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Le système de taxation juteux des bandits à Carrefour

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À Carrefour, tout se paie, selon les témoignages recueillis par AyiboPost auprès des résidents

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L’État n’existe presque plus à Carrefour, mais les citoyens croulent sous les taxes.

Les deux principales stations de police de la commune de plus d’un demi-million d’habitants ne fonctionnent pas depuis plusieurs mois.

La Direction générale des impôts (DGI) et le service du tribunal offrent des services par intermittence.

Les bandits contrôlent la zone, et la mairie arrive difficilement à collecter des impôts locatifs, se plaint à AyiboPost la mairesse adjointe Darline Joseph.

Cependant, les bandits parviennent à installer un système de rançon juteux.

À Carrefour, tout se paie, selon les témoignages recueillis par AyiboPost auprès des résidents.

Les entreprises, boutiques, et marchands versent aux bandits des frais de fonctionnement.

Les gangs opèrent des postes de péage sur la route nationale, au niveau de Fontamara, à Truitier et à Mariani.

Ils ont aussi installé à l’intérieur de la commune des points fixes dans presque chaque zone, ainsi que des postes de péage pour rançonner les motards, les conducteurs de véhicules, et les commerçants.

L’État n’existe presque plus à Carrefour, mais les citoyens croulent sous les taxes.

Il y a deux semaines, plusieurs quartiers de Carrefour, notamment Brochette, étaient en pénurie d’eau.

Une source d’AyiboPost dans la zone révèle que les gangs avaient pris le contrôle des vannes d’alimentation.

La mairesse Darline Joseph confirme ces faits à AyiboPost sans donner plus de détails.

Lire aussi : Acculés par les bandits, de nombreux chauffeurs lâchent le secteur

La prise en otage de Carrefour s’est faite progressivement.

En février 2024, des localités de la section communale de Thor et de Rivière-Froide, telles que Bertin, Demichel, Lagrenade, Tisous, Rivière-Froide, Source Corossol, etc., sont envahies par des civils armés.

Mais la flambée de violences remonte au moins à 2023.

Début novembre de cette année, le quartier de Mariani est vidé de ses résidents en marge des attaques de bandits armés.

Ces derniers ont tué des citoyens, pillé des magasins et incendié des biens. Au moins 507 ménages comprenant 2 487 individus ont dû s’enfuir à cause des violences, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

En février dernier, les bandits envahissent des localités de la section communale de Thor et de Rivière-Froide.

Les habitants comme Joseph pâtissent de la violence.

Pour rentrer chez lui à Source Corossol, l’homme doit traverser quatre à cinq stations de péage de gangsters.

Les entreprises, boutiques, et marchands versent aux bandits des frais de fonctionnement.

Les citoyens propriétaires de maisons ne peuvent pas s’enfuir de Carrefour, sous peine de retrouver leurs maisons pillées à leur retour, ou de devoir payer pour y avoir accès.

Joseph en a fait l’expérience en mars 2024. Avec sa femme, l’homme a quitté sa maison à cause des tensions. Mais à son retour quelques jours plus tard, les bandits ont exigé 10 000 gourdes pour lui permettre d’accéder à la propriété. Joseph s’est exécuté. Il dit n’avoir « nulle part où aller ».

Selon plusieurs témoins, les bandits apposent une note sur les maisons vacantes. Cette note contient le nom du gang en question et un numéro de contact en cas d’éventuel retour, pour acquitter les frais exigés.

« Ces jours-ci, la tendance change », remarque Joseph à AyiboPost. « Si l’on constate l’absence d’un résident de son domicile, il est pillé tout simplement ! »

Les bandits exigent aussi un paiement pour les déménagements, selon des résidents de Carrefour.

À Brochette, par exemple, le prix est fixé selon le type de déplacement. Celui qui s’en va avec une valise paie moins qu’un autre citoyen plus chargé.

Si l’on constate l’absence d’un résident de son domicile, il est pillé tout simplement !

– Joseph

Les bandits perturbent presque toutes les activités commerciales.

Beaucoup de commerçants ont abandonné les trois importants marchés de la commune, soit « Mache Divalye » à Truitier, « Mache Dèyè pòs » à Brochette, et « Mache Dekatis » à Mahotière, selon le constat d’un résident de Carrefour installé dans la commune depuis 2017.

Le résident souhaite garder l’anonymat pour éviter les représailles.

Ceux qui s’aventurent dans ces espaces d’échanges commerciaux se retrouvent victimes du rançonnage des bandits.

Les prix varient selon la dimension de l’étal.

À « Mache Dèyè Pòs », les paiements vont de 200 à 250 gourdes par jour pour les plus petits étalages, jusqu’à 5 000 gourdes ou 2 500 gourdes, selon une source d’AyiboPost.

Des entrepreneurs, comme Génois Sergot à Brochette, disent accumuler les déficits.

L’homme possède un dépôt de provisions alimentaire.

« Avant, je pouvais gagner près de 300 000 gourdes par mois », dit-il. Aujourd’hui, continue Sergot, « je peux à peine subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille ».

Par Lucnise Duquereste

Image de couverture éditée par AyiboPost illustrant une station de bus faisant le trajet de Portail Léogane à Carrefour. Photo originale de Jean Feguens Regala/AyiboPost.


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Journaliste à AyiboPost depuis mars 2023, Duquereste est étudiante finissante en communication sociale à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH).

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