les étoiles…

De toute façon je suis redevable à ce côté ego-narcissique de sa personnalité qui a tiré la sonnette d’alarme. Quel malheur aurait-ce été si, vivant dans mes anciennes valeurs, je m’étais engagée et liée sans d’abord essayer le produit. Aujourd’hui les yeux grands ouverts, je me lance à l’assaut du monde. Et je me résigne. Il faut bien que j’abandonne le navire au premier coup raté parce que d’un naufrage on ne revient souvent pas.

Allez, je jette l’éponge une fois pour toute et sur la pierre tombale je ferai graver. Hécatombe d’une féminité sacrifiée 4 novembre 2016- 9 octobre 2017, et lot de désillusions effacées…

Parole d’une femme déçue

Irvika François

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